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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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trois au plus. Mais ça peut suffire pour nous interdire l’approche un bon bout de temps. »
    Klauss comprend tout à coup.
    « Il n’y a que moi qui sois capable de trouver le chemin la nuit, mon lieutenant.
    –  Je sais, Klauss. Et c’est bien ce qui m’emmerde. Pourtant, nous devons avoir enlevé la position avant la chaleur demain, sinon nous allons tous crever de soif. Alors nous allons marcher jusqu’à la colline suivante, nous établirons le camp sur le versant nord. La nuit tombée, vous prendrez deux hommes et vous ferez ce que vous pourrez. En route. »
     
    Klauss a désigné deux Allemands pour le suivre. Munch, un tout jeune Munichois, et Wolfram, un ex capitaine S. S. Les trois hommes quittent leurs compagnons vers vingt et une heures. Ils ont chaussé des espadrilles de corde qui font partie de l’équipement de toute opération commando, ils sont bardés de grenades, mais n’emportent qu’un pistolet mitrailleur pour trois. La lune éclaire assez pour permettre à Klauss de deviner la piste du car. Les trois hommes observent scrupuleusement les règles de sécurité qui régissent ce genre d’opération. Ils savent que leur vie tient peut-être à un chuchotement. Si l’un d’eux se brisait une cheville, il se laisserait tomber à terre sans la moindre plainte et laisserait ses compagnons poursuivre leur chemin, le cas échéant, sans les prévenir. On les a entraînés, sans ménagement, à cette discipline implacable.
    La découverte du village se révèle plus aisée que ne l’avait supposé Klauss. Il aura fallu moins d’une heure aux trois hommes pour se retrouver à une vingtaine de mètres des premières paillotes.
    Couchés à plat ventre, les légionnaires écarquillent les yeux pour tenter de trouver un indice qui leur permettrait d’élaborer un système d’attaque. Après cinq bonnes minutes, Klauss presse l’épaule de Munch. Aussitôt le jeune homme part en rampant, tous les sens en alerte, contrôlant jusqu’à sa respiration. Il avance comme un serpent, progressant à peine. Klauss n’a pas choisi le jeune Munichois au hasard. Depuis leur première rencontre, il a lu dans les yeux vides et froids de son compatriote tous les signes qui font de cette sorte de jeunes voyous des tueurs sans remords et sans problèmes. Munch est de cette race d’hommes qui ne parviennent jamais à faire réellement de bons soldats, mais qui rendent fréquemment des services inestimables à une compagnie.
    Munch est alerté par un ronflement d’homme qui émane d’une paillote. Il sait que si un homme dort, un autre guette quelque part autour de lui. S’attaquer au ronfleur serait une erreur. Il reste attentif et immobile, puis il est servi par une chance insolente.
    À moins de cinq mètres de lui, un homme se lève, s’étire et tranquillement, bien dessiné dans le clair de lune, se met à pisser. D’un bond silencieux, Munch est sur lui. Il lui plaque sa main gauche sur la bouche, tandis que de la droite il frappe, enfonçant son poignard jusqu’à la garde dans les reins du petit soldat viet.
    L’homme est mort lorsque Munch retire le couteau et, soutenant le corps du soldat par les cheveux, lui tranche la gorge d’un geste inutile.
    En souplesse Munch repose le corps désarticulé du viet et reste attentif un instant, guettant le moindre signe alentour. Le silence n’est troublé que par les ronflements réguliers du dormeur.
    Après quelques minutes, Munch se persuade que les viets n’ont laissé que deux hommes au village, mais pour plus de sécurité, il inspecte rapidement deux ou trois des paillotes qui entourent celle du ronfleur. Le vide qu’il y trouve renforce sa conviction. Il se dirige alors comme un loup dans la direction du ronflement. Un long moment il observe l’intérieur de la paillote afin de situer sa proie et s’assurer que l’homme est bien seul. Le soldat viet dort étendu sur le dos, à même la terre, bras et jambes largement écartés. Munch avance à petits pas entre les jambes de l’homme, puis brusquement se laisse tomber à genoux sur son bas-ventre. Simultanément il plante son poignard bien droit dans la gorge du soldat et, lâchant l’arme, il bascule en avant, saisissant le malheureux aux bras, à hauteur des coudes, lui interdisant le moindre sursaut d’agonie. La résistance nerveuse qu’il perçoit sous ses doigts ne dure qu’une seconde ou deux. Alors, calmement, Munch se relève, sort une cigarette de la poche de sa

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