Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
mines, fauchés par la mitraille ; puis on recommence le lendemain, puisque l’autre a tenu. On essaiera aussi les armes nouvelles : les gaz, lancés par les Allemands ; les chars, tentés par les Anglais. Rien n’y fait. Verdun, 1916, offensive allemande, dix mois de bataille, plus de 300 000 morts, gain territorial : nul. La Somme, 1916, offensive anglaise, cinq mois de bataille, près d’un million de morts, gain territorial : 12 kilomètres.
Aussi, bien vite, les deux camps cherchent d’autres moyens, d’autres angles d’attaque. On se bat partout, même en Afrique, où Anglais et Français mettent la main sur les colonies allemandes. On fait tout pour gagner de nouvelles alliances. L’Italie a finalement basculé en 1915 du côté de l’Entente : elle se bat contre l’Autriche dans les Alpes. La Bulgarie s’est rangée du côté de l’Allemagne, comme l’Empire ottoman. En 1915, les Franco-Anglais visent les Turcs, qu’ils prennent pour le maillon faible des alliances ennemies : ils lancent une offensive sur le détroit des Dardanelles. Résistance farouche des Turcs, carnage généralisé et échec allié. Début 1916 on rembarque les troupes qui iront grossir « l’armée d’Orient », à Salonique, pour tenter d’aider les Serbes en piteuse posture ou de battre les Bulgares.
En 1917, tournants d’importance. Les Allemands essayent de briser la ténacité anglaise en s’attaquant à son point essentiel, son commerce maritime. Leurs sous-marins, les « U-boot », ne font pas de quartiers, ils envoient par le fond tous les navires qui voguent sur les mers, y compris les neutres. Les États-Unis ne peuvent l’accepter : ils entrent dans la guerre du côté des Alliés. Dans leurs tranchées, les pauvres poilus sont à bout de force et à bout de nerfs. Certains se mutinent. Les généraux les plus avisés pensent qu’il est sage d’en rester à la défensive. « J’attends les chars et les Américains », dit Pétain, le « vainqueur de Verdun ». Les Allemands savent que le temps joue contre eux, mais une excellente nouvelle leur arrive de l’Est. En Russie, en octobre-novembre, un coup d’État bolchevique a balayé les démocrates au pouvoir depuis février. Lénine fait la révolution, la guerre, ce « conflit impérialiste », ne l’intéresse pas. Dès la fin de 1917, il signe un cessez-le-feu séparé avec Berlin.
Les Allemands peuvent donc jouer leur va-tout. En mars 1918, ils lancent une immense offensive à la jointure des armées française et anglaise. Miracle ! Ils percent, avancent de 50 kilomètres, du jamais vu depuis trois ans. La victoire est au bout de leurs canons. Les Alliés se ressaisissent par un autre miracle – décidément, les dieux sont imprévisibles : ils réussissent à repousser l’envahisseur. Deux millions d’Américains ont bientôt rejoint le front. À l’été, les affaires sont pliées pour les Empires centraux. Turcs, Bulgares, Autrichiens sont écrasés les uns après les autres. L’Allemagne est contrainte de demander l’armistice. Un clairon le sonne le 11 novembre, à 11 heures du matin.
La der des der
1914-1918, une catastrophe d’une ampleur inconnue dans l’histoire du monde. Des pays en ruine, 8 à 10 millions de victimes militaires ; 10 millions de victimes civiles ; 30 à 40 millions de blessés ; et le premier génocide du siècle : parce qu’ils les suspectaient d’être des « ennemis de l’intérieur », le gouvernement turc, en 1915, a fait massacrer un million d’Arméniens, hommes, femmes, enfants. La carte de l’Europe est chamboulée. Quatre empires sont à terre – russe, allemand, autrichien, ottoman – et l’avenir des peuples qui les composaient très incertain. L’Allemagne est au bord du chaos : la république y est à peine proclamée qu’elle doit écraser dans le sang la tentative de révolution des spartakistes , qui veulent des soviets comme en Russie. Les Habsbourg quittent Vienne pour l’exil, leur empire est disloqué. La Tchécoslovaquie se forme sur l’alliance mal assortie des peuples tchèque et slovaque. La Hongrie subit coup sur coup une dictature communiste puis une dictature d’extrême droite. La Croatie et la Slovénie entrent dans un royaume contrôlé par les Serbes, la future Yougoslavie. L’Italie, qui n’obtient pas la Dalmatie, l’Istrie, le Trentin qui lui avaient été promis quand elle est entrée dans la guerre, se noie dans la
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