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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Don de l’Union des Femmes Françaises.
    Bizarrement, toute colère semble avoir abandonné le capitaine. Il a ramassé une poignée de petits tracts. Il les scrute d’un regard aveugle. Puis, ouvrant la main, il laisse les tracts s’éparpiller autour de lui, en déclarant d’un ton neutre et monocorde :
    « Voilà pourquoi tu es mort, mon pauvre Parsianni ! Parce qu’une bande de conasses inconscientes occupent leurs loisirs à vouloir réformer l’humanité. Des Françaises t’ont assassiné en vertu des grands principes et des bons sentiments. Paix à ton âme, mon vieux Parsianni, et Dieu fasse qu’au moins l’une de ces passionarias connaisse un jour les circonstances de ta fin. »

 
     
     
     
     
QUATRIEME PARTIE

 
23.
     
     
     
    P EU après l’infernale poursuite d’Ho Chi Minh par le commando Mattei, les services de renseignement affirment avoir retrouvé la trace du chef rebelle : l’état-major viet-minh se serait réfugié à Bac-Kan, près de la frontière chinoise, dans la jungle montagneuse du Haut-Tonkin que les troupes françaises n’ont pas encore reconquise.
    La réaction du haut-commandement est d’une extrême rapidité. En quelques heures l’opération « Léa » rassemble, pour un raid éclair, toutes les unités parachutistes disponibles au Tonkin. Plusieurs compagnies seront larguées sur Bac-Kan ; des commandos s’empareront de points stratégiques dans un rayon de cinquante kilomètres autour de la bourgade tonkinoise, avec pour mission d’intercepter éventuellement les fuyards.
    La spectaculaire opération « Léa » ne réussira pas plus que le commando Mattei, mais si « l’oncle Ho » reste insaisissable, les nouvelles des parachutistes sont délirantes d’optimisme. Ils évoluent sans encombre sur la R. C. 3, la route coloniale n° 3 qui relie la bourgade de Bac-Kan au nœud routier de Cao-Bang. Ils ne trouvent pas de résistance sur la R. C. 4, la route coloniale n° 4 qui, de Lang-Son à Cao-Bang constitue l’axe de pénétration principal dans le Haut-Tonkin. Ils se font fort de pouvoir reconquérir les principales villes du Haut-Tonkin : Cao-Bang, Dong-Khé, That-Khé, Lang-Son. Les villes, c’est beaucoup dire, car la plupart d’entre elles – et surtout Cao-Bang – sont en ruine. Mais peu importe, le fait que les garnisons françaises les occupent va, estime le commandement, permettre de contrôler toute la Haute-Région et de rétablir la circulation sur les routes coloniales 3 et 4.
    Le 6 août 1947, l’ordre est donné de regrouper à Lang-Son le 3 e Étranger dont les éléments sont dispersés dans la région d’Hanoï à Haïphong. La 4 e compagnie est l’une des premières à parvenir au rendez-vous de la ville-clé de la R. C. 4. Deux journées de repos lui y sont octroyées.
    Mattei vient d’obtenir son troisième galon. Par superstition il a refusé de changer de képi : une étincelante ficelle dorée brille au-dessus de ses deux galons de lieutenant, fanés et usés. À peine arrivé à Lang-Son, le nouveau capitaine se précipite aux renseignements, mais il n’apprend rien sur la nature de sa mission, sinon qu’elle sera longue.
    Les hommes sont préoccupés par de tout autres problèmes, et finissent, évidemment, par se retrouver au bordel local. Certains d’entre eux n’en sortiront pas avant quarante-huit heures, ne rejoignant leur unité que quelques minutes avant le départ. D’autres, plus prudents, prennent à tout hasard des précautions. C’est le cas d’Ickewitz et de Fernandez. Une pensée les obsède : de quoi demain sera-t-il fait ? Ce qui en gros signifie : que trouvera-t-on à picoler là où on va nous expédier ? Les deux légionnaires pressentent l’exil dans un poste perdu avec quelques rares bouteilles de bière tiède pour étancher leur soif. Or, ici, à Lang-Son, l’alcool ne manque pas…
     
    Aux alentours de dix heures du soir, Ickewitz et Fernandez sont attablés dans l’un des cinq ou six bistrots entre lesquels ils tournent en rond depuis des heures. Pour la centième fois peut-être, Ickewitz rabâche son idée fixe : « Faut faire quelque chose, Fernandez. Faut trouver de la gnôle, des pleins tonneaux, sinon on va crever.
    –  Tu m’emmerdes ! Où veux-tu qu’on trouve des tonneaux ? Et même si on en trouvait, où pourrait-on les planquer ?
    –  Je crois que j’ai une idée. »
    Ses seules idées, Ickewitz les réserve à l’alcool ou à la façon de

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