Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
Vienne. Le général de division Vandamme, avec les Wurtembergeois, est à Saint-Polten, Mauteru et Krems.
La tranquillité règne dans le Tyrol. Coupés par les mouvemens du duc de Dantzick et de l'armée d'Italie, tous les Autrichiens qui s'étaient imprudemment engagés dans cette pointe, ont été détruits, les uns par le duc de Dantzick, les autres, tels que le corps de Jellachich, par l'armée d'Italie. Ceux qui étaient en Souabe n'ont eu d'autre ressource que de tâcher de traverser en partisans l'Allemagne, en se portant sur le Haut-Palatinat. Ils formaient une petite colonne d'infanterie et de cavalerie qui s'était échappée de Lindau et qui avait été rencontrée par le colonel Reiset du corps d'observation du général Beaumont ; elle a été coupée à Neumarck, et la colonne entière, officiers et soldats, a mis bas les armes.
Vienne est tranquille, le pain et le vin sont en abondance ; mais la viande que cette capitale tirait du fond de la Hongrie, commence à devenir rare.
Contre toutes les raisons politiques et tous les motifs d'humanité, les ennemis font l'impossible pour affamer leurs compatriotes et cette capitale qui renferme cependant leurs femmes et leurs enfans. Il y a loin de cette conduite à celle de notre Henri IV, nourrissant lui-même une ville qui était alors ennemie et qu'il assiégeait.
Le duc de Montebello est mort hier à cinq heures du matin. Quelque temps auparavant, l'empereur s'était entretenu pendant une heure avec lui. Sa Majesté avait envoyé chercher par le général Rapp, son aide-de-camp, M. le docteur Franck, l'un des médecins les plus célèbres de l'Europe ; ses blessures étaient en bon état, mais une fièvre pernicieuse avait fait en peu d'heures les plus funestes progrès. Tous les secours de l'art étaient devenus inutiles. S. M. a ordonné que le corps du duc de Montebello soit embaumé et transporté en France pour y recevoir les honneurs qui sont dus à un rang élevé et à d'éminens services. Ainsi a fini l'un des militaires les plus distingués qu'ait eus la France. Dans les nombreuses batailles où il s'est trouvé, il avait reçu treize blessures. L'empereur a été extrêmement sensible à cette perte qui sera ressentie par tous les Français.
Ebersdorf, 2 juin 1809.
Quinzième bulletin de la grande armée.
L'armée de Dalmatie a obtenu les plus grands succès ; elle a défait tout ce qui s'est présenté devant elle aux combats de Mont-Kitta, de Gradchatz, de la Liéca et d'Ottachatz. Le général en chef Sloissevich a été pris.
Le duc de Raguse est arrivé le 28 à Fiume, et a fait ainsi sa jonction avec l'armée d'Italie et avec la grande armée, dont l'armée de Dalmatie forme l'extrême droite. On fera connaître la relation du duc de Raguse sur ces différens événemens.
Le 28, une escadre anglaise de quatre vaisseaux, deux frégates et un brick, s'est présentée devant Trieste, avec l'intention de prendre l'escadre russe. Le général comte Cafarelli venait d'arriver dans ce port. Comme la ville était désarmée, les Russes ont débarqué quarante pièces de canon, dont vingt-quatre de 36 et seize de 24. On a mis ces pièces en batterie, et l'escadre russe s'est embossée. Tout était prêt pour bien recevoir l'ennemi qui, voyant son coup manqué, s'est éloigné.
Un millier d'Autrichiens ayant passé de Krems sur la rive droite du Danube, ont été culbutés par le corps, wurtembergeois qui leur a fait soixante prisonniers.
Ebersdorf, 4 juin 1809.
Seizième bulletin de la grande armée.
L'ennemi avait jeté sur la rive droite du Danube, vis-à-vis Presbourg, une division de neuf mille hommes, qui s'était retranchée dans le village d'Engerau. Le duc d'Auerstaedt l'a fait attaquer hier par les tirailleurs de Hesse-Darmstadt, soutenus par le douzième régiment d'infanterie de ligne. Le village a été emporté avec rapidité. Un major, huit officiers du régiment de Beaulieu, parmi lesquels se trouve le petit-fils de ce feld-maréchal, et quatre cents hommes ont été pris. Le reste du régiment a été tué, ou blessé, ou jeté dans l'eau ; ce qui restait de la division a trouvé protection dans une île pour repasser le fleuve. Les tirailleurs de Hesse-Darmstadt se sont très-bien battus.
Le vice-roi a aujourd'hui son quartier-général à Oedembourg.
Les effets les plus précieux de la cour ont été transportés de Bude à Peterswalde, où l'impératrice s'est retirée.
Le duc de Raguse est arrivé à Laybach.
Le
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