Notre France, sa géographie, son histoire
l'histoire de chaque province, il nous a semblé utile d'indiquer rapidement au
lecteur comment s'est faite leur agrégation, et comment la France, de ces
éléments épars, en est venue à se constituer France : « Car,
nous dit l'historien, tout autre chose eût pu résulter de ce mélange. Dans les
autres pays il y a des nations, dans le nôtre, il y a une unité très spéciale,
la France est une personne . » Cet important chapitre préliminaire a
été écrit avec des fragments de l'histoire, coordonnés de manière à en faire
une synthèse. (M me J. H.)
2 Le cor d'ivoire joue un grand rôle dans les légendes
relatives aux Normands, par exemple, dans la légende bretonne de
Saint-Florent : « Le moine Guallon fut envoyé à Saint-Florent...
Lorsqu'il fut entré dans le couvent, il chassa des cryptes les laies sauvages
qui s'y étaient établies avec leurs petits... Ensuite, il alla trouver
Hastings, le chef normand, qui résidait encore à Nantes... Lorsque le chef le
vit venir à lui avec des présents, il se leva aussitôt et quitta son siège, et
appliqua ses lèvres sur ses lèvres ; car il professait, dit-on, tellement
quellement le christianisme... Il donna au moine un cor d'ivoire, appelé le Cor
des Tonnerres, ajoutant que, lorsque les siens débarqueraient pour le pillage,
il sonnât de ce cor, et qu'il ne craignit rien pour son avoir aussi loin que le
son pourrait être entendu des pirates. — D. Maurice, Preuves de l'histoire
de Bretagne , page 119.
3 Rendons toutefois hommage à la vaillance de deux
prêtres, l'évêque Gozlin et l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, qui se jetèrent
dans Paris, le défendirent contre les barbares qui l'assiégeaient avec un
furieux acharnement. La ville leur dut, en partie, de n'être point
prise.
LA FRANCE A VOL D'OISEAU
Revenant maintenant en arrière, nous allons essayer de
marquer d'une manière précise le caractère original de tous les points où ont
surgi les dynasties féodales. Chaque province obéit visiblement dans son
développement historique à l'influence diverse de sol et de climat. La liberté
morale est forte aux âges civilisés, la nature dans les temps barbares ;
alors les fatalités locales sont toutes puissantes, la simple géographie est
une histoire.
Le vrai point de départ de la nôtre doit être une division politique
de la France, formée d'après sa division physique et naturelle. Nous ne pouvons
raconter l'époque féodale ou provinciale (ce dernier nom la désigne
aussi bien), sans avoir caractérisé chacune des provinces. Une géographie toute
physique les prendrait selon les bassins et les cours des fleuves,
c'est-à-dire, pour les bassins principaux de la France en latitude :
Seine, Loire, Garonne. Alors, on verrait la Seine couler de Bourgogne en
Champagne, Ile-de-France et Normandie.
La Loire, partie du Forez, couler entre le Bourbonnais et la
Bourgogne, entre le Berry et le Nivernais et, par l'Orléanais, la Touraine,
l'Anjou, la Bretagne, arriver à la mer, etc. Cette méthode semble celle des
analogues. On suppose que les populations ont coulé avec les fleuves. Mais cela
n'est pas exact au moyen âge, où les fleuves n'ont pas été des routes. Sans
parler des difficultés physiques, les innombrables péages arrêtaient à chaque
pas.
Et d'ailleurs, combien, sur un même fleuve, diffèrent les peuples.
Voyez la Souabe, la Bavière, l'Autriche sur le même Danube. Sur notre Loire,
combien l'Orléanais, la Touraine, l'Anjou se ressemblent peu.
La Seine seule a facilité les mélanges et centralisé, harmonisé tout
ce qui lui est venu des diverses parties de la France.
Il ne suffit donc pas de tracer la forme géographique des provinces,
il y a nécessité de les étudier aussi historiquement selon leurs
associations politiques, c'est-à-dire en longitude, du Nord au Midi, de voir
comment l'histoire a violé la géographie.
La chose est saisissante surtout dans nos provinces de l'Ouest. Ainsi,
la maison d'Anjou, établie au centre de la Loire, d'énergie celtique, mais
moins exclusive que la Bretagne a, par mariage, sauté les hauteurs et pris la
Normandie, l'Angleterre et le Poitou, la Guyenne, etc., réclamant même, en
vain, Toulouse et les Pyrénées. Cette méthode historique nous permettra
d'observer aussi comment les provinces alternent de caractère et s'aimantent dans toute cette zone de
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