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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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père”.
    Charles IX avait même paru, je l’ai rapporté, décidé à
suivre les conseils de Coligny, et l’on a saisi sur le corps de Robert de
Buisson, tué par les Espagnols, une lettre signée de sa main exhortant à tuer
de l’Espagnol, comme le demandait Coligny.
    Aujourd’hui, tout cela semble ne pas avoir existé. Nous
sommes dans un autre monde.
     
    Tout a commencé le dimanche 24 août.
    Avant le jour, entre trois et quatre heures, le tocsin de
Saint-Germain-l’Auxerrois a commencé à battre et, peu après, les cloches
d’alarme de toutes les églises lui ont répondu.
    Le bruit s’est aussitôt répandu que le roi avait permis
qu’on égorgeât tous les huguenots et qu’on pillât leurs maisons.
    Alors a commencé le massacre par tout Paris.
    On m’a assuré – je l’ai vu, constaté autour de l’hôtel
de Venise – qu’il n’y avait point de ruelle dans Paris, quelque petite
qu’elle fût, où l’on n’en eût assassiné quelques-uns. Le sang coulait dans les
rues comme s’il en avait plu.
    Coligny a été le premier tué, peut-être même avant que n’ait
sonné le tocsin à Saint-Germain-l’Auxerrois.
    On connaît le nom de l’assassin, Bême, un homme des Guises,
né en Bohême, qui a forcé avec les arquebusiers et les hallebardiers du
capitaine Cosseins la porte de l’hôtel de Ponthieu.
    Les huguenots se sont défendus. Certains ont réussi à fuir
par les toits. On dit que, parmi eux, se trouvaient Guillaume, le frère de
Bernard de Thorenc, Séguret et Jean-Baptiste Colliard, trois des huguenots les
plus entêtés parmi les fidèles de Coligny.
    Bême et ses spadassins ont percé et tailladé le corps de
Coligny, puis ont voulu le précipiter par la fenêtre.
    Coligny, encore vivant, s’est accroché. On lui a alors
sectionné les doigts. Il est tombé aux pieds du duc de Guise qui attendait,
voulant s’assurer de sa vengeance. Il a lui-même, dit-on, nettoyé le visage
balafré et ensanglanté de Coligny avec un foulard, puis s’est écrié :
“C’est bien lui, je le reconnais.” Il l’a alors piétiné.
     
    Ce qui est advenu du corps de l’amiral doit être dit, Illustres
Seigneuries, si l’on veut mesurer ce qui s’est passé à Paris durant ces
jours-là, alors que des centaines de cadavres nus et mutilés jonchaient les
rues et souillaient le fleuve.
    L’amiral jeté à demi vif au bas de l’hôtel de Ponthieu,
plusieurs dizaines d’enfants – deux ou trois cents, me dit-on – se
sont jetés sur lui pour lui couper la tête et les parties viriles, puis les
mains, les bras et les jambes.
    On l’a traîné par les rues, on l’a brûlé un peu sur un
bûcher dressé quai de l’Étoile, on a hésité à le jeter dans la Seine, on l’a
laissé pourrir avant de l’aller pendre par les cuisses au gibet de Montfaucon.
    C’est là que le roi a voulu voir celui qu’il appelait
“père”.
    Cependant que nous marchions dans la grande procession, ce
jeudi 28 août, le comte Enguerrand de Mons raconta que le corps de Coligny
n’était plus qu’une charogne puante. Lui-même avait dû se boucher le nez et
d’autres gentilshommes près de lui l’avaient imité, ce que voyant, le roi avait
dit :
    — Je ne le bouche pas comme vous autres, car l’odeur de
son ennemi mort est très bonne.
     
    Le roi a fait preuve de la même impitoyable rancune avec
d’autres gentilshommes huguenots qui furent ses compagnons de jeu de paume ou
de baignades dans la Seine.
    Au cours de cette nuit de la Saint-Barthélemy, le Louvre est
ainsi devenu un des lieux de massacre.
    Je tiens le récit de ces événements de la bouche de Diego de
Sarmiento qui ne pouvait cacher son étonnement devant le roi qu’il avait cru
tombé sous la coupe des huguenots et qui, tout à coup, devenait leur bourreau,
ne sauvant de la mort que les princes du sang, Henri de Navarre et Condé.
    Ces deux Bourbons, convoqués nuitamment, sans armes, ont été
insultés par Charles IX qui leur a donné à choisir entre la messe, la mort
ou la Bastille, tout en posant la pointe d’un poignard sur leur gorge.
    — Lui, répétait Sarmiento, lui, Charles IX, qui
était prêt à nous faire la guerre et semblait disposé à embrasser la religion
réformée ou du moins à accepter sa présence dans le royaume…
    Sarmiento secouait la tête, racontant comment Henri le
Béarnais s’était aussitôt agenouillé, renégat une fois encore, prêt à entendre
toutes les messes, à prier tous les

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