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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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avisons.
    –  On a un toubib ici ! interroge la sentinelle.
    –  Affirmatif ! Mon pote, réplique le deuxième radio. L’ennui, c’est qu’il ne veut pas entendre parler de médecine. »
     
    Trois minutes plus tard, le radio est au garde-à-vous devant le lieutenant de Franclieu auquel il expose l’incident.
    « Allez prévenir Osling, répond Franclieu, mal réveillé. S’il rouspète, dites-lui que c’est un ordre. Je vous rejoins. »
    Osling proteste, mais obtempère néanmoins.
    Lorsqu’il arrive au poste radio il est six heures précises et le contact est déjà établi. Osling prend le micro et annonce :
    « Ici sergent-chef Osling, je vous reçois bien. Je vous écoute. À vous.
    –  J’ai demandé à parler à un médecin. Ici l’infirmier Leroyer. À vous. »
    Osling jette un regard circulaire sur les trois hommes attentifs qui le dévisagent. Le lieutenant de Franclieu vient d’entrer. Déguisant mal sa mauvaise humeur, Osling déclare enfin :
    « Je suis médecin. À vous.
    –  Ah ! Pardon, major, j’avais mal compris, commence l’infirmier. Voilà : on a deux types qui dégueulent depuis hier soir et ils affirment qu’ils n’ont rien bouffé en douce, et puis ils disent qu’ils ont mal partout.
    –  Écoutez, répond Osling, il m’est impossible de me prononcer sans les voir. N’avez-vous pas remarqué d’autres symptômes ?
    –  Non, major. Ils dégueulent, c’est tout.
    –  Cessez de m’appeler major, non d’un chien ! hurle Osling hors de lui. Étudiez vos gars, prenez leur température et observez-les jusqu’à huit heures. On avisera.
    –  À vos ordres, mon capitaine. Terminé », conclut l’infirmier, ahuri par le coup de gueule d’Osling.
    À huit heures, le dialogue de sourds reprend.
    « Il y a du nouveau, annonce l’infirmier.
    –  Je vous écoute.
    –  Ils ont la chiasse.
    –  Ça ne prouve rien. La température ?
    –  On y a pas pensé. »
    À dix heures, nouvelle vacation. Un troisième soldat a été atteint par les mêmes symptômes.
    Toute la journée les contacts se poursuivent d’heure en heure sans qu’il soit possible à Osling de se faire une opinion. Enfin, vers vingt heures une précision l’inquiète.
    « Il y a du nouveau, annonce l’infirmier. Il y en a un qui a la gueule comme un fromage…
    –  Quel genre de fromage ? questionne Osling. Observez bien, c’est important.
    –  Je l’ai pas vu moi-même, je vous passe le lieutenant.
    –  Ici Colin, annonce le lieutenant. Effectivement, l’un des malades a le visage piqueté et tacheté, mes hommes ont parlé de roquefort. C’est assez vrai. »
    Osling réfléchit un instant, puis sans quitter le lieutenant de Franclieu des yeux, il reprend :
    « Je vais tenter de venir dès que la nuit sera tombée. Si j’obtiens l’autorisation de mes supérieurs.
    –  C’est grave ? interroge Colin.
    –  Comment voulez-vous que je le sache ? C’est pour m’en rendre compte que je vais essayer de vous rejoindre. Terminé. »
    Franclieu interroge à son tour Osling.
    « Vous avez un diagnostic dans la tête pour encourir un tel risque ! C’est grave, je suppose ?
    –  Écoutez, mon lieutenant, je suis obligé d’envisager le pire. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’aller me rendre compte. Laissons le diagnostic pour plus tard.
    –  Vous pouvez au moins me dire à quoi vous pensez quand vous parlez du pire.
    –  À rien de précis, mon lieutenant. Si vous m’autorisez à sortir, j’aimerais prendre cinq légionnaires avec moi pour me servir éventuellement de brancardiers au retour. »
     
    Quelques instants plus tard, Osling et cinq légionnaires s’enduisent le visage et les pieds de cirage et s’habillent en noir avec des défroques d’uniformes viets récupérés sur des morts. Puis, pourvus seulement d’un armement léger, ils se glissent dans la nuit, pieds nus, à cinq mètres de distance les uns des autres. Ils parviennent à la banque sans avoir été repérés, et aussitôt Osling se fait conduire auprès des malades. Un coup d’œil lui suffit pour s’apercevoir qu’il ne s’était pas trompé. Il marmonne entre ses dents :
    « Nom de Dieu ! Il ne manquait plus que cela. »
    Derrière lui, le lieutenant Colin anxieux attend le verdict. Osling prend le poignet de l’un des malades et compte les pulsations. Puis il tape sur l’épaule du malheureux et lui déclare en souriant :
    « On va te

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