Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Bourbons qui y règnent depuis un siècle pour y placer son frère Joseph. Funeste erreur. Un détail avait échappé au grand stratège : la résistance opiniâtre des Espagnols. Jusque-là, les Français ont eu contre eux des armées. Cette fois, ils doivent affronter une guérilla (le mot est de l’époque), c’est-à-dire une guerre de harcèlement menée par tout un peuple. Celle-là est faite avec une férocité désespérée et inouïe. Avec ça, les Anglais ont débarqué au Portugal. La campagne devait être une promenade de santé, elle sera sanglante, durera jusqu’en 1814 et aura un coût humain faramineux.
Le « commencement de la fin »
Nous sommes toujours en 1807-1808. À l’ouest, donc, le vent a commencé à tourner, mais l’Aigle, ivre de tant d’autres succès, ne le sait pas encore.
1809 : appuyée par l’Angleterre dans une nouvelle « coalition », l’Autriche sent venir le temps de la revanche. Elle attaque en Bavière. Faux départ, elle rate ce match de retour : nouvelle campagne, nouvelles victoires françaises, Essling, Wagram. L’Autriche est battue à nouveau. Napoléon gagne même dans l’affaire un nouveau traité de paix et une nouvelle épouse, offerte, selon les mœurs du temps, pour sceller l’alliance. En 1810, il prend pour femme la jeune Marie-Louise, fille de François, empereur d’Autriche, et donc petite-nièce de Marie-Antoinette – appelons cela un clin d’œil de l’histoire. Le vaniteux Napoléon n’y sera pas insensible.
Il est toujours au sommet. Sa France compte cent trente départements qui vont de Hambourg à Rome. Elle est bardée de sept royaumes vassaux. Il a dans son lit une Habsbourg qui, en 1811, lui donne un fils, celui qu’on appellera l’Aiglon . Il a tout loisir de commettre l’irréparable : il lance la guerre contre la Russie.
1812 : le « commencement de la fin », dira Talleyrand. L’Empereur ne connaîtra pas, en Russie, une défaite militaire traditionnelle. Il sera confronté à pis, une catastrophe d’une ampleur inouïe. Elle est due à la stratégie imprévue jouée par le tsar, quoiqu’on ne sache toujours pas clairement si elle fut voulue ou subie : dès le début de l’offensive napoléonienne, les Russes reculent et refusent systématiquement le combat. La « Grande Armée », gigantesque barnum dans lequel s’agglutinent des soldats de plus de vingt nationalités différentes (tous les alliés ont dû fournir leur contingent), court derrière un ennemi qui s’enfuit toujours, dans un pays de plus en plus désert, où l’on trouve de moins en moins à manger. On arrive à Moscou. La ville est ravagée par les flammes. Que faire d’autre, sinon repartir ? Il faut affronter alors un ennemi autrement meurtrier qui ne fuit pas mais attaque à tout instant, en tous lieux : l’hiver. C’est la fameuse « retraite de Russie », un des plus grands désastres militaires de l’histoire humaine, des milliers d’hommes en guenilles, transis de froid, de faim, harcelés par les Cosaques, mourant par centaines lors de sinistres bivouacs, devant de pauvres feux éteints, faute de bois. L’épisode le plus célèbre en est la bataille désespérée et terrible menée par les soldats de l’Empereur pour tenter d’aider l’armée à passer une rivière. Elle se trouve aujourd’hui en Biélorussie, c’est la Berezina. Quatre cent mille hommes ont fait la campagne à l’aller. Au retour, on en retrouve à peine 40 000. Napoléon ne les accompagne pas. Il est reparti depuis longtemps. Il a préféré rentrer à Paris à la hâte pour ne pas assister à la débâcle.
Son temps est compté. Les vieux ennemis, l’Autriche, la Prusse se relèvent. 1813 : le Français tente de se ressaisir, la chance n’y est plus. Il est battu à Leipzig. Grisés par cette immense victoire, les coalisés sentent qu’il faut en finir. Vaste mouvement de leurs troupes qui convergent vers la France. Tactiquement, l’Empereur a gardé de bons réflexes, il tente de résister à l’invasion, joue encore des coups brillants. Ce sont autant de coups perdus. Les dieux de la guerre l’ont abandonné. En mars 1814, les Alliés , comme on appelle les princes qui l’ont combattu, entrent dans Paris. Napoléon est à Fontainebleau. Poussé par ses maréchaux lassés, il abdique en faveur de son fils de trois ans. Le petit ne régnera jamais, sa mère l’a déjà enlevé avec elle en repartant à Vienne. Il ne reste plus à
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