Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
Vom Netzwerk:
« c’était assurément très cruel et qu’elle n’aimerait pas le faire
elle-même, mais qu’il n’y avait rien de tel pour s’assurer qu’un vœu soit exaucé.
Elle l’avait entendu dire toute sa vie. N’empêche que c’était bien cruel ».
Margaret dut abandonner la partie et s’en alla, totalement écœurée.
    — Vous êtes une bonne fille de ne pas chanter victoire sur
moi, dit Mr Bell.
    — Comment cela ? Que voulez-vous dire ?
    — Je reconnais que je me suis trompé quand je parlais de
l’éducation. Tout vaut mieux que de voir cette enfant élevée dans un tel pragmatisme
païen.
    — Oh, je me rappelle. Pauvre petite Susan ! Il faut
que j’aille la voir. Cela vous ennuie-t-il que nous passions par l’école ?
    — Pas le moins du monde. Je suis curieux de découvrir le
genre d’éducation qu’elle y reçoit.
    Ils ne parlèrent plus guère, mais poursuivirent leur chemin,
traversant de nombreux vallons boisés, dont la paix verdoyante ne parvint pas à
dissiper le chagrin et la douleur qu’avait causés à Margaret le récit de ces cruelles
pratiques ; un récit qui, de plus, prouvait un manque total d’imagination,
et donc de pitié pour les souffrances delà pauvre bête.
    Un murmure, tel le bourdonnement d’une ruche humaine, se fit
entendre dès qu’ils sortirent de la forêt et débouchèrent sur le pré communal où
était située l’école. La porte étant grande ouverte, ils entrèrent. Une dame alerte,
vêtue de noir, qui semblait se trouver partout à la fois, les aperçut et leur souhaita
la bienvenue avec cet air de maîtresse de maison que Margaret se rappelait avoir
vu prendre à sa mère, encore que d’une façon plus douce et languissante, quand de
rares visiteurs s’égaraient par là et souhaitaient visiter l’école. Elle comprit
aussitôt qu’elle avait affaire à la femme de l’actuel pasteur, qui avait succédé
à sa mère à l’école. Elle eût volontiers évité l’entrevue si cela avait été possible ;
mais elle domina aussitôt ce sentiment et s’avança avec modestie, rencontrant de
nombreux regards ravis de la reconnaître, assortis de nombreux murmures étouffés :
« C’est Miss Hale ! » La femme du pasteur entendit son nom et
ses manières devinrent aussitôt plus aimables. Margaret aurait aimé ne pas constater
qu’elles devenaient aussi plus condescendantes. La dame tendit une main à
Mr Bell en disant :
    — Votre père, je présume, Miss Hale. Cela se voit à
la ressemblance. Je suis bien aise de vous rencontrer, monsieur, et je suis certaine
que le pasteur le sera également.
    Margaret expliqua que Mr Bell n’était pas son père et bégaya
quelques phrases pour expliquer que celui-ci était mort, tout en se demandant comment
Mr Hale aurait supporté de revoir Helstone si les choses étaient telles que
le laissait supposer la femme du pasteur. Elle n’entendit rien de ce que disait
cette dernière, et laissa à Mr Bell le soin de répondre en cherchant du regard
autour d’elle ses vieilles connaissances.
    — Ah ! je vois que vous aimeriez faire la classe,
Miss Hale. Je me mets à votre place. Que la première classe se lève pour une
leçon d’analyse grammaticale avec Miss Hale.
    La pauvre Margaret, dont la visite était sentimentale et qui
ne souhaitait en aucun cas inspecter, se sentit prise au piège. Mais comme c’était
une façon de reprendre contact avec les petits visages attentifs et curieux, autrefois
familiers, et qui avaient reçu le sacrement solennel du baptême des mains de son
père, elle s’assit, très absorbée à détecter les changements qui s’étaient produits
chez les filles, et prit un instant la main de Susan à l’insu de tous tandis que
les autres élèves étaient occupées à chercher leurs livres, et que la femme du pasteur
entreprenait Mr Bell – en tout bien tout honneur – sur le système phonétique et
la conversation qu’elle avait eue à ce sujet avec l’inspecteur.
    Margaret se pencha sur son livre et s’y absorba entièrement.
En entendant le bourdonnement des voix d’enfants, le passé lui revint en mémoire
et ses yeux se remplirent de larmes, lorsque tout à coup, l’une des élèves trébucha
sur le mot apparemment simple : « un », ne sachant comment le caractériser.
    — Un, article indéfini, dit Margaret d’une voix douce.
    — Je vous demande pardon, intervint la femme du pasteur,
qui ne perdait pas une miette de ce qui se passait,

Weitere Kostenlose Bücher