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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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« probablement des A. X. 1 », cela signifiait en langage clair : « Ce sont des huiles, mais vous n’en tirerez rien. »
    « En revanche, poursuit le capitaine, j’ai eu la chance de mettre la main sur un paquet de documents qui vous en apprendront sûrement plus que ces trois lascars.
    –  Qu’est-ce que c’est encore que cette salade, Mattei ? inte rroge le commandant. Où avez-vous perpétré ce commando ? En dehors de votre secteur, en tout cas… Lemoine est venu me raconter une histoire à dormir debout ; il est aux arrêts pour vous avoir laissé passer.
    –  Mon commandant, interrompt l’O. R. qui a déjà plongé son nez dans les paperasses étalées sur le capot de la jeep, je crois que nous tenons des renseignements de tout premier ordre.
    –  Évidemment, le bilan va encore vous sortir d’un mauvais pas, Mattei. Mais, méfiez-vous, la chance n’est pas éternelle. Et puis, qu’est-ce que c’est que cette fille que vous trimbalez ?
    –  Mon informatrice, mon commandant. C’est grâce à elle que j’ai pu mener à bien cette mission. »
    Aucun doute n’effleure le chef de bataillon à ce sujet. Il fallait bien que Mattei tire ses renseignements de quelqu’un pour réussir une opération de cette envergure. Le capitaine ne cherche pas à prolonger le dialogue.
    « Bien, commandant. Si vous m’y autorisez, je regagne Ban-Cao. Je vous transmets un rapport dans les plus brefs délais », conclut-il.
    Avant que la jeep ne s’éloigne, le chef viet se dégage d’une brusque secousse de l’étreinte légère du légionnaire qui le retenait distraitement, et, se courbant vers l’arrière de la jeep, il crache au visage de sa fille. Il est aussitôt tiré violemment en arrière et reçoit un coup de poing qui l’envoie par terre. Mattei, d’un signe, ordonne à Klauss de poursuivre le chemin.
    Dès que la jeep quitte la cour du quartier, le capitaine se retourne vers la jeune fille :
    « J’espère que vous avez compris les raisons de son geste ? » demande-t-il.
    La jeune Tonkinoise acquiesce d’un signe de tête :
    « Il m’avait prévenue qu’il le ferait, quand il m’a parlé tout à l’heure. Il m’a dit que ce serait son adieu, son dernier geste d’amour envers moi. »

28.
     
     
     
    L A renommée de Ban-Cao dépassait le cadre de la Haute-Région ; jusqu’à Hanoï, et même Saigon, on parlait de la réalisation du capitaine de Légion. De cet état de choses devait naître une situation qui portait Mattei au paroxysme de l’exaspération : la visite de Ban-Cao par les « huiles » de toutes sortes, attirées par le colonel V… qui jouait le rôle d’agent de publicité. – « Une mère maquerelle qui vante les mérites de ses putes », disait Mattei.
    Le programme ne variait guère. La veille ou l’avant-veille, on prévenait par radio : « Le général X… ou l’administrateur Y… ou même tel ou tel ministre de passage a entendu parler de la conception intelligente de votre poste modèle… Il serait très désireux, etc. » Le lendemain ou le surlendemain, à l’heure dite, un Morane atterrissait sur la piste. Le colonel V… en descendait toujours impeccablement cintré dans son élégant uniforme, suivi de deux ou trois personnes d’allure autoritaire et suffisante. Alors commençait ce que Mattei appelait : « la visite du château ». Lui, se contentait de suivre le cortège, dissimulant à grand-peine son agacement et le malaise que lui causait le port de son uniforme réglementaire. Il laissait le colonel V… se conduire en seigneur des lieux. D’ailleurs, les visites se reproduisaient si fréquemment que le colonel connaissait maintenant le poste dans ses moindres recoins et, du moins dans ce rôle de guide, il se montrait parfaitement compétent.
    Un soir, à l’issue de l’une de ces inspections admiratives, Mattei et Osling assistent à l’envol de l’avion qui reconduit à Hanoï son chargement de hautes personnalités. Sans qu’Osling en soupçonne la raison, le capitaine est soudainement secoué par un éclat de rire. Le sergent-chef le dévisage, intrigué :
    « Un élément irrésistible de drôlerie a dû m’échapper, mon capitaine. »
    Mattei entraîne le sergent le tenant par le bras, sans interrompre son hilarité.
    « Non, Osling, vous ne pouvez pas comprendre. J’ai eu une vision ; je voyais le colonel debout à la porte de l’avion, son képi à la main, et déclarant :

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