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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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rien non plus.
    Puis il se souvint que, d’après les confidences du docteur Donaldson,
Margaret au moins devait savoir à quoi s’en tenir.
    — Ils se rendent sans doute parfaitement compte de ce que
tu as dit hier, John, à savoir de l’intérêt qu’ils auraient à faire la connaissance
de gens tels que les Stephen et les Collingbrook.
    — Je suis persuadé que ceci ne les influencerait guère.
Non, je crois que je devine pourquoi ils viennent.
    — John ! interrompit sa sœur avec un de ses petits
rires nerveux, c’est tout de même curieux que tu prétendes toujours si bien comprendre
ces Hale en étant persuadé que nous, nous en sommes incapables. Sont-ils vraiment
si différents de la plupart des autres personnes que l’on rencontre ?
    Elle n’avait pas eu l’intention de le vexer ; mais si cela
avait été le cas, elle n’aurait pu y parvenir plus totalement. Malgré son exaspération,
il garda le silence, dédaignant de lui répondre.
    — Ils ne me semblent en rien sortir du commun, dit
Mrs Thornton. Le père paraît être un honnête homme, sans doute trop naïf pour
le commerce ; aussi peut-être cela vaut-il mieux qu’il ait été pasteur, puis
maintenant professeur. Sa femme est une dame assez distinguée, malgré sa piètre
santé. Quant à la fille, c’est la seule qui m’intrigue quand je pense à elle, ce
qui est rare. Elle semble résolue à prendre des grands airs ; et je ne comprends
pas pourquoi. On dirait parfois qu’elle se trouve bien supérieure à ceux qui l’entourent.
Or ils ne sont pas riches, ces gens, et d’après tout ce que j’entends dire, ils
ne l’ont jamais été.
    — Et elle n’a pas une éducation très raffinée, maman :
elle ne joue d’aucun instrument.
    — Continue, Fanny. Qu’est-ce qui lui manque encore pour
être à ton niveau ?
    — Voyons, John ! s’exclama sa mère, il n’y avait rien
de désobligeant dans la remarque de Fanny. J’ai moi-même entendu Miss Hale
déclarer qu’elle ne savait pas jouer du piano. Si tu nous laissais tranquilles,
peut-être pourrions-nous l’apprécier et voir ses mérites.
    — Je suis sûre que je n’y arriverai jamais, murmura Fanny,
profitant de la présence protectrice de sa mère.
    Mr Thornton entendit, mais jugea inutile de lui répondre.
Il marchait de long en large dans la salle à manger, attendant que sa mère donne
l’ordre d’allumer les bougies, afin de pouvoir se mettre à lire ou à écrire, ce
qui lui permettrait de s’absorber dans ses pensées et mettrait fin à la conversation.
Mais il ne songea pas un instant à intervenir dans ces petits arrangements domestiques
que Mrs Thornton observait toujours, en souvenir de ses anciennes économies.
    — Maman, dit-il en interrompant sa marche et en osant parler
franchement, je souhaiterais que vous aimiez Miss Hale.
    — Pourquoi ? demanda-t-elle, surprise par son ton sérieux
et cependant affectueux. Tu ne songes pas à l’épouser ? Une fille sans le sou !
    — Elle ne voudrait jamais de moi, rétorqua-t-il avec un
rire bref.
    — Je ne crois pas, en effet, répondit sa mère. Elle m’a
ri au nez quand je l’ai félicitée d’avoir répété des remarques de Mr Bell en
ta faveur. Cela m’avait plu qu’elle le fasse si ouvertement, car cela prouvait qu’elle
n’avait pas de vues sur toi ; or l’instant d’après, elle m’a contrariée en
ayant l’air de croire... enfin, peu importe ! Mais tu as raison de dire qu’elle
a une trop haute opinion d’elle-même pour songer à toi. Quelle péronnelle !
Je voudrais bien savoir où elle pourrait trouver meilleur parti !
    Si ces paroles blessèrent son fils, il faisait trop sombre pour
distinguer aucune trace d’émotion sur son visage. Peu après, il s’approcha de sa
mère et, lui posant une main légère sur l’épaule, lui dit :
    — Ma foi, je suis moi aussi convaincu que vous avez raison
de parler ainsi ; et puisque je n’envisage pas de lui demander de devenir ma
femme et ne compte jamais le faire, vous voudrez bien croire à l’avenir que les
propos que je tiens sur elle sont tout à fait désintéressés. Je prévois des ennuis
pour cette jeune fille – peut-être un manque de sollicitude maternelle – et je souhaiterais
simplement que vous soyez proche d’elle au cas où elle aurait besoin de votre assistance.
Quant à toi, Fanny, j’estime que tu as assez de délicatesse pour comprendre que
c’est faire injure à Miss Hale autant

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