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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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capitaine prend une minute de réflexion. Il scrute attentivement la carte comme si elle pouvait fournir une réponse à la multitude de questions qu’il se pose. Puis, brusquement, il se retourne, ouvre la porte, et tonne dans le couloir :
    « Fernandez ! »
    Instantanément, Fernandez apparaît. Contre toute logique il est en tenue de combat et parfaitement réveillé.
    « Mon capitaine ?
    –  Tu écoutais derrière la porte, charognard ! Je m’en fous, mais épargne-moi ton numéro d’indignation, il m’exaspère.
    –  J’ai tout entendu, mon capitaine, mais c’était par hasard, je passais…
    –  Ta gueule ! Va réveiller Klauss, Ickewitz et Clary. On taille la route dans une demi-heure. Préviens le radio de contacter Cao-Bang, je vais leur parler moi-même.
    « Je te fais confiance, ajoute Mattei à l’adresse de Kien. Je suivrai tes instructions ; accompagne-moi à la radio. »
    Lorsqu’ils arrivent dans la pièce exiguë qui abrite le poste radio, un caporal, vêtu seulement d’un slip, est en train de débiter sur le ton conventionnel des échanges :
    « Cao-Bang, ici le poste de Ban-Cao, je vous reçois 5 sur 5. Comment me recevez-vous ? À vous. » Après un temps d’écoute, le radio reprend : « Parfait, je vous passe mon Autorité qui désire vous parler en personne. » Mattei se coiffe du casque et dé clare : « Ici, capitaine Mattei. Mettez-moi en rapport avec l’officier de service. À vous. » Après un temps, il crie :
    « Eh bien, réveillez-le, bougre de con ! Évidemment, c’est important ! »
    Quelques minutes s’écoulent. Mattei, silencieux et attentif, allume une cigarette, il en propose une à Kien qui refuse ; enfin le contact reprend :
    « Ah ! C’est vous, Lemoine ? Ici Mattei. Dites-moi, mon vieux, je monte une opération d’un genre spécial. -Les ordres viennent de très haut. Je pars de Ban-Cao dans un quart d’heure. Un seul véhicule : ma jeep. Faites en sorte que je franchisse les barrages de Cao-Bang sans encombre, et prévenez Na-Khan, Na-Giang et Soc-Giang. Même consigne pour eux. À vous. »
    Résigné, Mattei écoute calmement la réponse à laquelle il s’attendait, enfin il reprend :
    « Lemoine, je le sais aussi bien que vous que la route n’est pas sûre, et figurez-vous que moi aussi j’ai une carte, et que je n’ignore pas que Soc-Giang n’est pas loin de la frontière. Ça ne m’amuse pas d’exposer ma vie, mais je ne tiens pas à être cassé de mon grade pour insubordination, même si le général T… est fou à lier !
    –  Le général T… ? grésille dans l’appareil la voix du lieutenant des transmissions.
    –  Évidemment, vous ne pensez pas que c’est sur moi que je prends une telle responsabilité, ou que je suis insomniaque. »
    Après un nouveau temps d’écoute, Mattei conclut : « Parfait ! Entendu. Je parlerai de vous au général pour lui signaler la promptitude avec laquelle vous avez exécuté ses ordres. Je ne vous vois pas loin du tableau, mon vieux, merci encore. »
    Klauss, Clary et Ickewitz rejoignent au pas de course. Sans leur accorder un regard, Mattei déclare simplement :
    « Nous partons en Chine avec Kien. On s’entasse à six dans ma jeep. Départ dans cinq minutes. » Klauss ne pose qu’une question : « Armement, mon capitaine ? »

 
27.
     
     
     
    L A jeep atteint Cao-Bang en moins d’une heure. Au barrage qui en protège l’accès, se trouve le lieutenant Lemoine des transmissions. Il a mis à profit le temps écoulé depuis le contact radio pour se raser, se laver, et se présenter dans une tenue impeccable.
    « Il devait penser que le général serait avec moi, songe Mattei. Il faut vraiment qu’il soit borné. »
    Le lieutenant se présente réglementairement.
    « Mon capitaine, les postes vous attendent jusqu’à Soc-Giang. J’ai transmis vos consignes, on vous laissera passer.
    –  Parfait, merci, rétorque Mattei, en faisant signe à Klauss d’embrayer.
    –  Mon capitaine, ajoute timidement Lemoine, vous n’oublierez pas, pour le général. Vous savez, j’aurais déjà dû être au tableau cette année.
    –  Comptez sur moi, Lemoine, cette injustice sera réparée. »
    Mattei ponctue sa phrase d’un clin d’œil, et d’un geste léger, il tape de deux doigts ses épaulettes de capitaine.
    Dès que la jeep a repris sa course, Klauss interroge :
    « Ça ne me regarde pas, mon capitaine, mais j’ai l’impression

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