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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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d’innombrables morts, et les traités sont terribles : il faut céder aux Anglais l’Inde et le Canada. Du premier espace colonial français, il ne reste presque rien.

    Louis XVI
    Louis XV a été « le Bien-Aimé » pendant quelques années, puis le « très détesté » pendant tout le reste d’un interminable règne – soixante ans. Une fois de plus, la mort du vieux roi est vécue comme une délivrance. On place tous les espoirs en un jeune homme un peu gauche mais que l’on sent bien intentionné : Louis XVI. Lui aussi, somme toute, est assez conforme à sa vignette de manuel, à deux ou trois détails près. Il est aussi emprunté et timide qu’on se l’imagine, bredouillant, mal à l’aise devant sa cour, et dépassé par sa charge avant même de l’avoir pesée. Selon l’historien André Zysberg 1 la parole historique qu’il répète au moment où le royaume lui échoit, c’est : « Quel fardeau ! » On prétendait jadis qu’il n’aimait rien tant qu’à chercher refuge dans l’atelier de serrurerie qu’il s’était aménagé pour assouvir sa seule passion. C’est inexact, il aimait aussi s’enfuir loin pour chasser. Il n’avait rien d’un benêt, pourtant. Il est sans doute, nous disent ses biographes, le plus instruit de nos rois. Il aime les sciences, l’histoire et, par-dessus tout, la géographie. Il se passionne pour les expéditions. Une toile, exposée à Versailles, le représente donnant lui-même ses instructions au célèbre La Pérouse, le grand navigateur. Hélas, la France a besoin d’un peu plus que d’un conseiller à la Marine, elle a besoin d’un souffle neuf, elle a besoin d’un roi. Il tente d’exercer ce métier avec l’intense bonne volonté qui le caractérise. Quelques vraies mesures d’humanité seront prises sous son règne, l’abolition de la torture, l’« édit de tolérance » en faveur des protestants. Il s’emploie aussi à essayer de trouver les ministres capables de redresser le pays en le changeant du tout au tout. Malheureusement, il ne les soutient qu’un temps, et les lâche les uns après les autres sitôt qu’ils ont heurté le moindre intérêt des gens de son milieu, la grande aristocratie, la Cour, ou surtout le mauvais génie de cette époque, sa femme Marie-Antoinette, dépensière et frivole, inconséquente quand il s’agit de comprendre l’intérêt de la France, butée quand il s’agit des siens. Il a un seul trait en commun avec son grand-père. Comme lui, il est fondamentalement incapable de comprendre les énormes enjeux de son temps.

    Les trois ordres
    Dans l’idée commune, le xviii e est un siècle charmant, causeur, brillant, le temps des belles marquises, des raffinements de l’esprit, des salons, des philosophes. Il le fut, on y viendra. C’est aussi un siècle qui étouffe dans un pays sclérosé par un vieux système qui n’en finit plus d’agoniser. À partir de la Révolution française, pour opposer la période dont nous parlons à celle qui lui succède, dès 1789 on lui donne le nom qu’elle porte toujours : l’Ancien Régime. On ne sait pas trop quand il commence. On voit bien où il finit. Son nom rend bien le parfum de l’époque : elle sent le vieux, elle sent l’étroit, elle sent la fin.
    La société française du xviii e , par certains côtés, a encore un pied dans le monde féodal. Comme dans les théories élaborées près de mille ans plus tôt, on pose que la société est divisée en trois ordres, où chacun a une place qui lui est donnée non par le mérite, mais par la naissance. L’inégalité est la grande valeur de ce monde-là.
    Le premier ordre est le clergé. Il guide les consciences, instruit les âmes et, accessoirement, prend en charge une partie de la charité publique. Il a donc droit à tous les égards et ne paie pas l’impôt. Il se contente de concéder au royaume, de temps en temps, un « don gratuit » dont il fixe généreusement le montant. Il pourrait donner beaucoup pourtant, sa richesse est colossale et intacte : dans un monde de célibat, le patrimoine n’est jamais menacé par des querelles d’héritage. Pour autant, les grandes abbayes, les grands domaines et leurs bénéfices reviennent forcément aux grands prélats toujours issus des grandes familles : on l’a compris, dans ce monde, on ne s’entend qu’entre grands. Les petits curés de paroisse n’ont droit, eux, qu’à la « portion congrue », ces miettes qui leur

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