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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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massive, renforcée de barres de fer.
    – Cela tiendra une heure, dit-elle. Que
faire ? Ils veulent l’avoir. Pourquoi ? Pour le pendre.
Oh ! le voir au gibet !
    Elle eut autour d’elle un regard terrible.
    – On se défendra ! rugit-elle.
    L’escalier de bois était au fond de la salle,
à l’angle gauche. Le trou de descente aux caves était à l’angle
droit. Myrta souleva la trappe debout contre le mur. Il y avait
dans la salle des bancs, des tables, des escabeaux, deux bahuts,
une armoire. Elle traîna l’armoire ; elle traîna l’autre
bahut.
    Ces meubles, elle ne les plaça pas devant là
porte ; elle en fit une ligne de circonvolution autour de la
trappe de la cave, divisant la salle en deux parties ; double
rempart. Elle les dissémina çà et là, obstruant d’obstacles la
première moitié de la salle devenue ainsi une sorte d’avancée.
    – Des armes, maintenant !
    Près de la trappe, elle plaça deux haches à
fendre le bois, des couteaux de cuisine, des lardoires, de gros
poids à peser le blé.
    Quand elle eut fini, elle remonta en haut, et
se jetant à la fenêtre, en passant, elle renversa un gros sac… Elle
inspecta la rue : ils étaient toujours quinze. Il lui fut
évident qu’ils attendaient encore du renfort, car Roncherolles et
Lagarde regardaient vers le bout de la rue. Myrta jeta un coup
d’œil sur les maisons d’en face. Toutes étaient closes. Les
habitants ne tenaient nullement à voir. Quand on a vu, on a été
témoin.
Une seule fenêtre était ouverte. Une femme
immobile regardait – une femme à cheveux blancs, à figure pâle…
Myrta murmura :
    – 
La dame sans nom !
Oh ! Elle va nous porter malheur !… Si Myrta avait
considéré avec attention la Dame sans nom, elle eût vu que cette
femme ne regardait rien que deux hommes, et que l’œil, de cette
femme se posait sur eux comme une malédiction… Et elle eût vu que
ces deux hommes, c’étaient le maréchal et le grand-prévôt, Jacques
d’Albon de Saint-André et Gaétan de Roncherolles.
    Myrta, en reculant, se heurta à ce sac qu’elle
venait de renverser. Ses yeux venaient de se fixer sur le sac, un
sourire éclaira soudain son visage. Dans un coin de cette pièce, il
y avait un de ces moulins à manivelle destinés à moudre les épices.
Saisir le sac et verser le quart de son contenu dans la gorge du
moulin, ce fut l’affaire d’un instant. Myrta commença à moudre avec
frénésie. Quand ce fut fini, elle versa la poudre obtenue dans une
caisse, puis, de nouveau, emplit le moulin qui rendait un
ronflement sourd.
    – Holà ! ho ! Myrta ! Ma
jolie Myrta ! Est-ce ton habitude d’éveiller ainsi à grand
ronflement tes pauvres hôtes ?
    Et Le Royal de Beaurevers se montra,
souriant :
    – Quelle occupation est-ce là ?
reprit-il.
    – Vous le voyez, je mouds des épices,
répondit Myrta.
    – Au diable ton moulin ! ma petite
Myrta.
    – Il faut des épices dans une auberge,
dit-elle.
    – Oh ! mais tu as donc à épicer des
gens pareils à ceux dont parle messire Rabelais dans ses
fabliaux ?
    – Je ne connais pas, mais j’ai à épicer
une bande de loups.
    – Bon. J’ai faim, donne-moi à manger.
Oh ! comme tu es pâle, ce matin !
    – Je fais un mauvais rêve et cela me
retourne le cœur.
    – Myrta, ma petite Myrta, j’enrage de
faim.
    – Descendez, la table est toute
prête.
    – À la bonne heure ! J’ai la tête
vide. Mon cœur est trop plein.
    Myrta pâlit à ce mot. Beaurevers descendit,
joyeusement. L’instant d’après, il remonta, les sourcils froncés,
courut à la fenêtre, inspecta la rue, puis il ceignit sa
rapière ; son visage flamboyait.
    – Ils me veulent. Cela dure depuis hier.
Traqué, poussé, cerné, acculé à la mort. La rue Calandre. Les
toits. La Seine. Le Louvre. J’ai fait grâce au roi, Myrta, et à la
reine. Et voici la mort. Et, Myrta, sais-tu qui me traque et
m’accule à la mort ? Le père de celle que j’aime !…
    Myrta baissa la tête. Deux larmes jaillirent
de ses yeux… Son pauvre rêve d’amour s’écroulait. Beaurevers vit
cela. Il vit ! Il comprit ! L’effroyable fureur qui le
faisait trembler s’affaissa. Il s’approcha de Myrta,
timidement.
    – Myrta ! murmura-t-il.
    – Laissez-moi…
    En bas, un grand coup ébranla la porte.
    – Myrta ! répéta Beaurevers.
    – Songez à vous défendre.
    Les coups de madrier sur la porte se
succédaient. Cette fois, Roncherolles avait condensé son

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