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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Qu’est-ce qui vous prouve ma sincérité ?
    –  Appelons ça de l’intuition. Si je me trompe, tant pis pour elle. »
    Mattei n’a pas la moindre envie de s’embarrasser d’une fille, surtout jolie. Il imagine les sources de tracas, qu’une telle présence risque de créer à Ban-Cao. En revanche, la proposition du chef viet peut la tirer d’un grand embarras. Sur l’opération fructueuse qu’il vient de mener à bien, le capitaine va devoir rendre des comptes. On va le mettre en demeure de donner la source de son information, et en aucun cas, il ne veut compromettre Kien. D’une part, parce qu’il peut attendre de lui d’autres renseignements, d’autre part parce que des fuites éventuelles auraient pour le jeune Man les pires conséquences. Soudainement décidé, Mattei répond :
    « Il y a un moyen, un seul, c’est que la fille accepte de passer pour notre informatrice. Je la signalerai dans mon rapport, ce qui me permettrait d’en exiger la garde. En revanche, avant une semaine, tous vos copains seront avisés et persuadés de sa culpabilité. Je vous autorise à la prévenir. Si elle nous suit, elle change de camp sans aucun espoir de retour dans le vôtre. »
    Le viet semble un moment perplexe. Pour sa race, il est très grand, il se tient droit, ses mains entravées n’enlèvent rien à la noblesse de sa silhouette. Il reprend sur un ton résigné :
    « Je suppose que je n’ai pas non plus de grandes chances de rejoindre les miens.
    –  Je crains que non.
    –  Si je refuse de parler, je serai supplicié jusqu’à la mort. Si je parle, je serai ensuite sommairement exécuté.
    –  Je ne veux pas le savoir.
    –  Je ne vous prenais pas pour un lâche. »
    Singulièrement, Mattei conserve son calme.
    « Je ne pense pas être un lâche, mais je ne suis pas le Bon Dieu, je ne suis qu’un capitaine responsable d’une compagnie. Chez moi, les méthodes auxquelles vous faites allusion et que vous êtes les premiers à employer, sont exclues et bannies. Mon pouvoir s’arrête là. »
    Le chef viet semble un instant plongé dans un abîme de réflexions. Enfin, il poursuit amèrement :
    « Si vous employez avec la petite votre procédé classique qui consiste à « mouiller », comme vous dites, vos adversaires pour en faire des partisans engagés, pouvez-vous au moins vous porter garant de sa sécurité ? Elle n’a pas seize ans. »
    L’attitude du viet intrigue Mattei.
    « Le sort de cette gosse paraît vous tenir particulièrement au cœur.
    –  C’est ma fille.
    –  Je vous donne ma parole que rien de fâcheux ne lui arrivera tant qu’elle acceptera de demeurer parmi nous.
    –  Elle acceptera si vous me laissez lui parler. »
    Le chef viet n’échange que quelques mots avec sa fille avant de rejoindre le groupe. Mattei fait installer les trois prisonniers à plat ventre sur le capot de la jeep. Il les attache soigneusement, moins par crainte qu’ils ne cherchent à s’enfuir que pour les préserver d’une chute. Ensuite, le capitaine donne l’ordre de détacher la jeune fille et la fait installer à l’arrière, entre Ickewitz et Fernandez. Klauss reprend le volant, tandis que Clary, imitant les gestes que Kien avait faits à l’aller, précède à pied le véhicule pour le guider sur l’étroit sentier.
    Dès qu’ils parviennent au chemin, Clary se tasse auprès du capitaine et la jeep repart lentement.
    Au barrage de Soc-Giang, Mattei déclare aux sentinelles qui contemplent, interloquées, l’étrange équipage :
    « Prévenez l’O. R. du 2 e bataillon à Cao-Bang. Signalez-lui que je lui amène trois clients de luxe et des documents. »
    Lorsque le commando arrive à Cao-Bang, le jour est levé. La jeep n’a pas plus tôt franchi la porte de la cour du quartier, que l’officier de renseignements, accompagné du chef de bataillon R… se précipitent, intrigués par le message qu’ils viennent de recevoir. Mattei connaît personnellement l’O. R., le lieutenant K…
    « Je t’amène du gros gibier, déclare-t-il. Vraisemblablement A. X. 1 » (les lettres A, B, C, désignent la position hiérarchique d’un prisonnier, A en est le sommet et X est généralement attribué à un supérieur ennemi dont on suppose qu’il ne parlera pas, les chiffres 1,2, 3,4 signalent, dans l’ordre, la valeur des renseignements que possèdent vraisemblablement les prisonniers).
    Lorsque Mattei a annoncé à l’officier de renseignements

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