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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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monarque couvert de toutes les gloires, qui met fin à la guerre de Cent Ans, récupère l’une après l’autre toutes ses provinces, chasse les derniers Anglais, et jette les bases d’un État fort, centralisé, appuyé sur une armée permanente, un impôt régulier, un clergé à sa main soustrait à la tutelle du pape 1 . Nul esprit romanesque n’a oublié enfin l’amant d’Agnès Sorel, que l’on disait la femme la plus belle de son temps, l’homme des plaisirs qui découvre sur le tard une sensualité sans limites. Seule sa fin nous replonge dans un monde d’effroi et de terreur : la chronique rapporte qu’il se laissa mourir de faim tant il craignait d’être empoisonné par son propre fils, qu’il haïssait, le dauphin Louis. Celui-ci attend son tour depuis si longtemps. Il devient roi par la grâce de ce trépas. Nous sommes en 1461, le voici enfin : Louis, onzième du nom.
    Repères
    – 1461 : mort de Charles VII, avènement de Louis XI
    – 1468 : entrevue de Péronne, sommet de la rivalité entre Louis et le duc de Bourgogne Charles le Téméraire
    – 1477 : mort de Charles le Téméraire devant Nancy
    – 1483 : mort de Louis XI
    Pour le coup, celui-là est tout d’une pièce, figé dans la noirceur où sa légende l’a laissé : un être grêle et machiavélique, vêtu d’un habit sombre de mauvais drap, coiffé d’un vilain bonnet de feutre orné d’une sainte médaille de plomb (avec ça, ce diable d’homme était superstitieux). Un traître de mélodrame qu’on imagine secoué d’un rire sardonique en apprenant la mort de ses ennemis, ou en claquant derrière lui la lourde porte des caves où il laissait moisir ses opposants durant des décennies dans des cages de fer minuscules, les « fillettes du roi ». Tous les écoliers répétaient ce nom en frissonnant. Cela fit beaucoup pour la popularité posthume de notre Louis XI auprès des classes primaires. Et pourquoi les manuels se seraient-ils privé d’en entretenir le souvenir ? Ce fort méchant roi, au regard de l’histoire nationale, avait fait beaucoup : à force de ruse, il avait réussi à vaincre le nouveau grand ennemi de notre patrie, le flamboyant Charles le Téméraire, le puissant duc de Bourgogne ; puis, tenace, obstiné, prêt à tout, « l’universelle aragne », comme on le surnommait déjà de son vivant, avait réussi à tisser sa toile pour agrandir le royaume comme peu de rois avant lui.
    Ne faisons pas autrement que les manuels de jadis, étudions ces deux points successivement. On le verra, l’un et l’autre ont des choses à nous apprendre sous un des angles qui nous est cher : comment s’est formée la France, mais aussi comment elle aurait pu se former autrement.

    Les temps des « États bourguignons »
    Quand Charles VII luttait contre le roi d’Angleterre, il luttait contre un de ses parents, mais aussi contre un royaume vieux de plusieurs siècles. Quand son fils Louis se bat contre le duc de Bourgogne, il combat également un de ses cousins, mais celui-ci est à la tête d’un pays qui n’en est pas vraiment un, et est d’autant plus menaçant qu’il rêve de le devenir.

    Qu’est-ce donc que cette Bourgogne au milieu de notre xv e  siècle ? Il faut, pour le comprendre, remonter cent ans en arrière. Pour consoler les cadets de ne pouvoir leur succéder, les rois avaient pour habitude de donner à leurs jeunes fils les provinces dépendant de leur suzeraineté dont le dernier seigneur était mort sans héritier : on appelle ce système l’ apanage . En 1363, Jean le Bon donne en apanage Dijon et son riche duché à son cher Philippe le Hardi – le petit prince qui se distingua à la bataille de Poitiers (« Père gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche ! »). C’est la naissance d’une nouvelle branche des Valois : les Valois-Bourgogne. Bien entendu, ils sont toujours vassaux du roi de France, et, si proches parents, sont toujours très influents à sa cour. On se souvient du rôle majeur de la famille durant la guerre de Cent Ans. Philippe le Hardi est un des principaux conseillers lors de la minorité de son neveu Charles VI. Son fils Jean sans Peur est le chef de ce « parti bourguignon » dont on a parlé tant et tant dans les chapitres précédents. C’est lui qui a fait assassiner son cousin de l’autre branche, le duc d’Orléans, déclenchant ainsi la guerre civile avec les partisans de ce dernier, les Armagnacs. C’est lui

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