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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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fille
comme cela me ferait tourner la tête. Mais il est trop tard maintenant. Tiens, me
voilà chez les Archer. » Là-dessus, il sauta à terre, rassemblant tous ses
esprits, sa sagesse, sa compassion et son expérience, prêt à répondre aux attentes
de cette famille comme s’il n’en existait aucune autre au monde.
    Entre-temps, Margaret se rendit quelques instants dans le bureau
de son père afin de puiser le courage nécessaire pour retourner voir sa mère au
premier.
    « Oh, mon Dieu, mon Dieu ! Quelle épreuve terrible !
Comment vais-je pouvoir la supporter ? Une maladie mortelle ! Aucun espoir.
Oh, maman, maman, combien je regrette d’avoir passé auprès de ma tante toutes ces
précieuses années, loin de vous ! Pauvre maman ! Elle a été si stoïque.
Oh mon Dieu, je vous en supplie, faites que ses souffrances ne soient pas trop vives,
trop terribles. Comment supporterai-je de la voir souffrir ? Comment supporterai-je
l’affliction de papa ? Il ne faut rien lui dire pour le moment ; et il
ne faut pas tout lui annoncer d’un seul coup. Cela le tuerait. Mais je ne veux pas
perdre un instant de plus loin de ma mère chérie et adorée. »
    Elle monta l’escalier en courant. Dixon n’était pas là.
Mrs Hale, confortablement installée dans une bergère, était enveloppée dans
un châle blanc en laine légère, coiffée d’un bonnet seyant mis tout exprès pour
la visite du médecin. Elle avait de légères couleurs et l’épuisement consécutif
à ladite visite lui donnait un air paisible. Margaret fut surprise de la trouver
si calme.
    — Tiens, Margaret, tu en as un drôle d’air ! Qu’y a-t-il ?
    Puis, comme elle commençait à se douter de ce qui s’était vraiment
passé, elle ajouta, d’un ton un peu mécontent :
    — Tu n’as pas vu le docteur Donaldson ? Tu ne lui as
pas posé de questions, au moins, dis-moi, ma petite fille ?
    Margaret né répondit pas, et se borna à regarder sa mère d’un
air pensif. Le mécontentement de Mrs Hale se fit plus vif :
    — Il n’aurait tout de même pas manqué à la promesse qu’il
m’a faite et...
    — Oh, si maman ! C’est moi qui l’y ai forcé. C’est
moi, moi que vous devez blâmer.
    Elle s’agenouilla à côté de sa mère et lui prit la main.
Mrs Hale essaya de la lui retirer, mais en vain. Margaret l’embrassa, la baigna
de larmes chaudes.
    — Margaret, tu n’aurais pas dû. Ce n’est pas bien. Tu savais
que je ne voulais pas que tu sois prévenue.
    Mais bientôt, comme si elle était fatiguée à force de résister,
elle abandonna sa main à l’étreinte de Margaret et finit par serrer doucement la
sienne. Ce geste encouragea sa fille à parler.
    — Oh, maman, laissez-moi vous soigner. J’apprendrai tout
ce que Dixon pourra m’apprendre. Mais vous savez que je suis votre fille et j’estime
avoir le droit de tout faire pour vous.
    — Tu ne sais pas ce dont tu parles, dit Mrs Hale en
frissonnant.
    — Oh, si. J’en sais beaucoup plus que vous ne le croyez.
Laissez-moi être votre infirmière. Laissez-moi essayer, au moins. Personne n’a jamais
fait ni ne fera autant d’efforts que moi ! Cela sera un tel réconfort, maman !
    — Ma pauvre petite ! Eh bien, soit, tu essaieras. Sais-tu,
Margaret, que Dixon et moi avions cru que si tu étais au courant, tu me fuirais...
    — Dixon a cru une chose pareille ! s’exclama Margaret,
dont la lèvre se retroussa. Ainsi Dixon ne me croyait pas capable d’amour véritable,
d’autant d’amour qu’elle en a pour vous ! Sans doute me prenait-elle pour une
de ces faibles créatures qui aiment s’allonger sur des matelas de roses et se faire
éventer toute la journée. Que les idées fausses de Dixon ne viennent plus s’interposer
entre vous et moi, maman, je vous en prie ! implora Margaret.
    — Ne sois pas fâchée contre Dixon, répliqua Mrs Hale,
inquiète.
    Margaret se ressaisit.
    — Non, je vous promets. J’essaierai d’être humble et d’apprendre
à faire les choses comme elle, pourvu que vous me laissiez prendre soin de vous
de mon mieux. Laissez-moi la première place, maman, j’en ai tellement envie. Autrefois,
je m’imaginais que vous alliez m’oublier pendant que j’étais chez ma tante, et le
soir, je m’endormais en pleurant à cette idée.
    — Eh bien moi, je me demandais : « Comment Margaret
va-t-elle supporter notre installation de fortune et notre pauvreté, après le luxe
et le confort parfaits de Harley

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