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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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capitaine. Moi je n’ai rien à eh foutre de marcher à pied.
    –  Et moi, donc ! Mais surveille-la, et je tiens à te prévenir : si tu cherches à te placer, tu as intérêt à le faire rapidement, parce qu’en arrivant à Cao-Bang, elle gîte au 2 e Bureau avec les autres.
    –  Ah ! On va pas la garder, déplore Clary déçu. Alors, elle a qu’à marcher. »
    Il monte sur son cheval sans lâcher la laisse qui tire la fille. La colonne s’ébranle silencieuse sur le sentier qui grimpe vers la Chine. La déclivité abrupte du chemin rend l’ascension pénible pour les bêtes qui souffrent visiblement. Derrière elles, les prisonniers sont contraints, par moments, de se laisser traîner. Plusieurs fois, la fille trébuche et tombe à genoux. Clary, d’un coup sec sur sa laisse, l’oblige à se relever et à reprendre sa marche. Après deux ou trois répétitions de ce manège, Clary, maugréant et pestant contre lui-même, descend de cheval, marmonnant entre ses dents :
    « Je suis trop cul, un vrai micheton. (Puis il poursuit à l’adresse de la fille.) Allez, grimpe là-dessus, connasse ! Et arrête de gémir, je pourrais changer d’idée. »
    En souplesse, la fille monte sur le cheval, et souriant timidement au légionnaire, elle dit :
    « Merci.
    –  Tu parles français ?
    –  Évidemment. Tous, nous parlons français. »
    Clary active la marche du cheval qui a pris quelques mètres de retard sur le reste de la colonne. Lui-même trotte, haletant, frappant les fesses de l’animal épuisé. Lorsqu’ils ont rattrapé Klauss qui ferme la marche, Clary se porte en avant et saisit le cheval par la bride. Il demande à la fille :
    « Tu sais lire et écrire le français ?
    –  Oui.
    –  Si j’obtenais l’autorisation du capitaine, tu travaillerais pour nous ?
    –  Je ne trahirai pas les miens.
    –  Écoute, imbécile, tu sais ce qui va t’arriver si on te laisse à Cao-Bang ? Ils vont te faire baiser par tout un bataillon de bicots, jusqu’à ce que tu dises tout ce que tu sais. Après on t’expédiera dans un claque, d’où tu ne pourras plus jamais sortir de ta vie. »,
    La prisonnière ne se fait aucune illusion sur les motifs qui poussent le légionnaire à lui proposer son soutien. Malgré ses exagérations, elle ne se leurre pas non plus sur le sort qui l’attend.
    « Que faudra-t-il que je fasse ? demande-t-elle.
    –  Écoute-moi, le capitaine est un bon type, je te le garantis. S’il accepte de te protéger, personne ne te touchera, et pour ça, il suffit de lui révéler tout ce que tu sais. De toute façon, d’une manière ou d’une autre, c’est-ce qui arrivera, alors autant éviter le pire… »
    Un long moment la fille garde le silence ; elle ne détient pas de secret qui puisse changer quoi que ce soit au combat des siens, et puis, elle pourra toujours tricher. Le principal c’est d’éviter les violences qui la menacent. Le type qui marche à ses côtés s’est montré prévenant, son attitude prouve qu’il cherche à la séduire alors qu’il a la possibilité d’abuser d’elle. Elle a assisté à la scène de pillage ; les réactions de l’officier et du sous-officier, qui s’exclurent du partage, jouent en faveur du groupe dont elle est momentanément la captive.
    Le prisonnier qui les précède a entendu le dialogue. En français, il déclare :
    « Va avec eux s’ils te le proposent, Tinh, j’en parlerai moi-même à leur chef. »
    La fille ne répond pas. La colonne a atteint le sommet du col et s’engage dans la descente.
    Le jour n’est pas encore levé lorsqu’ils parviennent à la jeep. Il va falloir tenir à neuf à bord du véhicule et néanmoins ne pas relâcher la vigilance. Tandis que Mattei cherche une solution à ce problème, le prisonnier qui avait parlé à la fille s’adresse à lui :
    « Capitaine, je voudrais vous dire un mot.
    –  Je vous écoute.
    –  Tinh Lang, notre secrétaire, est étrangère à toutes nos activités. Elle nous a rejoints il y a juste un mois. Nous l’avons employée à cause de ses capacités de dactylo, mais elle se contente de taper des notes auxquelles elle ne comprend rien. Vous connaissez le sort de ceux qu’on cherche à forcer à dire ce qu’ils ignorent. Surtout lorsque ce sont des femmes.
    –  Je n’emploie pas les méthodes auxquelles vous faites allusion.
    –  C’est pour ça que je vous demande de ne pas la livrer à ceux qui les emploient.
    – 

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