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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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transmission royale. Il faut reconnaître que l’affaire vaut plus qu’un sinistre fait-divers. Ou plus exactement, il faut se souvenir que les faits-divers familiaux, quand ils engagent les familles royales, engagent le royaume tout entier. C’est à cause de ce coup de colère que les fils du roi, privés d’épouses, n’auront pas d’enfants, ou en auront trop tard pour poser à leur suite un fils sur le trône. Tous les fils de Philippe régneront les uns après les autres : Louis X dit le Hutin (1314-1316), dont le fils, Jean I er le Posthume, mourra bébé ; Philippe V le Long (1316 1322) et Charles IV le Bel (1322-1328). Mais comme ils n’ont pas d’enfants – seules leurs sœurs en ont –, ils ferment cette lignée et ouvrent la voie à de graves problèmes de succession : ce sera le début de la guerre de Cent Ans.
    Ensuite, il y a l’affaire des Templiers. On peut tenter de la résumer simplement : cet ordre, créé au moment des croisades pour venir en aide aux pèlerins à Jérusalem, était pour partie replié dans le royaume de France. On le disait couvert d’or. Le roi en manquait : trouver de l’argent fut l’obsession de son règne, on l’accusera même de fabriquer de la fausse monnaie. En 1307, brutalement, il fait arrêter tous les dignitaires du Temple et les couvre d’accusations calomnieuses : ils sont hérétiques, sodomites, comploteurs ou tout à la fois. Un long procès se termine par diverses condamnations à mort, Jacques de Molay, le grand maître, est brûlé en 1314 et le roi a eu ce qu’il voulait : le trésor. Il est hors de question toutefois que l’on s’avance ici à parler plus avant de cette affaire : pour des raisons qui nous échappent totalement, elle n’en finit plus, depuis bientôt sept siècles, de nourrir les fantasmes les plus intenses et les plus divers. Risquer le moindre mot sur les Templiers, c’est s’exposer à devoir gérer pendant quinze ans les révélations des authentiques spécialistes qui savent tout sur le trésor, sur les secrets, sur les mystères de ce malheureux ordre. On en compte quinze par cantons. Il est prudent de ne pas chatouiller leur passion.
    Reste le dernier point d’importance : les rapports tonitruants qu’entretint Philippe le Bel avec le pape. Les bras de fer entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel n’avaient rien de nouveau en Europe. Depuis deux ou trois siècles, on en a dit un mot déjà, ils avaient concerné les vrais successeurs de Charlemagne, les princes du Saint Empire : on appelle ces épisodes de l’histoire « la querelle du sacerdoce et de l’empire », ou encore « la querelle des investitures », car elle portait au départ sur la question de la désignation des évêques. Le fait que désormais l’opposition se joue entre Rome et le roi de France prouve au moins une chose : décidément, celui-ci est devenu le monarque le plus puissant d’Europe. Il n’entend se laisser dicter la loi par personne, fût-ce par le vicaire du Christ. Les causes de la brouille sont complexes : il y a des histoires d’impôt que Philippe veut lever sur le clergé, ce que le pape Boniface VIII conteste : l’argent de l’Église est à Rome, pas aux princes. Il y a une histoire personnelle : Bernard Fraisset, l’évêque de Pamiers, s’est élevé en chaire contre les agissements du roi, le roi le traîne en justice, ce que le pape conteste toujours, c’est à lui seul qu’il revient de juger les évêques. Les effets sont spectaculaires. Boniface VIII multiplie les décrets vengeurs – ce que l’on appelle les « bulles pontificales » –, les lettres et les menaces. Il va, dit-on, jusqu’à affirmer qu’il déposera le roi de France « comme un petit garçon ». Philippe le Bel monte d’un cran. Il rassemble tous les grands du royaume pour avoir leur soutien, il réunit un concile pour condamner ce pape indigne accusé de crimes divers – hérétisie, sodomie, cela devient une habitude – et envoie son lieutenant, Guillaume de Nogaret, pour le saisir physiquement et le traîner devant les juges du roi. La rencontre entre l’émissaire et Boniface se passe en Italie, à Agnani. La légende veut que, dans la bousculade, le pape ait été giflé par un spadassin. On appelle l’épisode le « soufflet d’Agnani ». Le coup lui-même est aujourd’hui contesté par les historiens. Pas le reste. Boniface réussit à s’échapper mais est tellement traumatisé

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