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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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pour tirer. Il faut se planquer d’un seul coup, sinon c’est le carnage. »
    Mattei réagit instantanément et hurle : « Tous à couvert sur la gauche. » D’avoir répété cet exercice mille fois à l’entraînement sauve la vie de la plupart des hommes. Une fraction de seconde suffit pour que dix-huit d’entre eux se retrouvent à plat ventre sur le bas-côté. Seul Adrien Lemoine, un vieux Français, est resté, désemparé, sur la piste. Il est littéralement coupé en deux à hauteur de l’estomac par le tir du fusil mitrailleur qui s’est déclenché instantanément.
    Klauss qui avait situé l’arme ennemie s’est jeté sur la droite et il a fait feu sur les serveurs du F. M. viet, criblant les deux hommes presque à bout portant, puis, en deux bonds, il a rejoint ses compagnons à l’abri. Il est tombé à quelques centimètres du lieutenant auquel il chuchote : « Je crois qu’ils n’étaient que deux et je les ai tués. On peut assurer nos positions, mon lieutenant. »
    Mattei élève légèrement la voix.
    « Cherchez des abris ! Consolidez ! »
    Les hommes commencent à ramper et à se tapir derrière tout ce qui peut constituer un rempart. Aucune manifestation ne vient d’en face.
    « Je crois que vous aviez raison, déclare Mattei. Dans cinq minutes j’enverrai un éclaireur. »
    Klauss l’interrompt :
    « Ça bouge là-bas, mon lieutenant.
    –  Vos deux types ne sont peut-être pas morts.
    –  Impossible, je leur ai vidé un chargeur entier dans le crâne. »
    Pourtant les feuilles bougent à l’endroit précis où le F. M. ennemi est entré en action.
    « Il y en a au moins un troisième.
    –  Impossible, mon lieutenant. Il ne m’aurait pas regardé buter ses copains sans réagir.
    –  Nom de Dieu, j’ai pigé ! » lance brusquement le lieutenant.
    Un coup d’œil suffit à Klauss pour comprendre à son tour.
    « Ah ! Les fumiers ! Qu’est-ce qu’ils n’inventeront pas. •
    –  Trente secondes pour vous planquer ! hurle Mattei. Attention, ça va venir d’en haut. »
    Le mouvement décelé par Klauss dans les feuillages était provoqué par le glissement du fusil mitrailleur : tiré vers l’arrière par une longue cordelette le F. M. gravissait seul la pente herbeuse.
    Quelques instants plus tard, l’arme était de nouveau en batterie, servie par deux autres combattants viets embusqués à une cinquantaine de mètres en surplomb.
    « Mortier », ordonne Mattei.
    Le nouvel emplacement de tir viet est heureusement situé ; le quatrième obus de mortier fait mouche et le feu du F. M. cesse après son explosion.
    Les légionnaires restent néanmoins sur leurs gardes. Un silence lourd tombe quelques instants. Il est rompu par Clary qui s’exclame :
    « Planquez-vous ! Ils remettent ça, les enculés ! »
    En effet le fusil mitrailleur a repris sa course solitaire dans les hautes herbes.
    Mattei est détendu. L’arme ennemie, en admettant qu’elle n’ait pas été endommagée par l’obus de mortier, sera moins efficace à cette distance. Il est clair que cette attaque est une mission suicide ; si elle avait une chance de réussir par la surprise, elle n’en a plus aucune dans les conditions actuelles.
    « Vous croyez que ça va durer longtemps ce cirque ? interroge Klauss.
    –  Non, c’est fini. Le F. M. grimpe jusqu’au sommet. Transmettez au mortier d’ouvrir le feu. Je les repère très bien en suivant la direction de la corde. »
    Le fusil mitrailleur n’atteindra jamais la troisième position prévue. Selon toute vraisemblance, les hommes qui le halaient ont été déchiquetés à leur tour par le tir de mortier.
    Mattei patiente néanmoins un bon quart d’heure avant d’envoyer un éclaireur qui prudemment remonte la pente avant de signaler par gestes que l’ennemi a été anéanti.
    Par curiosité Mattei et Klauss prennent alors le même chemin et constatent eux-mêmes le mécanisme de l’ingénieux système.
    « J’avoue que je n’y aurais pas pensé, marmonne Klauss. Qu’est-ce qu’ils ont dans le citron, ces diablotins, quand il s’agit de nous faire des vacheries ?
    –  Ça, il faut le reconnaître. Si vous ne les aviez pas repérés, on y avait tous droit. Au fait, comment les avez-vous remarqués ?
    –  Ils avaient coupé des feuilles pour laisser passer le canon de leur arme.
    –  Chapeau ! approuve Mattei. C’est l’astuce la plus vacharde que personne ait jamais

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