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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sortirent et Locksley poursuivit dans la
rue :
    — Si j’ai bien compris, tant le chapitre que
l’évêque aimerait s’en prendre à Gilles de Corbeil, mais, comme le roi le
protège, ils n’osent rien faire pour ne pas provoquer de nouvelles querelles
dont ils sortiraient affaiblis.
    — C’est cela, mais Corbeil n’a pas que le
soutien du roi, m’a-t-on dit. Des abbés renommés l’appuient aussi, car c’est un
fin théologien qui a été reçu docteur de l’Église.
    Décidément le portrait de cet homme ne
correspondait guère à celui d’un infâme assassin qui aurait comploté la mort du
roi Richard en faisant empoisonner sa plaie. Mais alors, au service de qui
était le chirurgien ? s’interrogea Locksley.
    — Et sur Célestin, tu n’as rien appris ?
fit-il.
    — Non, seigneur, personne ne le connaît
autour de moi. Mais puisque vous m’avez dit qu’il avait été l’élève de Gilles
de Corbeil, je sais que celui-ci enseigne la médecine deux fois par semaine à
l’abbaye de Saint-Victor à une petite dizaine de religieux [32] .
    — Il ne me reste donc plus qu’à l’interroger.
Conduis-moi au Cloître.
    Composé de trente-sept maisons canoniales dévolues
aux chanoines, chacune avec un jardin, le Cloître était une petite cité
entièrement close, située près de Notre-Dame. Ses habitants y disposaient aussi
d’un réfectoire, d’une bibliothèque et d’écuries. En contrepartie de ces
avantages, les chanoines devaient chanter le matin à l’office puis se réunir
dans la salle capitulaire de la cathédrale pour traiter des affaires courantes
du chapitre et rendre la justice sur la population qui dépendait d’eux. Leur
juridiction comprenait de nombreux fiefs dans l’île, des moulins sur la Seine,
quelques rues sur la rive gauche, des maisons sur la rive droite et plusieurs
des villages hors les murs.
    Amaury en croupe, Robert de Locksley se dirigea
vers le Grand-Châtelet. Ayant passé le Grand pont, le jeune garçon guida le
Saxon dans un dédale de ruelles sombres et sales jusqu’à un portail à deux
vantaux s’ouvrant dans un mur de maisons serrées les unes contre les autres.
C’était la porte des Marmousets, l’une des quatre portes du Cloître.
    Deux gardes du chapitre surveillaient l’entrée,
car on ne pouvait pas pénétrer comme cela dans la censive du chapitre. Mais
Robert de Locksley, avec son lourd baudrier ciselé d’où pendait un fourreau de
cuivre gainé de cuir avec une épée à la garde tressée de tissu brodé, était
visiblement un noble chevalier. De surcroît, comme son manteau de laine
écarlate doublé de soie n’était attaché que par le cou, on distinguait sur sa
cotte vert olive une tunique de croisé brodée d’une croix rouge.
    — Je suis le comte de Huntington et je viens
voir le père Gilles de Corbeil, laissa-t-il tomber.
    L’un des gardes le considéra avec curiosité,
étonné que ce chevalier porte simplement un bonnet vert à bord retroussé. Mais
il y avait l’épée, les gants de cuir, les éperons et surtout la croix qui
affirmait qu’il revenait de Terre sainte, aussi s’effaça-t-il pour les laisser
entrer en indiquant même où logeait Gilles de Corbeil.
    Comme toutes les maisons canoniales, celle du
médecin du roi avait un étage. Amaury ayant tiré un cordon, un serviteur vint
ouvrir et fit pénétrer Locksley dans une salle meublée très simplement de
coffres et d’une table. Au fond, par une porte ouverte, on apercevait un jardin
avec une cuisine où une vieille femme épluchant des légumes observa le
visiteur. Dans un angle se trouvait un escalier de pierre en colimaçon.
Locksley donna son nom au serviteur et lui dit qu’il devait rencontrer Gilles
de Corbeil pour une affaire d’importance. Le domestique lui demanda d’attendre
un instant, monta l’escalier et revint rapidement.
    Le chanoine l’attendait.
    Gilles de Corbeil était dans sa chambre à l’étage,
une pièce qui lui servait aussi de salle de travail. Entièrement blanche, la
salle était meublée très simplement d’un lit, d’une table avec escabelle, d’un
coffre, d’une armoire, d’une statue de la Vierge et d’un grand crucifix. Par
une ouverture, on apercevait une petite chapelle privée.
    Il reçut Locksley debout. Sans doute était-il en
train d’écrire, car il y avait encore sur sa table un parchemin déroulé ainsi
que plusieurs encriers de corne avec des plumes et des grattoirs.
    Le chanoine était un homme

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