Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
M. le
maréchal de Saint-André ; une fantaisie comme en avait souvent
Henri II.
    Le roi étant sorti, Roncherolles attendit une
demi-heure, puis une autre, puis une troisième. Il y avait foule de
courtisans qui, en attendant l’arrivée du roi, faisaient leur cour
au grand-prévôt. Mais leurs fadaises l’ennuyaient. Il finit par se
mettre à l’écart dans une embrasure de fenêtre.
    – Monsieur le grand-prévôt, fit une voix
aigre à son oreille, avez-vous entendu parler du colosse de
Rhodes ?
    Roncherolles tourna légèrement la tête et vit
la figure grimaçante du bouffon d’Henri. Brusquet reprit :
    – Où est-il le colosse ? Où
est-il ?
Chi lo sa ?
Et qui l’a renversé ?
Un souffle d’enfant, peut-être. Les colosses sont faits pour
tomber. Il faut qu’ils tombent.
    Roncherolles, dans les yeux du fou, démêla de
la pitié. Brusquet agita sa marotte, puis ricana en la
montrant :
    – Voici ma favorite, par Notre-Dame.
Favorite, ou favori ? Peu importe le sexe. Je suis roi,
tudiable ! Et des favoris, je fais ce que je veux. Marotte,
es-tu connétable, ou capitaine ou grand-veneur, ou grand-échanson,
ou grand-prévôt ? Tu m’ennuies, marotte !
    Le fou brisa la marotte, en laissa tomber les
morceaux et les repoussa du pied. Roncherolles le saisit par le
bras.
    – Monsieur Brusquet, vous savez quelque
chose !…
    – Moi ! Rien. Je demanderai à Henri
de m’acheter une autre marotte. Monsieur le grand-prévôt, Henri m’a
fait présent, hier, d’un beau cheval noir. Je l’ai essayé sur la
route de Picardie. Route ombragée, sans fondrières. En revenant, je
me disais que, sur une route pareille, en quelques heures je
pourrais gagner la frontière, si la fantaisie m’en prenait…
    Roncherolles devint livide. Il se pencha sur
le fou :
    – Monsieur, vous êtes un honnête
homme ; je vous remercie.
    Il redressa la tête d’un air de défi, puis se
mit à marcher vers la porte. Son parti était pris. Comme il allait
l’atteindre, cette porte s’ouvrit à deux battants, et une voix
forte cria :
    – Place au roi !…
    À droite et à gauche, il y eut un reflux de
courtisans courbés. Henri II et Roncherolles se trouvèrent
face à face.
    – Monsieur, dit le roi de cette parole
amorphe, qui était bien la voix de son caractère, à quoi me sert
d’avoir doublé votre service d’espions, comme vous me l’avez
demandé… À quoi me sert d’avoir un grand-prévôt ?
    – Sire, voulez-vous me permettre de
demander humblement à Votre Majesté ce qui a pu…
    – Rien, monsieur, je ne vous permets
rien. Il n’est question dans la ville que de gentilshommes attaqués
la nuit ; nous sommes infestés de truands. Bien mieux. Il y a
eu crime de lèse-majesté. Et ce Beaurevers n’est pas encore
pendu.
    Roncherolles regardait autour de lui et se
disait :
    – Je risque ma vie. S’il me fait arrêter,
je crie que le dauphin François fut empoisonné à Tournon par son
frère Henri.
    Mais le roi ne donna aucun ordre
d’arrestation. Il lui restait à dire quelque chose qui ne voulait
pas sortir. Il baissa un peu la tête, puis se dirigea vers la porte
de son cabinet. Au moment d’atteindre cette porte, il dit sans
hausser le ton :
    – Allez, monsieur, vous n’êtes plus
grand-prévôt.
    Roncherolles sortit du Louvre sans aucune
difficulté. Dehors, il respira à pleins poumons. Il n’était pas
question d’arrestation. Alors seulement, il sentit le poids de sa
disgrâce.
    Tout en conduisant au pas son cheval, il
sentait gronder en lui l’imprécation de ses ambitions
détruites.
    – Roi fourbe ! Roi lâche ! Tu
sauras ce que vaut Roncherolles. Rien qu’avec ce que je sais de ton
infamie, je puis en trois mois refaire ma fortune. Ce soir, j’aurai
quitté Paris. Dans trois jours, j’aurai quitté le royaume. Et
alors, j’ai l’Empire, l’Espagne, l’Angleterre, l’Autriche. À toutes
les haines, éparses dans le monde, il manque une tête. Je serai
cette tête ! Je rentrerai dans Paris avec les armées qui
auront détruit tes armées. Je te ferai enfermer dans un cloître. Et
je me ferai donner la régence de ton royaume. Je te verrai à mes
pieds.
    Il se calma pour songer à l’organisation de
son rapide départ. En mettant pied à terre dans la cour de son
hôtel, il murmura avec un cri de joie passionnée :
    – Et j’ai ma fille ! Je la
garde !
    Il monta lentement chez Florise, ruminant sa
vengeance.
    – Pardieu ! fit-il

Weitere Kostenlose Bücher