Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
blessés ; parmi ces derniers se trouve le général de division Lagrange, qui a été atteint d'une balle au bras.
Nos troupes ont trouvé à Tudela beaucoup de magasins.
Le maréchal duc de Conegliano s'est mis en marche sur Sarragosse.
Pendant qu'une partie des fuyards se retirait sur cette place, la gauche qui avait été coupée, fuyait en désordre sur Tarraçone et Agreda.
Le duc d'Elchingen, qui était le 22 à Soria, devait être le 23 à Agreda ; pas un homme n'aurait échappé, mais ce corps d'armée se trouvant trop fatigué, séjourna le 23 et le 24 à Soria ; il arriva le 24 à Agreda assez à temps pour s'emparer encore d'une grande quantité de magasins.
Un nommé Palafox, ancien garde-du-corps, homme sans talens et sans courage, espèce de mannequin d'un moine, véritable chef de parti, qui lui avait fait donner le titre de général, a été le premier à prendre la fuite. Au reste, ce n'est pas la première fois qu'il agit de la sorte ; il a fait de même dans toutes les occasions.
Cette armée de quarante-cinq mille hommes a été ainsi battue et défaite, sans que nous en ayons eu plus de six mille engagés.
Le combat de Burgos avait frappé le centre de l'ennemi, la bataille d'Espinosa la droite, et la bataille de Tudela la gauche. La victoire a ainsi foudroyé et dispersé toute la ligne ennemie.
Aranda de Duero, 28 novembre 1808.
Douzième bulletin de l'armée d'Espagne.
A la bataille de Tudela, le général de division Lagrange, chargé de l'attaque de Cascante, fit marcher sa division par échelons, et se mit à la tête du premier échelon, composé du vingt-cinquième régiment d'infanterie légère, qui aborda l'ennemi avec une telle décision, que deux cents Espagnols furent percés dans la première charge par les baïonnettes. Les autres échelons ne purent donner. Cette singulière intrépidité avait jeté la consternation et le désordre dans les troupes de Castanos. C'est dans cette circonstance que le général Lagrange, qui était à la tête de son premier échelon, a reçu une balle qui l'a blessé assez dangereusement.
Le 26, le duc d'Elchingen s'est porté par Tarraçonne, sur Borja. Les ennemis avait mis le feu à un parc d'artillerie de soixante caissons qu'ils avaient à Tarraçonne.
Le général Maurice Mathieu est arrivé le 25 à Borja, poursuivant l'ennemi et ramassant à chaque instant de nouveaux prisonniers dont le nombre est déjà de cinq mille ; ils appartiennent tous aux troupes de ligue ; le soldat n'a pardonné à aucun paysan armé. Le nombre des pièces de canon prises est de trente-sept.
Le désordre et le délire se sont emparés des meneurs. Pour première mesure, ils ont fait un manifeste violent par lequel ils déclarent la guerre à la France ; ils lui imputent tous les désordres de leur cour, l'abâtardissement de la race qui régnait, et la lâcheté des grands, qui, pendant tant d'années, se sont prosternés de la manière la plus abjecte aux pieds de l'idole qu'ils accablent de toute leur rage, aujourd'hui qu'elle est tombée.
On se ferait en Allemagne, en Italie, en France, une bien fausse idée des moines espagnols, si on les comparait aux moines qui ont existé dans ces contrées.
On trouvait parmi les bénédictins, les bernardins, etc., etc., de France, d'Italie, une foule d'hommes remarquables dans les sciences et les lettres ; ils se distinguaient et par leur éducation et par la classe honorable et utile d'où ils étaient sortis ; les moines espagnols, au contraire, sont tirés de la lie du peuple, ils sont ignares et crapuleux ; on ne saurait leur trouver de ressemblance qu'avec des artisans employés dans les boucheries ; ils en ont l'ignorance, le ton et la tournure. Ce n'est que sur le bas peuple qu'ils exercent leur influence. Une maison bourgeoise se serait crue déshonorée en admettant un moine à sa table.
Quant aux malheureux paysans espagnols, on ne peut les comparer qu'aux fellahs d'Egypte ; ils n'ont aucune propriété ; tout appartient soit aux moines, soit à quelque maison puissante. La faculté de tenir une auberge est un droit féodal ; et dans un pays aussi favorisé de la nature, on ne trouve ni postes, ni hôtelleries. Les impositions même ont été aliénées et appartiennent aux seigneurs. Les grands ont tellement dégénéré, qu'il sont sans énergie, sans mérite et même sans influence.
On trouve tous les jours à Valladolid et au-delà, des magasins d'armes considérables. Les Anglais ont
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