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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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déclenchant un tir en rafale sur les positions ennemies.
    Bugat et Hastarran s’élancent. Dans chaque main ils tiennent une grenade dégoupillée (l’explosion ne peut se produire qu’en lâchant la pression sur la cuiller). Ils courent avec la puissance et la rage d’hommes qui savent qu’une fraction de seconde peut sauver leur vie. Hastarran est atteint à mi-pente d’une balle en pleine tête. Dans sa chute ses mains s’ouvrent et libèrent les cuillers des grenades qui éclatent, déchiquetant son corps.
    Bugat est parvenu à lancer sa première grenade qui a explosé en plein centre de l’abri ennemi. Sans freiner sa course, il parcourt encore deux mètres avant de jeter sa seconde grenade. Elle aussi fait mouche. Lorsqu’il se précipite dans le vaste trou qu’avaient creusé les viets, il trouve quatre corps en charpie. Malheureusement leur F. M. est inutilisable et il ne peut le retourner contre les autres positions rebelles. Il n’a pas vu tomber Hastarran, mais il comprend que son compagnon a échoué. Alors, sans se donner le temps de reprendre son souffle, Bugat dégoupille deux nouvelles grenades et se rue à l’assaut de l’abri central. Les viets sont surpris ; ils pensaient en toute logique que le légionnaire prendrait une minute ou deux de répit ; leur flottement permet à Bugat de parvenir à portée de leur trou et d’y lancer ses deux grenades. Le jet est hélas  moins précis ; les viets se ressaisissent et Bugat reçoit une balle dans la hanche. Il poursuit pourtant son avance, dégoupille une troisième grenade. Il la lance, il reçoit une balle dans la cuisse. Il jette une quatrième grenade, reçoit une troisième balle dans l’épaule mais parvient à atteindre l’abri ennemi dans lequel il s’effondre. Ses grenades ont fait trois morts ; affalé dans un coin, un quatrième homme vit encore. Comme Bugat, il est couvert de sang, atteint de plusieurs blessures, son bras gauche est déchiqueté et pend mort, son pantalon de fin drap noir adhère à la peau de son ventre, collé par le sang qui continue à se répandre.
    Les deux moribonds s’observent, haletants. Désespérément le viet cherche une arme autour de lui. Bugat se demande s’il lui reste la force d’en faire autant. Probablement. Mais il n’en a pas envie. Il lui semble que le viet met un siècle pour se rapprocher d’un poignard accroché à la ceinture d’un mort. Il le voit s’en emparer et ramper l’arme dans sa main, s’approchant de lui, centimètre par centimètre, en s’aidant de son coude valide comme point d’appui. Lorsque le viet parvient à sa hauteur et dans un dernier effort lève son arme, c’est seulement par réflexe que Bugat se protège de la main. Le couteau traverse sa paume de part en part.
    Après son ultime sursaut, les ressources nerveuses du viet l’abandonnent. Sa tête bascule sur la poitrine de Bugat ; de sa bouche s’échappe un flot de sang. Le légionnaire a la force d’écarter sa main transpercée, faisant basculer le petit viet qui n’a pas lâché le manche du poignard dans sa mort.
    Entre-temps, la dernière position ennemie a été investie sans peine par quatre hommes entraînés par le lieutenant Noack. Les viets avaient retourné leur dernier F. M. contre leur position centrale et ils sont pris à rebours sans que les légionnaires subissent de nouvelles pertes. Au loin, Noack aperçoit le gros du groupe ennemi qui décroche ; il les évalue à une centaine qui devaient se tenir prêts à intervenir.
    Raphanaud, à la tête d’une section, gagne le poste central viet. Il aperçoit Bugat qui vit encore. À son tour, Noack rejoint le capitaine et contemple l’hallucinant spectacle. Bugat et son viet. La mare de sang dans laquelle baignent le mort et le survivant. La main du légionnaire déchirée par le couteau que tient toujours le mort dans son poing crispé.
    En attendant l’arrivée du médecin-capitaine, Noack confectionne un garrot au-dessus du poignet de Bugat, puis, d’un geste sec, il retire la lame, soulève le mort sans ménagement et le rejette en arrière.
    Bugat est transporté auprès des autres blessés. Lambert juge la gravité des blessures, tente d’évaluer la quantité de sang perdu.
    Dès qu’il est pansé, Raphanaud interroge le médecin.
    « Il a une chance d’en sortir ?
    –  Sauf complications, oui. Les trois balles qu’il a reçues ne sont pas mortelles.
    –  Vous manquez de plasma pour lui faire une

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