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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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seigneurs irascibles. Si les Templiers ne
mentaient pas, leur présence à la Corne de Fer n’avait aucun rapport avec les
cathares et le tisserand hérétique.
    Robert Hamelin demanda pourtant :
    — Avez-vous déjà enseveli votre frère ?
    — Venez avec moi, seigneur prévôt, dit
Malvoisin tandis que Beaumanoir considérait Hamelin avec dédain pour douter
ainsi ouvertement de sa parole.
    Ils descendirent dans la grande salle. Au fond
ouvrait une petite chapelle latérale. Un cercueil reposait sur des tréteaux.
    — Notre frère, expliqua Malvoisin en se
signant. Il sera inhumé demain à Saint-Gervais.
    Il s’approcha du cercueil et en déplaça le
couvercle. C’était un jeune homme dont le crâne était fendu d’une plaie que les
soins mortuaires n’avaient pas totalement réussi à maquiller.
    L’histoire était donc vraie, reconnut Hamelin, un
peu à contrecœur. Il se signa et récita une patenôtre à voix basse. Décidément,
cet archer anglais était un audacieux criminel. Il était temps de mettre la
main sur lui.
    — Nobles commandeurs, je vous remercie de
m’avoir reçu et de m’avoir donné ces explications. Pour ma part, elles
suffisent, mais restez désormais en dehors de cette affaire qui concerne la
justice du roi et la justice de Saint-Éloy.
    Après le départ du prévôt, Beaumanoir fit chercher
Bracy et lui raconta la visite du prévôt de Saint-Éloy.
    — Il faut maintenant agir au plus vite.
D’ailleurs, nous n’avons plus le choix, puisque nous ne pouvons plus retourner
à la Corne de Fer.
     

Chapitre 16
    Q uand
Maurice de Sully, le précédent évêque de Paris, avait décidé la construction de
Notre-Dame, à la place de la vieille cathédrale Saint-Etienne, il avait aussi
choisi d’aménager un parvis devant l’église, de percer la rue Neuve-Notre-Dame
et enfin de construire un nouveau Palais épiscopal.
    C’était un immense chantier et, près de quarante
ans après le début des travaux, la cathédrale était loin d’être achevée. La couverture
du toit enfin terminée, les maçons commençaient cette année la construction de
la façade et de ses deux tours.
    L’évêché, lui, était terminé. Longeant le petit
bras de la Seine, c’était un long édifice qui remplaçait l’ancienne résidence
des évêques, datant du Bas-Empire. Le nouveau Palais épiscopal était constitué
d’une grande salle de six travées avec une seconde salle en étage où logeait et
travaillait l’administration du diocèse. Du côté de la rivière, la façade était
crénelée tandis qu’une cour, réservée aux duels judiciaires, s’étendait entre
le Palais et la cathédrale. Cette cour se terminait par une double galerie en
voûtes d’ogive reliant les deux édifices.
    À l’arrière de l’évêché, dans le prolongement des
salles, se dressaient une chapelle et une haute tour rectangulaire, hourdée et
crénelée, au sommet de laquelle étaient placées les cloches de la cathédrale.
Cette tour, imposante et sinistre, était là pour rappeler aux Parisiens, au
chapitre cathédral, aux abbayes et tacitement au roi, puisqu’il l’apercevait de
son Palais, la souveraineté des juridictions de l’évêché, juridictions
immémoriales accordées directement par Dieu.
    C’est dans cette tour que se trouvaient
l’appartement de l’évêque, la salle de tribunal de l’official, les services de
la prévôté épiscopale et enfin les prisons sous une petite chapelle située au
rez-de-chaussée.
    Depuis que le grand vicaire Raymond Baudet était
devenu juge de l’official, il avait imposé son autorité sur la prévôté.
Administrateur du diocèse, il considérait qu’aucune affaire temporelle, même de
basse justice, ne devait échapper à ses attributions, empiétant ainsi souvent
sur la justice royale ou sur celle du chapitre. L’évêque Eudes de Sully le
laissait faire, quitte à le désavouer parfois.
    Eudes était fort différent de son prédécesseur
Maurice de Sully. Si tous deux venaient de Sully, Maurice, sorti d’une obscure
famille, était un prédicateur qui s’intéressait aux âmes et aux hommes, tandis
qu’Eudes, issu d’un lignage princier, privilégiait les relations politiques
avec le roi, avec Rome ou avec ses vassaux. C’est pourquoi il abandonnait à
l’official les affaires courantes du diocèse, considérant Raymond Baudet, qui
n’avait reçu que les ordres mineurs, comme un simple notaire à qui il donnait
le titre de magister

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