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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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recommencer, sinon moi aussi je vais
pleurer, protesta Dixon d’un ton plaintif. Si vous continuez comme ça, vous ne serez
jamais capable de supporter les questions que vous posera votre père quand il rentrera.
Allez donc vous promener et revenez avec meilleure figure. J’ai plus d’une fois
eu envie d’aller marcher pour oublier tout ça, sa maladie et la façon dont ça doit
finir.
    — Oh, Dixon ! dit Margaret, j’ai été souvent tellement
en colère contre vous, car je ne savais pas quel terrible secret vous aviez à porter !
    — Dieu vous bénisse, ma petite fille ! j’aime vous
voir faire preuve d’un peu de caractère. C’est le bon vieux sang des Beresford.
Vous savez, l’avant-avant-dernier Mr John a tiré sur son intendant à bout portant,
parce que l’homme lui disait qu’il pressurait ses métayers, et le fait est qu’il
les pressurait si bien qu’à force, il ne trouvait plus rien à tondre chez eux, pas
plus que de la laine sur un œuf.
    — Dixon, je vous promets de ne pas vous tirer dessus, et
je m’efforcerai de ne plus me mettre en colère contre vous.
    — Ça ne vous est jamais arrivé. Si je l’ai dit quelquefois,
c’était toute seule, en tête-à-tête avec moi-même, pour me faire la conversation,
parce qu’ici, il n’y a personne à qui parler. Et quand vous vous énervez, vous êtes
le portait craché de Mr Frederick. L’envie pourrait me prendre un de ces jours
de vous mettre en colère, juste pour le plaisir de voir son expression furieuse
assombrir votre visage comme un gros nuage. Mais maintenant, allez donc faire un
tour. Miss Margaret. Je veillerai sur Madame. Quant à Monsieur, ses livres
lui tiendront bien compagnie s’il devait rentrer avant vous.
    — Je vais aller me promener, dit Margaret. Elle se tint
quelques instants près de Dixon, comme si elle avait peur ou hésitait ; puis,
soudain, elle l’embrassa et sortit rapidement.
    — Dieu la bénisse, fit Dixon, c’est la crème des filles.
Il y a trois personnes que j’aime : Madame, monsieur Frederick et Mademoiselle.
C’est tout. Les autres peuvent aller se faire pendre, car je me demande pourquoi
ils sont sur terre. Monsieur est né pour épouser Madame, je suppose. Si je croyais
qu’il l’aimait comme il faut, je pourrais arriver à l’apprécier avec le temps. Mais
il aurait dû s’occuper d’elle davantage au lieu d’être toujours là à lire, à relire,
à penser et à ressasser. Pour ce que ça lui a apporté ! Vu que parmi ceux qui
ne lisent jamais et ne pensent pas davantage, il y en a plus d’un qui se retrouve
recteur ou doyen, ou je ne sais quoi encore. Je suis bien sûre qu’il aurait pu en
faire autant s’il avait écouté Madame, au lieu de se plonger dans des lectures et
des réflexions assommantes. Ah, la voilà qui s’en va, dit-elle en regardant par
la fenêtre après avoir entendu la porte de devant se refermer. Pauvre petite !
Quand je pense à son arrivée à Helstone il y a un an, je trouve que sa garde-robe
a piètre allure. A l’époque, elle n’avait pas une seule paire de bas reprisés ni
de gants nettoyés dans son armoire. Tandis que maintenant !

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
XVII
     
    Qu’est-ce qu’une grève ?
     
     
     
    Le chemin
de chacun est assailli de ronces
    Qu’il
convient d’écarter en gardant son sang-froid ;
    Dans
le lot de chacun il y a une croix
    Et un
besoin ardent de prier le seigneur .
    Anonyme.
     
     
    Margaret sortit d’un pas lourd et de mauvaise grâce. Mais au
bout d’une longueur de rue, l’air, oui, l’air d’une rue de Milton, fouetta son jeune
sang avant même qu’elle en eût tourné le coin. Sa démarche se fit plus légère, ses
lèvres plus rouges. Elle commença à remarquer ce qui l’entourait, au lieu de tourner
ses pensées exclusivement vers elle-même. Elle vit dans les rues des badauds inhabituels :
des hommes qui flânaient, les mains dans les poches ; des groupes de filles
au rire bruyant, à la voix forte, chez qui l’excitation semblait avoir engendré
une gaieté excessive et une humeur frondeuse. Les hommes à l’aspect le plus louche
– la minorité peu recommandable – traînaient à la porte des cabarets à bière et
des estaminets, en fumant et en faisant des réflexions très libres sur les passants.
La perspective de devoir marcher dans ces rues-là un certain temps avant d’arriver
dans les champs où elle voulait se promener ne lui souriait guère. Elle

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