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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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s’écartant de son chemin. Tout en sortant sa carte pour situer leur position présente, il ordonne au radio d’établir le contact avec le train qui se trouve en écoute permanente. Dès qu’il a transmis sa position, il est obligé de donner les raisons de son écart :
    « On a trouvé une piste. Nous sommes sur les restes d’un camp où un petit groupe a passé la nuit dernière.
    –  Comment les avez-vous trouvés ?
    –  Vous ne me croiriez pas. Je vous expliquerai ce soir. La piste semble aller dans la direction de Vân-Lâm. Est-ce que nous la suivons ?
    –  D’accord. Pas d’imprudence. Rendez compte du moindre incident.
    –  Compris. Terminé. »
    Célier se tourne vers ses hommes.
    « En route ! Schnell ! On va tâcher de marcher vite et de leur tomber dessus avant la soirée. »
    La section repart. Aucun des hommes n’a formulé la moindre objection et pourtant ils ignorent l’importance du groupe viet qui les précède. La piste n’est pas large, mais elle est parfaitement tracée et damée ; il suffirait pourtant de s’en écarter d’une dizaine de mètres pour qu’elle soit absolument indécelable.
    Dans toute la zone du Sud-Annam, les viets ont ainsi déchiré la forêt dans tous les sens, créant de véritables réseaux sous la jungle qui leur permettent de se déplacer rapidement au milieu de la végétation qui les dissimule.
    Après une bonne heure de marche sur la piste qui serpente continuellement, la section parvient au départ d’une longue ligne droite. Le chemin s’enfonce en pente douce puis, à environ cinq cents mètres, remonte brutalement. Au loin, les légionnaires distinguent, au sommet de la côte, une forme noire qui se couche dès qu’ils apparaissent, puis aussitôt ils essuient un coup de feu qui avait peu de chance d’atteindre son but à une distance aussi considérable. Enfin le soldat viet disparaît.
    « Maulen ! Au pas de course ! Grouillez-vous ! Schnell ! tonne Célier. Nous sommes sur eux. Dans moins d’une heure nous les aurons rattrapés. »
    Les six hommes s’élancent à la suite du sergent, ils alternent le pas de gymnastique et les larges enjambées de marche forcée.
     
    À quelques mètres du bas de la pente, les légionnaires se mettent à courir pour prendre de l’élan avant d’attaquer la côte. Brusquement c’est le drame. Emportés par leur course les sept hommes tombent dans un piège géant parfaitement dissimulé. La fosse a moins d’un mètre de profondeur, mais son fond est hérissé de harpons d’acier à la pointe finement aiguisée ; chacun d’eux est fixé solidement à une plaquette de bois.
    Quatre légionnaires dont le sergent Célier s’empalent par la plante des pieds. Les épaisses semelles de leurs pataugas sont traversées comme des feuilles de papier. Les trois autres légionnaires ont la chance d’être tombés entre les harpons. Presque aussitôt un obus de mortier s’abat à une dizaine de mètres du groupe.
    Malgré la douleur atroce qui le torture Célier parvient à réagir.
    « Ils ont réglé un mortier sur le piège ! Si nous restons là, nous sommes foutus. Il faut bouger. Les trois valides, tirez les blessés ! Moi je me démerde. »
    Sans attendre, le sergent se hisse hors du trou en se servant de ses bras et commence à ramper comme un crabe s’appuyant sur les coudes et se propulsant à l’aide du genou de sa jambe valide.
    Les trois autres blessés se laissent tirer par leurs compagnons sur une dizaine de mètres puis trouvent la force d’imiter Célier. Rageusement, les quatre estropiés continuent à s’éloigner en rampant tandis que le mortier ennemi poursuit son tir que les viets dirigent toujours sur le piège, montrant qu’ils n’ont pas prévu la réaction de leur étrange gibier.
    Prenant appui sur son fusil, Célier se relève et se tient debout un instant sur sa jambe indemne, puis fermant les yeux et serrant les dents, il pose par terre son pied traversé et laisse peser son poids sur la plaquette de bois. Le harpon ressort à mi-mollet. Surmontant la violence de la douleur, le sergent parvient à faire plusieurs pas sans provoquer d’hémorragie. Quand il se sent au bord de l’évanouissement, il se laisse retomber, vaincu.
    Les trois hommes valides aident leurs compagnons à le rejoindre et les sept légionnaires s’allongent en silence.
    Célier puise au fond de lui la force de dicter ses instructions. Il s’adresse à Reszke qui est l’un des

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