Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
la Bohême et la Hongrie, est, en titre, le dernier empereur du Saint Empire. Mais à l’heure où cette pauvre vieille couronne ne représente plus rien, il s’en est forgé une autre, toute nouvelle : il se proclame François I er « empereur d’Autriche ». Le deuxième est un État plus récent, dont la capitale est Berlin, dans le Brandebourg, mais dont le berceau est loin au nord-est, sur la Baltique : le royaume de Prusse.
Plus à l’est encore reste l’immense Russie, sur laquelle règne Alexandre I er , un autre César – en russe, le mot se prononce tsar .
À partir de 1805, et en deux ans, Napoléon les affronte tous les trois, et les vainc, ensemble ou séparément, au cours de batailles 2 où son génie militaire fait merveille – rapidité, puissance de frappe, imprévisibilité. Le 2 décembre 1805, un an après son sacre, 70 000 Français rencontrent 90 000 Austro-Russes entre quelques collines de ce qui est aujourd’hui la République tchèque : c’est Austerlitz. Les Russes se retirent, l’Autriche s’agenouille, signe un traité et perd des territoires de partout, en Italie, en Allemagne. Quelques mois plus tard, Iéna, nouvelle victoire : l’armée prussienne, réputée la meilleure du monde depuis un siècle, est défaite, le petit Corse entre dans Berlin et bientôt le pays tout entier est occupé par les Français ou leurs alliés. Poursuivant sa marche vers l’est, l’Empereur traverse ce qui reste de la Pologne, emboutit les russes à Eylau – boucherie terrible mais sort militaire incertain – avant de les anéantir à Friedland, en juin 1807. Quelques jours plus tard, sur une barge flottant sur le Niémen, notre César français rencontre le César russe. Il en sort les traités de Tilsit (juillet 1807) qui organisent la paix nouvelle – je te laisse la Finlande, tu me laisses dépecer la Prusse et on invente un grand-duché de Varsovie, etc. –, en clair les deux hommes se partagent l’Europe. Un an plus tard, à Erfurt, ils se revoient devant un aimable parterre de princes, de ducs, d’altesses et de roitelets qui ne sont là que pour jouer les utilités. Napoléon est roi d’Italie, la Hollande est à sa main, l’Autriche et la Prusse à sa merci, sur les débris de feu le Saint Empire romain germanique il a créé quelques royaumes fantoches pour former une « Confédération du Rhin », dont il est le protecteur : tous ces gens sont les figurants d’un grand film dont il est le producteur, le scénariste et l’acteur principal. On peut dire qu’à ce moment, vers 1807-1808 donc, si l’on accepte de ne regarder que de ce côté-là du continent, la « gloire de l’Empire » est au plus haut et le maître impérial à son zénith.
Seulement, il faut aussi regarder de l’autre côté de la carte, où veille et agit notre quatrième puissance, l’Angleterre, ou plus exactement le Royaume-Uni , nom né de l’union de la Grande-Bretagne et de l’Irlande en 1801.
En 1803-1805, Bonaparte voulait lui régler son compte, il avait massé son armée au « camp de Boulogne », face à elle, pour l’envahir. Le plan n’avait pas marché, c’est pour cette raison qu’il avait fait volte-face pour affronter d’abord ses rivaux du continent qui tentaient de l’attaquer à rebours. À l’automne 1805, juste avant Austerlitz, au large de Cadix, la flotte française avait subi la terrible défaite de Trafalgar. L’amiral anglais Nelson, atteint par un boulet, y avait laissé la vie mais son vieux pays conservait la maîtrise des mers. Dès lors, l’Angleterre avait tenté de bloquer tout le trafic maritime
français. Napoléon avait répliqué en organisant le « Blocus continental » : aucun des nombreux alliés de la France n’avait plus le droit de commercer avec l’Angleterre. L’idée peut sembler de bonne tactique, elle s’était avérée impossible à réaliser : comment surveiller ces interminables kilomètres de côtes ? Comment empêcher tel ou tel petit État de s’enrichir avec une contrebande très lucrative ? À l’automne 1807, la paix est scellée avec le Russe. L’Autrichien et le Prussien ont un genou à terre. L’Empereur croit le moment venu pour faire la police à l’ouest. Le Portugal est le pays où le viol du Blocus est le plus évident : il envoie une armée sur Lisbonne et, pour clore le dossier au plus large, il a l’idée de régler au passage le sort de l’Espagne en éjectant du trône les
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