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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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"tirer de là, te fais pas de bile. Vous allez partir en vacances tous les trois. On peut dire que vous êtes vernis. »
    Osling se retourne vers le lieutenant et lui fait signe de le suivre.
    « Faites préparer trois brancards, dit-il. On va les évacuer sur la Cotonnière. »
    Dès qu’ils sont sortis de la pièce, Osling poursuit :
    « C’est la vacherie, mon lieutenant. Le choléra. Il faut les évacuer sur Hanoï coûte que coûte, et se faire parachuter des rappels de vaccins pour chacun de nous. Quant à vos trois rombiers, à moins d’un miracle, ils sont foutus.
    –  Vous êtes sûr de votre diagnostic ?
    –  Aucun doute ! »
    Les trois brancards sont dépliés en quelques instants, et le petit groupe s’enfonce à nouveau dans la nuit. Comme à l’aller, ils ont la chance de n’être pas repérés et ils regagnent sans encombre la Cotonnière.
    Mulsant et Franclieu sont mis aussitôt au courant de la situation et le P. C. d’Hanoï est averti du danger qui menace les deux compagnies de Nam-Dinh vers vingt-deux heures. Quelques minutes avant minuit, la réponse arrive : On parachutera des rappels de vaccin sur la Cotonnière, à l’aube. En ce qui concerne les trois malades, impossible d’envisager leur évacuation. Une embarcation à moteur serait repérée dans le canal de Nam-Dinh et n’aurait aucune chance de parvenir jusqu’à l’appontement de la Cotonnière.
    Mulsant, Franclieu et Osling rejoignent un groupe de sous-officiers au foyer improvisé et se font déboucher des bouteilles de bière. La nouvelle a transpiré, créant une atmosphère lourde que le mutisme des officiers n’apaise pas. Enfin Osling déclare :
    « Ces trois types vont peut-être mettre une semaine à crever. On ne va tout de même pas les regarder sans rien faire.
    –  Médicalement, il n’y a rien à tenter sur place ? interroge Mulsant.
    –  Rien. La maladie est trop avancée. Même si on pouvait les évacuer sur Hanoï, leur situation resterait critique. Le seul système est d’essayer de leur faire gagner le fleuve Rouge. Là, les marins pourraient les prendre en charge sans risques.
    –  Quelle est au juste votre idée, Osling ? Précisez.
    –  C’est simple. En une heure ou deux on peut bricoler un radeau sommaire. Deux légionnaires peuvent essayer, dans la nuit, de descendre le canal, sur les deux kilomètres qui nous séparent du fleuve. À l’aube ils seraient à l’embouchure et pourraient prendre contact avec une embarcation rapide venue d’Hung-Yen.
    –  C’est risquer la vie de deux hommes pour en sauver trois, constate Mulsant.
    –  Vous semblez ignorer une chose, mon lieutenant : l’agonie de trois cholériques ne passera pas inaperçue au sein de la compagnie. Ça va créer une psychose, les légionnaires vont se découvrir des symptômes imaginaires et se croire atteints. Le moral du camp tout entier va être menacé. J’ai connu ce genre de situation. Je ne souhaite pas la revoir.
    –  C’est bon, conclut Mulsant. Vous avez sans doute raison. Organisez l’évacuation comme vous l’entendez. »
     
    Sans prendre le temps de finir sa bière, Osling se précipite au poste radio et alerte Hung-Yen. Il a fait mentalement un rapide calcul. Deux heures pour construire un radeau. Sans incidents, le courant aidant, le radeau peut parcourir la longueur du canal en deux autres heures. En commençant le travail à minuit, on peut fixer le contact à quatre heures trente, le jour ne sera pas encore levé.
    Hung-Yen répond qu’un L. C. T. peut se trouver au rendez-vous au milieu du fleuve Rouge à quatre heures trente précises ; il attendra l’esquif jusqu’à l’aube.
    Osling va alors réveiller les six hommes auxquels il a pensé pour entreprendre la construction du radeau. Il y a parmi eux un charpentier et deux marins. Le matériel ne manque pas, et il faut moins des deux heures prévues à la petite équipe pour confectionner une embarcation stabilisée par six bidons disposés aux extrémités de trois balanciers.
    Reste à choisir les deux légionnaires qui convoieront les malades. Les deux marins constructeurs se sont portés volontaires, mais l’un d’eux est écarté par Osling car il est gradé. L’autre, Félix Baucher, un Belge d’Anvers, est agréé ; c’est lui qui propose son coéquipier.
    « Roux Émile. Vous savez, chef, c’est le petit Breton de la section Jung. Il n’est pas lourd, mais il a fait les morutiers à Audierne… et

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