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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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s’il semblait aussi avoir dormi à la dure dans des bâtiments
abandonnés et avoir subi une forme de traitement dans un asile psychiatrique.
Il était rasé de près, ce qui suggère qu’il possédait un rasoir et qu’il
habitait à un endroit où il pouvait s’en servir.
    Le 26 janvier 1943, Michael fut découvert dans un
entrepôt désaffecté près de King’s Cross et fut transporté à l’hôpital de
St-Pancras, souffrant d’un grave empoisonnement. Comme les notes de
Sir Bernard Spilsbury l’attestent, les suicidés de l’Angleterre en guerre
trouvaient des moyens extraordinairement variés pour s’empoisonner : avec
de l’eau de Javel, du camphre, de l’opium, des médicaments, de l’acide
chlorhydrique, de l’alcool, du chloroforme ou encore du gaz. Michael ingéra de
la mort aux rats, probablement du «  Battle’s Vermin Killer  »,
une pâte contenant du phosphore blanc extrêmement toxique. On supposa que
Michael s’était tué intentionnellement. Son père avait essayé de se suicider et
l’autodestruction, tragiquement, semble se transmettre de père en fils. Mais on
peut aussi imaginer que l’empoisonnement ait été accidentel. La mort aux rats
était généralement mélangée à du pain rassis ou d’autres déchets
alimentaires : le phosphore brille dans le noir et les rongeurs sont
attirés à la fois par la lumière et par l’odeur. Il est parfaitement plausible
que, poussé par la faim, Michael ait mangé de la nourriture empoisonnée.
    L’intoxication au phosphore procure une mort
abominable : le milieu acide du système digestif produit une réaction avec
le phosphore et génère un gaz très toxique, la phosphine. La pathologie se
déroule en trois phases distinctes. Dans les minutes qui suivent l’ingestion,
la victime souffre de nausées et de vomissements quand le phosphore attaque
l’estomac. Ces symptômes sont suivis de délire, de crampes, d’agitation, de
convulsions, d’une grande soif et de deux symptômes particulièrement
déplaisants, spécifiques à l’intoxication au phosphore : les « selles
fumantes » et l’« haleine aillée ». La seconde phase, qui
survient dans les vingt-quatre heures, est relativement calme et les symptômes
semblent s’atténuer. Au cours de la troisième phase, la victime présente un
effondrement général du système nerveux central, une jaunisse, elle tombe dans
le coma, souffre de défaillances rénales, cardiaques et hépatiques, et enfin
elle meurt. Il aura fallu plus de deux jours au pauvre Glyndwr Michael pour
mourir, mais il semble avoir été suffisamment lucide dans la seconde phase pour
décliner son identité et dire ce qu’il avait mangé aux infirmières de
St-Pancras. Son décès fut prononcé le 28 janvier 1943.
    À trente-quatre ans, Glyndwr Michael était simplement passé
à travers les mailles d’une société qui avait d’autres soucis : il était
célibataire, enfant illégitime, probablement illettré, démuni, sans ami ni
famille. Certes, il était mort mal-aimé et sans que personne ne verse une
larme, mais sa mort n’était pas passée inaperçue.
    Dès que le corps sans vie de Glyndwr Michael arriva à la
morgue de St-Pancras, Bentley Purchase informa Ewen Montagu qu’un candidat pour
le projet était parvenu sous sa juridiction et qu’il serait « gardé au
frais jusqu’à ce que nous soyons disposés à le voir ».
    Purchase mena une enquête sommaire dont l’issue ne faisait
aucun doute. En cas de suspicion d’empoisonnement, le coroner aurait dû réaliser
une autopsie, mais aucune n’a été demandée dans ce cas, pour des raisons
évidentes. Purchase classa Michael parmi les « aliénés », ce qui
suggère qu’il avait été reconnu comme malade mental et qu’il suivait un
traitement. Le certificat de décès, basé sur l’enquête du coroner , le
décrivait comme « ouvrier, sans domicile fixe » et comme cause de
décès, indiquait un « empoisonnement au phosphore. Ingéra de la mort aux
rats au cours d’une tentative de suicide perpétrée alors qu’il n’avait pas
toute sa tête ». Purchase signala au registre que le corps allait
« quitter l’Angleterre » pour inhumation.
    En privé, le coroner fit une description plus
détaillée à Montagu. Le mort, expliqua-t-il, avait ingéré « une dose
minime » de mort aux rats. « Cette dose n’était pas suffisante pour
le tuer sur le coup et elle a eu pour seul effet de nuire au bon

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