Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
une réorganisation de l’Église et de son personnel, en voie d’être nationalisé à son tour. L’assemblée révolutionnaire vote une charte qui formalise ce nouvel état des choses : « la Constitution civile du clergé » et, pour être bien certains de leur fidélité, demande aux prêtres d’y prêter serment. Quid , dans ce cas, de leur allégeance à Rome ?
Le pape n’avait dit mot dans un premier temps. Poussé sans doute par sa haine des idées impies qui se répandent en France, il jette son sceptre dans la balance en avril 1791 et déclare la Constitution civile « hérétique ». Schisme dans le clergé de France entre les « assermentés » fidèles à la nation, et ceux qui refusent le texte maudit, les « réfractaires ». Tempête dans les âmes tourmentées des fidèles.
Le roi est un de ceux-là. Jusque-là, il est resté comme nous l’avons laissé, hésitant, gauche, ballotté par les événements. Le grand homme de la période pourrait lui être d’un appui solide : Mirabeau. Ce roi du double jeu est à l’Assemblée un tribun emporté, il conseille aussi en secret la famille royale. Il est débauché, corrompu, mais son intelligence est vive et son talent politique immense. Hélas, il meurt début avril après, dit la légende, une nuit de débauche entre deux danseuses. Louis est hanté par les affaires religieuses. Il veut communier pour ses Pâques auprès d’un prêtre proromain, c’est-à-dire un « réfractaire ». On l’en empêche. Tout ce qui se passe dans son royaume achève de le déstabiliser. Poussé par un petit clan ainsi que par la reine, il se résout à un acte qui se révélera une erreur funeste. Fin juin 1791, il s’enfuit de Paris pour retrouver dans une place forte de la Meuse les troupes complices de Bouillé qui l’aideront à rétablir l’ordre comme il l’entend. Le 20 juin, déguisé en bourgeois, accompagné de la reine et de leurs deux enfants, il quitte secrètement les Tuileries dans une sombre berline et prend la route de l’Est. Le 21 il est reconnu, puis arrêté à Varennes. Le 25 il est ramené à Paris, au milieu d’une foule muette car les autorités, craignant des débordements, ont ordonné le silence. La confiance entre Louis et son peuple est rompue, elle ne se rétablira jamais. La Constituante finissante a toutefois besoin du roi pour faire fonctionner la fameuse Constitution enfin élaborée, dont il est une pièce majeure. Début juillet, une manifestation au Champ-de-Mars qui demande sa déchéance est réprimée dans le sang. Les autorités, officiellement, se résolvent à une fiction, elles acceptent de faire croire que le prince et sa famille ont été enlevés. Personne n’est dupe.
En septembre, la nouvelle assemblée prévue par la première Constitution de la France se réunit. On voit qu’elle n’est pas assise sur une base très saine.
La Législative (1 er octobre 1791-septembre 1792) : le début de la guerre, la fin de la monarchie
Ce nouvel organe est fait pour écrire les lois, on l’appelle « la Législative ». Il poursuit l’énorme travail de réforme entrepris depuis 1789. L’acte le plus important de cette période a trait toutefois à la politique extérieure. Il a lieu au printemps 1792 : c’est la déclaration de guerre à l’Autriche. Depuis quelques mois déjà, l’Assemblée s’agaçait des provocations répétées des émigrés, massés à Coblence, et de l’écho favorable que leurs manigances trouvaient parmi les souverains d’Europe, de plus en plus hostiles à cette horrible Révolution. Peu à peu, pour des raisons antagonistes, en France deux camps opposés vont se résoudre à une entreprise militaire. Les Girondins, ainsi nommés parce que plusieurs de leurs députés viennent de Gironde, forment la gauche du moment, c’est- à-dire le groupe le plus progressiste de la Législative. Ils espèrent que les armées de la liberté aideront les peuples à se défaire de « leurs tyrans » – c’est le vocabulaire de l’époque : ils rêvent d’une « guerre de propagande ». Ils pensent aussi qu’un affrontement contraindra Louis XVI à dévoiler son jeu trouble. Précisément, Louis XVI, poussé par la reine, se résout au conflit car il espère en secret que celui-ci permettra à ses parents, les monarques d’Europe, de venir le délivrer. Le 20 avril 1792, la guerre est donc déclarée à François I er d’Autriche, roi de Bohême et de
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