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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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Mr Thornton. On ne pourrait
leur appliquer une médecine à l’eau de rose. Cromwell aurait été un parfait patron
d’usine, Miss Hale. J’aurais bien aimé que nous l’ayons pour venir à bout de
cette grève.
    — Cromwell n’est pas un de mes héros favoris, rétorqua-t-elle
avec froideur. Mais je m’efforce de réconcilier votre admiration du despotisme avec
votre respect de l’esprit d’indépendance des autres.
    Son ton le fit rougir :
    — Je veux être le maître incontesté et responsable de mes
ouvriers pendant les heures où ils travaillent pour moi. Mais au-delà de ces heures,
notre relation cesse, et j’observe alors pour leur indépendance le même respect
que j’exige des autres pour la mienne.
    Pendant la minute qui suivit, il garda le silence, trop mortifié
pour parler. Mais il se ressaisit, prit congé de Mr et Mrs Hale. Puis,
s’approchant de Margaret, il lui dit en baissant la voix :
    — Je vous ai parlé avec quelque brusquerie à une occasion
ce soir, et je crains d’avoir été assez discourtois. Mais vous savez, je ne suis
qu’un industriel fruste de Milton ; me pardonnerez-vous ?
    — Volontiers, répondit-elle en levant vers lui un visage
souriant.
    La mine plutôt inquiète et accablée de Mr Thornton s’éclaircit
à peine en voyant son expression aimable et ouverte, d’où s’était entièrement dissipée
la froideur glaciale produite par leurs échanges précédents. Mais Margaret ne lui
tendit pas la main ; à nouveau, il fut sensible à cette abstention qu’il attribua
à de l’orgueil.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
XVI
     
    L’ombre de la mort
     
     
     
    « Place
donc ta confiance en cette main voilée
    Qui ne
mène nul homme où il voudrait aller ;
    Apprête-toi
toujours à voir ta propre mue
    Car le
monde est soumis au flux et au reflux. »
    Poème arabe.
     
     
    Le lendemain après-midi, le docteur Donaldson vint rendre sa
première visite à Mrs Hale. Les mystères que Margaret espérait voir disparaître
une fois rétablie l’intimité entre sa mère et elle réapparurent. Elle fut exclue
de chez elle alors que Dixon y était admise. Margaret ne donnait pas facilement
son amour, mais quand elle aimait, c’était passionnément, et avec une ardeur jalouse.
    Elle alla dans la chambre de sa mère, juste derrière son salon,
et marcha de long en large dans la pièce en attendant la sortie du médecin. A chaque
instant, elle s’arrêtait pour écouter, et s’imaginait avoir entendu un gémissement.
Elle crispait les poings en retenant sa respiration. Elle était sûre d’avoir entendu
un gémissement. Puis, pendant quelques minutes, le silence régna ; ensuite,
ce furent des bruits de chaises et de voix, tout le petit remue-ménage précédant
un départ.
    Lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir, elle sortit rapidement
de la chambre.
    — Mon père n’est pas là, docteur Donaldson. À cette heure-ci,
il travaille avec un élève. Puis-je vous demander de venir vous entretenir quelques
instants en bas avec moi ?
    Consciente des obstacles que Dixon mettait sur son chemin, elle
les déjoua tous, et dans son rôle légitime de fille de la maison, elle se conduisit
un peu comme le Frère aîné [40] ,
qui réfrène très efficacement l’empressement du vieux serviteur. En se comportant
avec cette dignité inhabituelle et délibérée envers Dixon, elle fut un instant amusée
malgré son inquiétude. A la mine stupéfaite de Dixon, elle devina à quel point elle
devait lui paraître ridiculement solennelle, et cette idée, qui l’absorba alors
qu’elle descendait l’escalier, lui permit d’oublier quelques minutes l’angoisse
que lui inspirait la situation. Lorsqu’elle lui revint à l’esprit, elle fut incapable
d’articuler un mot pendant quelques instants. Puis elle demanda d’un ton impérieux :
    — Qu’en est-il de la santé de maman ? Vous m’obligeriez
en me disant simplement la vérité.
    Percevant alors une légère hésitation chez le médecin, elle ajouta :
    — Elle n’a d’autre enfant que moi ; ici du moins. Mon
père n’est pas assez inquiet, je le crains. C’est pourquoi, s’il y a de sérieux
motifs d’alarme, ils devront lui être annoncés avec ménagement. Je peux m’en charger.
Je peux soigner ma mère. Je vous en prie, monsieur, parlez. J’éprouve à voir votre
visage sans pouvoir en déchiffrer l’expression plus d’appréhension que vos paroles,
quelles qu’elles

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