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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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chemise et, avant de l’allumer, contemple son œuvre sans émotion à la lueur de son briquet. Enfin Munch se penche et récupère son poignard, libérant un flot de sang. Cigarette entre les lèvres, il retourne le corps sur le ventre, d’une seule main, et soigneusement essuie sa lame à l’aide du pan de chemise du soldat égorgé. Il sort prudemment de la paillote, dégoupille une grenade, la jette quelques mètres devant lui et se couche à plat ventre.
    L’explosion ne suscite aucune réaction, faisant la preuve que le village est maintenant bien vide. Munch lance d’une voix forte : « Ça va, chef, vous pouvez passer. » Instantanément Klauss et Wolfram apparaissent. S’aidant d’une lampe torche, Klauss observe le spectacle avant de constater :
    « Seulement deux types. L’intuition du patron m’étonnera toujours. »
    Dévisageant Munch, il poursuit en parlant allemand : « Tu t’es régalé, hein ? » Wolfram interrompt :
    « Il y a qu’à voir sa gueule, il s’est envoyé en l’air, l’ordure. Il me dégoûte. »
    D’un bond Munch se précipite sur l’ex-capitaine et l’expédie à terre d’une violente poussée.
    « C’est toi le fumier, à rester planqué dans un trou pour reprocher après aux autres de faire le boulot. »
    Klauss s’interpose entre les deux légionnaires : « Il a raison, Wolfram, il a fait le travail qu’on lui demandait de faire. Votre sortie est déplacée. Même si elle est exacte. De toute façon arrêtez ces enfantillages, et remontez prévenir le lieutenant que la voie est libre. Vous pouvez lui transmettre de ma part que j’espère qu’il proposera Munch pour une citation. »
    Restés seuls, Klauss et Munch passent une inspection minutieuse des paillotes sans découvrir la moindre trace utile, puis ils s’arrêtent près du puits. Klauss jette un caillou. Il ne perçoit en retour qu’un bruit mat.
    « Nom de Dieu, il y a pas de flotte ! lance Munch. – C’est étrange, ce village devait être habité, je pense que les quelques paysans qui vivaient ici ont dû voir arriver les soldats et sont partis se planquer dans la nature. Les viets n’ont pas pu boucher un puits en quelques heures. »
    À son tour, Munch jette une pierre qui renvoie le même son mat. « Si on avait une corde, on pourrait descendre, dit-il.
    –  Pas question avant l’arrivée du lieutenant, le puits peut-être piégé, et de toute façon le commando sera là d’ici une petite heure. »
    Vers minuit, effectivement, Mattei rejoint les éclaireurs. Le lieutenant juge rapidement la situation, après avoir à plusieurs reprises lancé, comme Klauss, des pierres dans le puits. Enfin, il ordonne : « Balancez une grenade. »
    L’explosion ne déclenche aucun dispositif, mais pour plus de sécurité, Klauss vide deux chargeurs de pistolet mitrailleur arrosant les parois intérieures du puits. Mattei déclare alors : « Faites descendre un homme, il faut aller voir. » Santini se désigne lui-même et fixe une corde de rappel autour de sa taille. L’absence d’arbre ou de pieu oblige trois légionnaires à se saisir de l’autre extrémité pour contrôler la descente du petit Italien. Santini se maintient à la corde de la main droite, de la gauche il tient une lampe torche. À la surface, Mattei calcule approximativement la longueur de corde déroulée ; après trois ou quatre mètres, il fait signe aux porteurs d’arrêter et il se penche sur le bord.
    « Tu vois quelque chose ? » Santini balaie le fond du faisceau de la lampe. « Je distingue mal, mon lieutenant. Descendez-moi encore. »
    Les porteurs laissent filer lentement la corde avant d’être brusquement arrêtés par un cri déchirant. « Remontez-moi vite, remontez-moi… » Mattei, Klauss et deux légionnaires se précipitent pour prêter main forte aux porteurs et arrachent littéralement le petit Italien qui s’écorche et déchiquette ses vêtements contre la paroi rocailleuse du puits. Arrivé à la surface il s’éjecte lui-même, se laisse tomber à quatre pattes et vomit. Entre deux hoquets, il parvient à articuler :
    « C’est plein de macchabées dans le fond ! C’est dégueulasse !
    –  Tu as pu voir s’il y avait de la flotte ? demande Mattei nullement impressionné.
    –  J’ai rien vu d’autre que des macchabées, mon lieutenant. Tous entassés.
    –  S’il y avait de la flotte, ils seraient au fond, constate Osling.
    –  En principe, approuve

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