Notre France, sa géographie, son histoire
l'Ouest :
De l'universalité parisienne à la sévérité de Chartres
et d'Orléans.
De la mollesse de la Touraine à la fermeté intelligente
de Saumur et d'Angers.
De l' amabilité poitevine à la sauvagerie vendéenne, à la sécheresse industrielle et politique de La Rochelle.
De la grave Saintonge à la riche et aimable Angoulême.
De l' honnêteté de Limoges à l' âpreté spirituelle de
Brives.
Puis, comment les dualités Basco-Béarnaise, Gasco-Languedocienne et
Rouergo-Périgord, — tragi-comique, — font cercle autour de Bordeaux, de
l'aimable et indifférente Guyenne. Ces oppositions ou plutôt ces nombreux
contrastes, doivent contribuer à former l'harmonie générale.
C'est donc surtout par leurs fruits que ces diverses provinces
s'expliquent, je veux dire, par les hommes et les événements que doit offrir
leur histoire.
Du point où nous nous plaçons, nous prédirons ce que chacune d'elles
doit faire et produire, nous leur marquerons leur destinée, nous les doterons à
leur berceau.
Et d'abord, contemplons l'ensemble de la France, pour la voir se
diviser d'elle-même.
Montons sur un des points élevés des Vosges, ou, si vous voulez, au
Jura. Tournons le dos aux Alpes. Nous distinguerons (pourvu que notre regard
puisse percer un horizon de trois cents lieues) une ligue onduleuse, qui
s'étend des collines boisées du Luxembourg et des Ardennes aux ballons des
Vosges ; de là, par les coteaux vineux de la Bourgogne, aux déchirements
volcaniques des Cévennes, et jusqu'au mur prodigieux des Pyrénées. Cette ligne
est la séparation des eaux : du côté occidental, la Seine, la Loire et la
Garonne descendent à l'Océan ; derrière s'écoulent la Meuse au Nord, la
Saône et le Rhône au Midi. Au loin, deux espèces d'îles continentales : la
Bretagne, âpre et basse, simple quartz et granit, grand écueil placé au coin de
la France pour porter le coup des courants de la Manche ; d'autre part, la
verte et rude Auvergne, vaste incendie éteint avec ses quarante volcans.
Les bassins du Rhône et de la Garonne, malgré leur importance, ne sont
que secondaires. La vie forte est au Nord. Là s'est opéré le grand mouvement
des nations. L'écoulement des races a eu lieu de l'Allemagne à la France dans
les temps anciens. La grande lutte politique a longtemps été entre la France et
l'Angleterre. Ces deux peuples sont placés front à front comme pour se
heurter ; les deux contrées, dans leurs parties principales, offrent deux
pentes en face l'une de l'autre ; ou si l'on veut, c'est une seule
vallée dont la Manche est le fond. Ici la Seine et Paris ; là Londres et
la Tamise. Mais l'Angleterre présente à la France sa partie germanique ;
elle retient derrière elle les Celtes de Galles, d'Écosse et d'Irlande. La
France, au contraire, oppose un front celtique à l'Angleterre. Chaque pays se
montre à l'autre par ce qu'il a de plus hostile.
L'Allemagne n'est point opposée à la France, elle lui est plutôt
parallèle 1 . Le Rhin, l'Elbe, l'Oder vont aux mers du
Nord, comme la Meuse et l'Escaut.
Pour la France romaine et ibérienne, quelle que soit la splendeur de
Marseille et de Bordeaux, elle ne regarde que le vieux monde de l'Afrique et de
l'Italie, et d'autre part le vague Océan. Le mur des Pyrénées nous sépare de
l'Espagne, plus que la mer ne la sépare elle-même de l'Afrique. Lorsqu'on
s'élève au-dessus des pluies et des basses nuées jusqu'au port de
Vénasque, et que la vue plonge sur l'Espagne, on voit bien que l'Europe est
finie ; un nouveau monde s'ouvre ; devant, l'ardente lumière
d'Afrique ; derrière, un brouillard ondoyant sous un vent éternel.
En latitude, les zones de la France se marquent aisément par leurs
produits. Au nord, les grasses et basses plaines de Belgique et de Flandre avec
leurs champs de lin et de colza, et le houblon, leur vigne amère du Nord. De
Reims à la Moselle commence la vraie vigne et le vin ; tout esprit en
Champagne, bon et chaud en Bourgogne, il se charge, s'alourdit en Languedoc
pour se réveiller à Bordeaux. Le mûrier parait à Montauban.
En longitude, les zones ne sont pas moins marquées. Nous verrons les
rapports intimes qui unissent, comme en une longue bande, les provinces
frontières des Ardennes, de Lorraine, de Franche-Comté et de Dauphiné. La
ceinture océanique, composée d'une part de Flandre, Picardie
Weitere Kostenlose Bücher