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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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de
cirque, Bertram Mills, avait repris l’affaire au décès de son père en 1938 et
il était devenu l’un des principaux agents de l’équipe Double Cross. Mills
savait impressionner. La lettre, pompeuse et pédante, comme seul pouvait l’être
un père édouardien, était un « brillant tour de force ».
    Tél. : 98
Hôtel du Lion noir
Mold
Galles du Nord
    Le 13 avril 1943
    Mon cher William,
    Je ne peux pas dire que cet hôtel soit aussi confortable
qu’il ne l’était dans mon souvenir d’avant-guerre. J’y suis descendu car c’est
la seule solution ; je ne voudrais pas m’imposer une fois encore à ta
tante dont le personnel aux effectifs réduits et l’observance stricte des économies
de carburant (qui, je l’accorde, est nécessaire en temps de guerre) ont rendu
la maison presque inhabitable pour les invités, ou au moins pour une personne
de mon âge. J’envisage de rester en ville les nuits du 20 et 21 avril
puisque nous aurons certainement l’occasion de nous voir. Je joins un
exemplaire de la lettre que j’ai écrite à Gwatkin of McKenna à propos de tes
affaires. Tu pourras lire que je lui ai demandé de déjeuner avec moi au grill
du Carlton (qui est toujours ouvert, paraît-il), à une heure moins le quart, le
mercredi 21. Je serai ravi que tu puisses te joindre à nous. Nous ne
t’attendrons pas, donc je suppose que si tu parviens à te libérer, tu
t’efforceras d’être ponctuel.
    Ta cousine Priscilla a demandé à être rappelée à ton bon
souvenir. Bien qu’elle soit devenue une fille intelligente, je ne peux pas dire
que son travail pour l’Armée de Terre ait beaucoup amélioré son apparence. De
ce point de vue, j’ai bien peur qu’elle ne tienne de son père.
    Affectueusement,
Père
    Cholmondeley et Montagu s’amusaient beaucoup, emballés par
leur imagination débordante, par la profondeur des détails, par les
rebondissements de l’intrigue : le père exaspéré réglant les problèmes
financiers de son fils, plein de ressentiment contre la manière dont sa belle-sœur
régnait sur la maison familiale, le forçant à passer la nuit dans un hôtel de
seconde zone ; la nièce Priscilla, intelligente mais disgracieuse qui,
comme il était sous-entendu, avait un petit faible pour son cousin Bill ;
les allusions aux privations et au rationnement ; l’artistique tache
d’encre sur la première page. Le sens de l’humour acide de Montagu transpirait
dans les moindres mots des lettres.
    Maintenant que la vie de Martin était tracée dans ses
grandes lignes, Cholmondeley commençait aussi à réunir les petits objets qu’un
officier pouvait avoir dans les poches et dans son portefeuille en temps de
guerre, des détails sans importance à eux seuls mais vitaux pris ensemble. Dans
le jargon moderne de l’espionnage, cela s’appelle du « fouillis de sac à
main », toutes les petites choses que l’on accumule et qui en disent long
sur la personnalité de leur propriétaire et sur les lieux qu’il a visités. Dans
le fouillis de Martin, on trouverait un carnet de tickets, dont deux
usagers ; une croix en argent avec son collier et une médaille de saint
Christophe, un bout de crayon, des clés, un paquet de cigarettes Player’s Navy
Cut (les cigarettes habituelles de la Navy), des allumettes et un ticket de bus
usager. Ils ajoutèrent dans son portefeuille un laisser-passer périmé pour le
QG des Opérations Combinées, comme preuve supplémentaire de son attitude
laxiste vis-à-vis de la sécurité. Les membres de la section 17M, qui
étaient tous dans la confidence, apportèrent chacun leurs contributions. On discuta
beaucoup sur le club fréquenté par Bill. Margery Boxall, la secrétaire de
Montagu, obtint une invitation au Club Cabaret , un club de nuit du
Londres branché, comme preuve du penchant de Martin pour la grande vie. On y
ajouta un fragment d’une lettre déchirée, adressée à Bill en provenance d’une
adresse dans le Perthshire, et faisant état de bribes de commérages
romantiques : « … au dernier moment – c’est d’autant plus
regrettable qu’il ne l’avait pour ainsi dire jamais vu avant. Mais, comme je le
lui ai dit… » L’écriture est celle de John Masterman.
    Deux plaques d’identification, sur lesquelles était gravé
« Major W. Martin, R.M., R/C » ( Roman Catholic ou
catholique romain), seraient attachées aux bretelles qui retiendraient le
pantalon du mort. Une facture pour des chemises de chez

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