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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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point de vue des six censeurs successifs que le pouvoir dut nommer pour trouver un moyen de se débarrasser de ce bâton breneux, cela pouvait se comprendre : la charge était aussi brillante que ravageuse pour la société qu’ils étaient censés défendre. Une seule réplique, pour mémoire. Le comte, un peu énervé : « Les domestiques ici… sont plus longs à s’habiller que les maîtres ! » Et Figaro, malicieux serviteur : « C’est qu’ils n’ont point de valets pour les y aider. »
    L’époque, enfin, professe une liberté étonnante dans un domaine que le siècle suivant s’emploiera à serrer dans un corset étouffant : les mœurs. L’exemple vient de haut. On a déjà parlé des orgies de Philippe, duc d’Orléans, régent du royaume durant la minorité de Louis XV (1715-1723) et homme fort sympathique au demeurant. Dans son Histoire du libertinage 1 , Didier Foucault nous rappelle la morale qu’il s’était donnée : « Par le penchant de mon cœur, je voudrais rendre tout le monde heureux. » Quelle meilleure ligne politique ? Arrivant après lui, Louis XV a moins d’humanité – pour ses sujets, il n’en a même aucune –, mais il surpasse vite l’oncle sur le plan sexuel. Aujourd’hui, sauf son respect, on l’enverrait sans doute soigner ce qui passerait pour une addiction : son goût de la chair a quelque chose de compulsif. Au fameux « Parc aux cerfs », la discrète petite maison de ville que la Pompadour elle-même lui avait fait installer à Versailles, il lui fallait chaque jour son content de chair fraîche, soubrettes ou filles de famille offertes en obole en échange de faveurs espérées, tout lui était bon pourvu que cela portât jupon. Au moins, il avait le panache de donner certaines liaisons une publicité impensable cent ans plus tard pour n’importe quel dirigeant. Elle choquait déjà, il est vrai, même à l’époque. En 1744, alors qu’il assiste au siège de Metz avec sa maîtresse du moment – la quatrième de quatre sœurs d’une famille de petite aristocratie qu’il a séduites à la suite ! –, il tombe gravement malade et se croit perdu. L’évêque de Soissons, son aumônier, profite de sa terreur pour en finir avec tant de désordre et faire revenir la royale brebis à la vertu : il le contraint à une confession humiliante. Elle sera lue au prêche dans toutes les églises de France. La reine, le parti dévot triomphent. De fait, ce sera une erreur politique majeure : en rendant ainsi publique l’inconduite du roi, l’évêque imbécile a lancé une machine à rumeurs qui ne s’arrêtera plus, et il a surtout contribué à discréditer la monarchie qu’il croyait défendre. Cela n’a même pas servi à sauver une âme : sitôt rétabli, Louis XV reprend la vie qu’il entend mener, il chasse les dévots et rappelle la maîtresse du jour. Il y en aura beaucoup, beaucoup d’autres. La dernière favorite célèbre, arrivant bien après la mort de la Pompadour, est Mme Du Barry, frivole, charmante, qui venait de loin, elle avait commencé sa carrière dans la « galanterie ». En langue moderne, on appelle cela la prostitution.
    Le couple formé par Louis XVI et Marie-Antoinette est un peu plus plan-plan, c’est le moins que l’on puisse dire : le pauvre Louis s’est marié trop jeune, il est contrarié par un petit problème mécanique à un endroit stratégique, mais personne ne l’aide à s’en débarrasser. Il faudra l’intervention énergique du frère de la reine, maître du Saint Empire, venu quasi spécialement de Vienne à Versailles, pour que l’affaire soit résolue et qu’enfin l’époux honore l’épouse : il était temps, le mariage avait été célébré sept ans avant. La haute société, de son côté, continue de vivre dans la plus grande liberté. « Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c’est que la douceur de vivre. » Tout le xix e répétera en rêvant ce mot de Talleyrand. Au vu de la rigueur de la sinistre morale bourgeoise qui règne alors, cela se conçoit aisément. Maupassant mettra en scène ce décalage dans une nouvelle trop peu connue intitulée Jadis . Vers les années 1840, une grand-mère dialogue avec sa petite-fille et est horrifiée par les propos de la gamine. L’idiote croit au mariage et à l’amour unique ! L’aïeule, vieille aristocrate, s’en étrangle : « On vous dit aujourd’hui : il ne faut aimer qu’un

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