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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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assisté à de courtes rixes
entre ces soldats et les Suisses qui gardaient l’amiral de Coligny. Les
arquebusiers voulaient empêcher ces derniers de recevoir des piques, des
cuirasses, des hallebardes, des pistolets et des arquebuses. Guillaume de
Thorenc et Pardaillan étaient sortis, avaient menacé un certain capitaine
Cosseins qui commandait les garde-corps.
    Montanari s’était approché et avait interrogé Guillaume de
Thorenc, qui avait ricané, tout son visage exprimant l’amertume.
    — Le roi, avait-il dit, nous donne Cosseins et ses
arquebusiers pour protéger notre amiral, mais il n’est pire ennemi de Coligny
et de la religion que ce Cosseins, le roi le sait, et nul ne l’ignore.
    Puis Guillaume de Thorenc était rentré dans l’hôtel de
Ponthieu, cependant que Pardaillan et d’autres huguenots criaient qu’ils
allaient se faire justice, qu’ils ne se laisseraient pas égorger comme des
moutons, que des milliers de huguenots étaient déjà en route depuis les
Pays-Bas et qu’il faudrait bien que le roi choisisse son camp, celui des tueurs
ou celui de la religion nouvelle. S’il s’y refusait, eh bien, on en mettrait un
autre sur le trône, et pourquoi pas Henri de Navarre, prince du sang, un
Bourbon ?
     
    Ce n’étaient pas paroles en l’air. Montanari avait vu des
gentilshommes huguenots quitter la rive gauche, des armes accrochées à l’arçon
de leur selle, se regrouper rue de Béthisy, autour de l’hôtel de Ponthieu, et
devant le n° 7 de la rue de l’Arbre-Sec.
    En remontant la rue des Poulies et en arrivant rue
Saint-Honoré, Montanari s’était trouvé face aux spadassins de Diego de
Sarmiento. Ils écoutaient Enguerrand de Mons qui parlait – comme le père
Veron – d’une « bête malfaisante aux mille têtes, qu’il fallait
toutes trancher si l’on ne voulait pas qu’elles renaissent ».
    Enguerrand avait ajouté que la guerre qu’il menait ici pour
défendre le roi Très Chrétien, que les huguenots voulaient égorger, ou à tout
le moins inciter à renier sa foi, était la même que celle qu’il avait livrée à
Malte et à Lépante contre les infidèles.
     
    Montanari ne s’était pas attardé. Mais, au moment où il
s’éloignait de l’hôtel d’Espagne, il avait vu Enguerrand de Mons se précipiter
vers un coche qui s’arrêtait rue Saint-Honoré.
    Montanari avait reconnu le frère du roi, Henri d’Anjou, que
les spadassins saluèrent par des acclamations.
    Montanari avait revu Henri d’Anjou plusieurs fois dans la
journée. Il passait en revue les arquebusiers royaux alignés sur la berge de la
Seine, ou bien s’adressait aux archers et aux miliciens du prévôt qui gardaient
les carrefours.
     
    Lorsque Montanari était rentré à l’hôtel de Venise, Leonello
Terraccini s’était précipité vers lui.
    Le secrétaire avait appris que toutes les portes de Paris
avaient été fermées. Il ne pouvait donc être question de faire partir ce
soir-là un courrier.
    L’ordre avait été donné au prévôt des marchands de faire
tirer toutes les barques sur les rives et de les y enchaîner. La milice
bourgeoise devait être armée, les pièces d’artillerie prêtes à entrer en
action.
    Montanari monta au premier étage de l’hôtel.
    Là, derrière les fenêtres fermées, les rideaux tirés, il
faisait un peu plus frais.
    Il demanda à Leonello Terraccini de lui apporter une
bouteille de vin doux. Et il se mit à boire à petites gorgées, avec un
sentiment de fatigue et d’accablement.
     
    La nuit était tombée, la mort approchait, personne ne
pourrait plus l’arrêter. Comment ces hommes, ceux de Coligny et ceux de Henri
d’Anjou, d’Enguerrand de Mons, du roi, des Guises, de Catherine de Médicis,
auraient-ils pu le faire alors qu’ils pensaient que leur survie et leur pouvoir
ne seraient assurés que s’ils réussissaient à tuer l’autre ?
    Comment ce peuple qui marchait en priant et en chantant
derrière les bannières des confréries, qui écoutait et acclamait les prêcheurs,
n’aurait-il pas désiré la mort de ces hérétiques à l’austérité insolente, de
ces huguenots qui semblaient appartenir à une race et à une nation différentes,
qui voulaient imposer leur religion au roi Très Chrétien et au royaume de
France ?
    Montanari avait bu, somnolé.
    Leonello Terraccini le réveilla pour lui annoncer que
Bernard de Thorenc souhaitait le voir.
    C’était déjà le milieu de la nuit.
     
    — Ils les tueront tous,

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