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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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jeune.
    Mr Bell, qui devinait un peu ce qui se passait dans l’esprit
de Margaret, eut la bonté et la sagesse de garder le silence. Ils s’arrêtèrent devant
le Lennard Arms, moitié auberge, moitié ferme, qui se dressait un peu à l’écart
de la route, comme pour signifier que le propriétaire n’avait pas besoin de la clientèle
des voyageurs au point de la rechercher en se faisant remarquer ; et qu’au
contraire, c’était plutôt à eux de venir à lui. La maison donnait sur le pré communal
et devant elle s’élevait un tilleul immémorial au tronc entouré d’un banc, dont
les feuilles luxuriantes abritaient le vieil écusson austère des Lennard. La porte
de l’auberge était grande ouverte, mais on ne fit pas assaut d’hospitalité pour
accueillir les voyageurs. La patronne tarda tant à arriver qu’ils auraient eu le
temps de voler de nombreux objets dans la pièce. Elle les reçut gracieusement, presque
comme des invités, et s’excusa de les avoir fait attendre, mais, dit-elle, c’était
la fenaison et il fallait envoyer aux champs le repas pour les hommes, si bien qu’occupée
à préparer les paniers, elle n’avait pas entendu le bruit des roues sur le chemin
qui, après la grand-route, était recouvert d’herbe rase et douce.
    — Mais par exemple ! s’exclama-t-elle lorsqu’elle eut
fini de s’excuser, et qu’un rayon de lumière éclaira le visage de Margaret, jusqu’alors
dissimulé par la pénombre de la pièce. Ma parole, mais c’est Miss Hale !
Jenny, cria-t-elle en se précipitant à la porte pour appeler sa fille, viens ici
tout de suite, c’est Miss Hale !
    Puis elle se tourna vers Margaret et lui serra les mains avec
une affection toute maternelle.
    — Comment allez-vous tous ? Comment va le pasteur ?
Et Miss Dixon ? Mais surtout le pasteur ! Que Dieu le bénisse !
On ne s’est jamais consolés de son départ.
    Margaret voulut parler pour lui apprendre la mort de son père ;
de celle de sa mère, il était évident que Mrs Purkis était au courant, car
elle n’avait pas mentionné son nom. Mais l’effort était trop grand pour elle ;
elle se borna à montrer sa robe de deuil et à dire un seul mot : « Papa ! »
    — C’est pas Dieu possible ! s’écria Mrs Purkis
en se tournant vers Mr Bell comme pour lui demander confirmation du triste
soupçon qui lui venait à l’esprit. Au printemps dernier – c’était peut-être bien
encore en hiver – on a vu ici un monsieur qui nous a beaucoup parlé de Mr Hale
et de Miss Margaret. Il nous a appris que Mrs Hale était partie, la pauvre.
Mais il n’a pas dit que le pasteur était malade.
    — C’est pourtant vrai, dit Mr Bell. Il est mort subitement,
pendant qu’il était chez moi à Oxford. C’était un honnête homme, Mrs Purkis,
et plus d’un parmi nous souhaiterait avoir une fin aussi paisible que la sienne.
Allons, ma petite Margaret ! Son père était mon plus vieil ami, et elle est
ma filleule. Nous avons donc voulu revenir ici ensemble pour revoir Helstone. Je
sais par expérience que vous pouvez nous donner des chambres confortables et un
excellent repas. Vous ne vous souvenez pas de moi, je le vois bien, mais je m’appelle
Bell et une ou deux fois, lorsqu’il n’y avait plus de place au presbytère, j’ai
couché ici et goûté votre excellente bière.
    — Bien sûr, bien sûr, je vous demande pardon ; mais
c’est que je ne faisais attention qu’à Miss Hale. Venez, Miss Margaret,
je vais vous conduire à une chambre où vous pourrez ôter votre chapeau et vous rafraîchir
le visage. Ce matin même, j’ai mis des roses la tête en bas dans le pot à eau en
me disant, il y aura peut-être quelqu’un qui viendra, et rien n’est si agréable
que de l’eau de source parfumée avec une ou deux roses musquées. Quand je pense
que le pasteur est mort ! Ah, pour sûr, on doit tous mourir, mais le monsieur
avait dit qu’il commençait à se remettre du chagrin que lui avait causé la mort
de sa femme.
    — Quand vous vous serez occupée de Margaret, Mrs Purkis,
puis-je vous demander de redescendre me voir ? Je veux vous consulter à propos
du déjeuner.
    La petite fenêtre à deux battants de la chambre de Margaret était
à demi masquée par les roses et les branches de vigne vierge ; mais en les
écartant et en se penchant un peu au dehors, elle aperçut le haut des cheminées
du presbytère au-dessus des arbres, et distingua à travers les feuilles de

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