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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avec
lucidité.
    – Mon pauvre fils ! répéta
Saint-André.
    Il s’agenouilla, posa sa tête sur la poitrine
de Roland, écouta. Il songeait qu’il était débarrassé des dettes de
Roland.
    – Dieu soit loué ! fit-il tout à
coup, il vit ! Le cœur bat.
    Roland de Saint-André n’était qu’étourdi par
la chute. Il y a des chances ainsi faites. Un Suisse lui versa dans
la bouche le contenu de sa gourde. Le fils du maréchal fut secoué
d’un spasme, ouvrit les yeux, et finalement se remit debout.
    – Dieu soit béni ! répéta
Saint-André.
    – L’a-t-on pris ! fut le premier mot
de Roland.
    – Le sire de Roncherolles court après
lui. Il l’aura.
    Le maréchal fit quelques pas de retraite.
    – Adieu, mon fils. Rentrez vous coucher
et dormez jusqu’au grand jour. Je viendrai vous voir demain.
    – Monsieur ! fit Roland, il faut que
je vous parle.
    – Parle donc ! fit le maréchal en
soupirant.
    Les gentilshommes qui étaient là s’écartèrent
discrètement.
    – Monsieur, dit Roland, je viens de
parler au grand-prévôt. Ce mariage va se faire si vous m’en donnez
congé.
    – Et je te le donne, par la
sambleu ! Le roi a promis une dot magnifique à la petite.
    – Monsieur, je vis mal. Je suis un homme
déshonoré. Mon hôtel de la rue Béthisy est assiégé par les
créanciers.
    – Jette-les par les fenêtres. Adieu,
Roland…
    – Non, mon père. Il faut, il faut
qu’avant le mariage, j’aie payé mes dettes : environ deux cent
mille écus.
    – La dot, mon fils ! Songe à la dot
promise par le roi.
    – Je n’y toucherai pas avant que Florise
ne porte mon nom. Il me faut en outre remonter ma maison sur un
pied digne de vous, cela fera cent mille écus au plus juste.
    – La dot, Roland, la dot !…
    – Monsieur, outre mes dettes, et l’hôtel
à remonter, il me faut songer à moi-même. Je suis en guenilles,
monsieur. De plus, il faut que je fasse à ma fiancée un don de
linge, robes, pierreries ; je mets tout cela à deux cent mille
écus.
    – Adieu, Roland ! Va dormir, dit le
maréchal avec rage.
    – Mon père, j’ai tout compté au plus
juste. C’est cinq cent mille écus que vous me devez.
    – Il faudra donc que j’engage mon hôtel,
mes charges à la cour, et vendre l’argenterie de vos
grand-mères ?
    – Monsieur, on vous sait riche, dit-il.
Vous avez au moins trois millions, peut-être quatre. Vous êtes plus
riche que le roi. Je suis votre fils unique. C’est une honte,
monsieur. Eh bien ! monsieur, je ne vous demanderai plus
rien.
    Roland lâcha le bras du maréchal et s’en alla
rejoindre Tavannes, Biron et quelques autres qui l’attendaient.
    – On prétend, dit Roland, que ce
Nostradamus fait de l’or à sa guise. Croyez-vous qu’il veuille
acheter mon âme ?
    – Je le crois ! dit Brantôme avec un
sourire pincé.
    – Demain, j’irai voir Nostradamus !
dit Roland.

V – DÉTOUR DU SANGLIER
    Le Royal de Beaurevers aborda, renvoya la
barque au fil de l’eau, et monta le talus qu’ombrageaient des ormes
et surtout d’antiques peupliers. Sur sa gauche, le Louvre dressait
ses colossales ossatures. Beaurevers vit déboucher au pas de charge
du Pont-au-Change des hommes d’armes. Ces gens passèrent en tumulte
dans la lueur de leurs torches. Du coup, il obliqua à gauche, vers
le géant de pierre accroupi au bord du fleuve, sûr d’avoir échappé
aux sbires de Roncherolles. À ce moment même, Beaurevers se
demandait comment le grand-prévôt avait pu avoir l’idée de venir
rue Calandre. Quant à soupçonner le roi de forfaiture, c’était
impossible. Le roi, c’était le roi…
    Il descendait donc le fil de l’eau. De temps à
autre, il se retournait. La bande avait disparu.
    Les sbires de Roncherolles, simplement,
faisaient le tour du Louvre. Le grand-prévôt, sachant qu’une barque
s’était détachée de l’île aux Juifs, avait
vu
ce qui
allait arriver. Il concentra son monde, et lui fit franchir le
Pont-au-Change. Là, il se dit : « Maintenant, je
l’ai ! »
    Beaurevers, tout à coup, vit à deux cents pas
des hommes qui s’échelonnaient depuis le fossé du Louvre jusqu’au
bord de l’eau : une barrière vivante hérissée de piques.
    – C’est bon ! grommela-t-il.
Retournons d’où nous venons.
    Et il fit demi-tour. Un juron gronda entre ses
dents ; là-bas, à l’autre extrémité du Louvre, une barrière
semblable venait d’être établie. Il avait devant lui vingt
hommes ;

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