Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
cesse en querelle avec nous.
J’ai porté l’affaire devant le prévôt du Grand pont, mais le chapitre s’y est
opposé et c’est finalement l’official qui va trancher.
    — Mais l’official a une compétence limitée
aux procédures ecclésiastiques et spirituelles, objecta Bracy.
    — Raymond Baudet est un homme ambitieux qui
se morfond dans sa charge. Comme il ne traite que de pitoyables causes de
blasphème et de fornication de prêtres, il s’est attribué le droit de juger les
affaires de moyenne et basse justice de l’évêché. Il empiète même sur les
prérogatives du chapitre de la cathédrale. Je l’ai percé à jour, il aimerait de
tout cœur se distinguer dans un grand procès de sorcellerie ou d’hérésie pour
enfin être apprécié du Saint-Père et briguer un évêché.
    Beaumanoir hocha lentement la tête, devinant où
Malvoisin voulait en venir.
    — Nous pourrions lui dire ce que l’on sait
sur les hérétiques cathares. Il a le pouvoir de faire fouiller toutes les maisons
des tisserands et il peut interroger qui il veut, s’il y a crime d’hérésie.
    — En échange, nous lui demanderions qu’il
nous livre Locksley dès qu’il l’aura découvert, reconnut Beaumanoir.
    — Mais s’il nous livre Locksley, comment
l’impliquer par la suite dans la mort du roi ? demanda Bracy.
    — Nous dirons qu’il s’est évadé et qu’il a
voulu se venger en tirant une flèche empoisonnée sur Philippe Auguste !
    — Il y a tout de même des risques. Il serait
regrettable que l’official trouve la statuette, s’inquiéta Malvoisin.
    — Peu importe cette statuette ! répliqua
Beaumanoir avec un geste rageur.
     
    Le vendredi matin, à l’aurore, Robert Hamelin se
présenta au manoir du Temple. Dès qu’il fut prévenu, Beaumanoir le reçut,
intrigué par cette visite inattendue. Certes, ce n’était pas la première fois
que le prévôt de Saint-Éloy venait au manoir, car le Temple et l’abbaye
Saint-Éloy partageaient plusieurs censives dans le Monceau-Saint-Gervais, mais
le grand maître était persuadé que cette visite avait une autre raison.
    Effectivement le prévôt lui expliqua qu’il
recherchait un archer ayant fait évader un hérétique de la prison de
Saint-Éloy. Cet homme logeait à la Corne de Fer. Or, trois jours plus tôt, un
commandeur du Temple, le seigneur Malvoisin, s’était rendu dans l’auberge,
avait fouillé sa chambre et menacé l’hôtelier.
    — Je sais cela, dit Beaumanoir. Je vais
appeler celui qui s’est rendu dans cette auberge. Vous l’entendrez et vous
comprendrez sa colère.
    Il se retira et revint au bout d’un gros quart
d’heure avec Malvoisin.
    — Je suis effectivement allé à la Corne de
Fer pour trouver cet homme, frère prévôt. Je le cherche toujours et dès que
j’aurai mis la main sur lui, je le jetterai dans la Seine cousu dans un
sac ! lança le commandeur avec défi.
    — Pourquoi ?
    — Il a tué un de nos frères, intervint
Beaumanoir.
    — Dans quelles circonstances ?
    — Nous en ignorons les détails, frère prévôt.
C’était mardi, un sergent de l’ordre se rendait à la Villeneuve. Cet homme s’en
est pris à lui et l’a laissé pour mort. Prévenus, nous sommes arrivés pour
entendre les derniers mots de notre sergent. Apparemment, il s’agissait des
suites d’une altercation que notre frère avait eue devant la Corne de Fer.
    — Le crime a eu lieu dans la censive du
Temple, j’y exerce la haute justice et nous étions dans notre droit en le
poursuivant jusqu’à la Corne de Fer, remarqua Beaumanoir.
    — Non ! dit le prévôt en secouant la
tête. Il est vrai que vous venez d’Angleterre et ne connaissez pas tous les
détails de nos coutumes, mais il s’agit d’un crime de sang. Il est donc du
ressort de la justice du roi et du prévôt de Paris. J’en parlerai à mon frère
qui viendra sûrement vous interroger.
    Beaumanoir s’inclina, comme s’il acceptait le
reproche.
    — L’aubergiste m’a dit que vous cherchiez
quelque chose dans sa chambre ?
    — La raison de la querelle, justement. Cet
homme avait faussement accusé notre sergent de lui avoir pris une chaîne
d’argent. Après l’avoir tué, ce voleur se l’était appropriée, répondit
Malvoisin avec une grande présence d’esprit. J’ai pensé qu’il l’avait cachée,
ou qu’il l’avait confiée au cabaretier.
    L’explication n’était pas invraisemblable. De
telles disputes éclataient entre

Weitere Kostenlose Bücher