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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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qui leur semblait la solution : une bonne guerre, courte mais franche, qui clarifierait la situation, évacuerait les tensions, et permettrait de dire leur fait à ces barbares qu’on détestait. Chaque pays avait les siens.
    Il ne manquait pas non plus, ni en Allemagne ni partout ailleurs, de pacifistes. C’est l’autre aspect fascinant de ce grand dérapage. Quelques semaines avant l’été 1914, les partisans de la paix en Europe se comptaient par centaines de milliers. Toute la gauche, tous les syndicats, tous les partis ouvriers, au nom de l’internationalisme, l’étaient avec passion. Un ouvrier ne tue pas un ouvrier. « Une baïonnette est une arme avec un prolétaire à chaque bout », disait un slogan pacifiste de l’époque. Guerre à la guerre, c’était le mot d’ordre. Le grand leader socialiste Jaurès, quelque temps auparavant, était allé le crier au côté de ses frères allemands à Berlin même. Fin juillet 1914, il se démène encore pour empêcher le pire en rencontrant à Bruxelles de nombreux leaders européens, dont des socialistes d’Allemagne. Le 31 de ce mois, il est assassiné à Paris par un ultranationaliste français. Deux jours plus tard, le climat s’est renversé.
    Personne ne part à la guerre le cœur léger et en chantant, comme nous l’a longtemps fait croire un mythe tenace, démonté aujourd’hui par tous les grands historiens de la période 1 . Chacun s’y résigne et y va parce qu’« il faut y aller ». D’ailleurs, il ne s’agit pas d’attaquer, il s’agit de se défendre, tout est là. Chacun le croit, c’est le problème. Chacun voit désormais l’autre comme un agresseur qui menace la patrie et ses valeurs : les Austro-Hongrois et les Allemands le pensent des Russes ; les Serbes des Austro-Hongrois et les Français ou les Anglais des Allemands.
    Donc chacun se résout à la guerre et le fait d’autant plus facilement qu’il sait qu’elle sera courte. De cela, nul ne doute. Tous les plans militaires le prévoient formellement. Les Allemands ont deux ennemis, à l’est et à l’ouest, leur idée est d’en finir au plus vite avec l’ouest pour se retourner après contre le seul ennemi redoutable, le « rouleau compresseur russe », qui sera terrible mais sera aussi plus lent à se mettre en marche. Ils attaquent donc la Belgique. La France a anticipé la manœuvre depuis longtemps et a prévu de la contrer par une attaque frontale : elle va créer le grand choc sur l’Alsace-Lorraine pour percer et déferler jusqu’à Berlin. Rapide échec français. Semi-victoire du plan allemand : la Belgique résiste héroïquement, bien plus qu’on ne l’aurait cru capable. Les armées passent quand même, commencent un vaste double mouvement pour prendre Paris en tenaille et y arrivent presque. Grâce – en toute petite part – aux célèbres taxis qui convoient les troupes jusqu’aux combats, grâce surtout à une résistance déterminée, les Français les bloquent à quelques kilomètres de la capitale. C’est la fameuse victoire de la Marne. Chaque armée, face-à-face, cherche alors à contourner l’autre en la débordant par le nord. C’est la « course à la mer ». En quelques semaines, à force d’être tricoté ainsi, le front est monté jusqu’en Belgique. Il descend sur 700 kilomètres jusqu’à la Suisse. Tout mouvement est désormais impossible. Les Anglais et les Français d’une part, les Allemands de l’autre n’ont plus qu’une chose à faire, creuser dans la terre de longs fossés où s’enterrer pour pouvoir tenir coûte que coûte leurs positions. Le même phénomène se produira côté est. On le verra aussi dans les Balkans. Des millions d’hommes apprennent à vivre dans des boyaux. C’est la guerre de tranchées. En France, elle durera quatre ans.

    L’impossible percée
    Militairement, le conflit se résume souvent à un cauchemar sans cesse renouvelé : il n’y a qu’une chose à faire, pensent d’abord les généraux, réussir à briser le front adverse. C’est l’obsession de « la percée ». Chacun essaiera, 1915, 1916, Artois, Champagne, Verdun, la Somme. Les Français, les Allemands, les Anglais lancent tour à tour ces offensives terribles qui se déroulent toutes selon le même rituel macabre. On noie l’adversaire sous une pluie de bombes ; puis, espérant le submerger, on lance des flots de soldats qui meurent par milliers, écrasés sur les barbelés, explosés sur les

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