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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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l’ouïe, les mouvements et les occupations des deux viets : l’installation d’un réchaud ou d’un matériel destiné à la fabrication de thé ou autre préparation culinaire. Ce n’est évidemment qu’une hypothèse, mais en revanche, les sons suivants perçus par l’oreille attentive de l’officier, ne laissent aucun doute sur leur origine.
    Le crépitement d’une machine à écrire, utilisée par des doigts compétents, résonne dans le hall voûté. Le dialogue a cessé entre le couple et la cadence de la machine démontre que la femme porte toute son attention à sa tâche. Pendant deux heures, le claquement de la machine ne cesse de retentir que lorsque la secrétaire change ses feuilles. Mattei jubile. Selon toutes probabilités c’est pour lui qu’elle travaille. Il y a de fortes chances pour qu’il récupère les documents qu’elle tape…
    Exactement comme l’avait annoncé Kien, l’arrivée des responsables viets s’échelonne entre vingt-deux heures et vingt-deux heures trente. Sans bouger, le capitaine considère qu’il pourra décider de l’attaque en se fiant à son oreille ; le brouhaha confus qu’il perçoit pour l’instant n’a rien d’un colloque. Donc, logiquement, il pourra deviner la naissance du débat et, de ce fait, être sûr de la présence de l’ensemble des participants. Il ne se trompe pas. Au bout d’un moment, le tumulte jacassant fait place à un silence relatif, il est évident que les hommes s’installent.
    Mattei dégage sa tête de son madrier et risque un coup d’œil sur la paroi opposée qu’il surplombe. Il bénit Kien. Le tableau qu’il découvre démontre que le jeune Man connaissait et prévoyait la situation dans ses moindres détails. Le capitaine dénombre une dizaine d’hommes alignés, debout contre le mur. Aucun d’entre eux ne lève la tête dans sa direction. Leurs yeux sont fixés vers le centre de la pagode, là où les chefs doivent se trouver installés sur leurs coussins. Les dix hommes qui sont dans le champ visuel de Mattei ne peuvent lui échapper et les autres gardes du corps vont se trouver pris dans le feu croisé de ses compagnons.
    De son pistolet mitrailleur, le capitaine déclenche son feu meurtrier. Les viets tombent. Autour de lui, les quatre légionnaires ont ouvert le tir simultanément. Mattei change trois fois de chargeur, s’acharnant sur les hommes à terre. Un survivant pourrait tuer l’un d’eux car dès que les légionnaires vont descendre, c’est vers le centre qu’ils devront se porter. Courageusement, mais stupidement, les deux viets laissés à la porte comme guetteurs, font irruption dans la pagode et sont abattus. Mattei hurle :
    « Tous en bas ! »
    Dans un ensemble parfait, les cinq légionnaires atterrissent arme au poing, avec une souplesse féline. Ils entourent le groupe central qui n’a pas la moindre chance d’échapper. Pourtant, plusieurs des hommes encerclés cherchent à se saisir d’une arme, contraignant les légionnaires à ouvrir le feu. Neuf viets sont mortellement atteints, les trois derniers et la femme se rendent, levant leurs bras.
    Ickewitz, très à l’aise, patauge au milieu des cadavres et des mourants, s’assurant qu’aucun d’eux ne risque de tirer un coup de pistolet. Mattei est fasciné par l’amoncellement de documents éparpillés. Quant à Clary, c’est la femme qui provoque son intérêt ; elle est jeune et jolie, et il la dévisage avec une convoitise mal dissimulée. Fernandez, lui, explore les poches des morts.
    « Ickewitz, gueule Mattei, ligote-moi ces quatre Chinois. Klauss, Clary, ramassez tous les papiers que vous trouverez. Et Fernandez, apporte-moi le pognon que tu viens de rafler, répugnant chacal !
    –  Il n’y a pas de pognon, mon capitaine, je cherchais des documents ou des armes.
    –  Ce que tu vas trouver, c’est mon pied au cul, si tu ne m’apportes pas le fric !
    –  La moitié, mon capitaine, marchande Fernandez.
    –  Partage-le en quatre, après tout, je m’en fous !
    –  En trois, rectifie Klauss, je ne détrousse pas les morts. »
     
    Poussant devant eux les quatre prisonniers, les légionnaires prennent, dans la nuit, le chemin du retour. Ils retrouvent les chevaux là où ils les avaient laissés. Pour faire marcher les captifs, ils les entravent par les mains, à quelques mètres derrière les montures. S’approchant du capitaine, Clary suggère : « Je peux laisser mon cheval à la gonzesse, mon

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