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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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son Henri de
Navarre était de la même couvée !
    Légitime ? Il avait demandé à la reine Elisabeth
d’Angleterre deux cent mille écus, des navires et des soldats pour mener la
guerre contre les catholiques. L’un de ses envoyés – Séguret – avait
gagné l’Allemagne et le Danemark, promettant à leurs princes de bonnes terres
du royaume pour y créer des colonies.
    « Faites la plus grande levée que vous pourrez de
reîtres, de Suisses, un peu de lansquenets, leur avait écrit Séguret. Prenez
les meilleurs et les plus expérimentés colonels et capitaines. Venez combattre
les catholiques, il y va de notre religion partout dans nos
contrées ! »
    Voilà ce qu’il en était des huguenots ! Ne valaient pas
mieux qu’eux, j’en convenais, les Guises et les ligueurs qui avaient rassemblé
une armée de Suisses, d’Albanais, d’Allemands afin de renforcer les troupes
royales. Mais à chacun son camp, son choix. Le mien était fait.
     
    Michel de Polin avait répété qu’il était du côté de la
maison de France dont Henri de Navarre était l’héritier légitime. Il voulait à
tout prix éviter la guerre qui, pour les sujets du royaume, était la plus
cruelle des destinées.
    C’était vrai. Les paysans souffraient. La faim les
tenaillait. Les soldats, reîtres ou Suisses au service des huguenots, ou
Albanais enrôlés par les Guises, les traitaient moins bien que le bétail.
    Mais c’était là la loi du monde.
    — Dieu ne le veut pas ainsi, avait murmuré Michel de
Polin.
    Quand on me parlait de Vous, en ces années-là, Seigneur, je
ne savais plus que blasphémer.
    — Mort-Dieu ! ai-je crié.
    Polin ignorait-il que la cruauté régnait sur cette terre,
qui était le véritable enfer des hommes ?
    D’autant qu’à la barbarie s’ajoutaient la trahison et le
mensonge.
    Michel de Polin savait-il que, pendant que l’on se préparait
à la guerre, que les armées se rangeaient en ordre de bataille et que leurs
soldats maltraitaient déjà les paysans pour un sac de grain ou une poule,
Catherine de Médicis embrassait avec une feinte affection Henri de Navarre tout
en lui palpant la poitrine de ses doigts gras pour s’assurer qu’il ne portait
pas sur lui une dague ou bien une cuirasse ?
    — Il faut que vous me disiez ce que vous désirez,
interrogeait-elle.
    — Mes désirs, madame, ne sont que ceux de Vos Majestés,
répondait benoîtement Henri.
    — Laissons ces cérémonies et me dites ce que vous
demandez.
    — Madame, je ne demande rien et ne suis venu que pour
recevoir vos commandements.
    — Là, là, faites quelque ouverture !
    — Madame, il n’y a point ici d’ouverture pour moi.
    Et les espions avaient rapporté à Sarmiento que les dames qui
assistaient à l’entrevue s’étaient esbaudies devant la vivacité des reparties
du roi de Navarre et ses marques de galanterie.
    Je savais par ailleurs que Guillaume de Thorenc, mon frère,
avait envoyé – trahison dans la trahison – Jean-Baptiste Colliard auprès
du duc de Guise pour lui proposer une alliance entre les troupes huguenotes et
celles de la Sainte Ligue perpétuelle afin de chasser de son trône
Henri III et ses mignons.
    Si le duc de Guise avait refusé, ce n’était pas pour raison
de religion, mais parce qu’il disposait à Paris d’au moins quatre mille
arquebusiers prêts à envahir le Louvre, à s’emparer de la personne du roi et à
le contraindre soit à s’allier à lui, soit à abdiquer ou à fuir.
    Pourquoi dès lors partager avec les huguenots ce dont on pouvait
s’emparer seul ?
    Et si Henri III refusait de céder la place, eh bien, on
ferait comme la reine Elisabeth d’Angleterre qui venait de faire trancher à la
hache la tête de la reine d’Écosse, Marie Stuart, la catholique, fille de Marie
de Guise et qui avait été reine de France en tant qu’épouse de
François II, l’un des fils de Catherine de Médicis, lequel n’avait jamais
régné qu’une année !
    Le sang avait commencé de couler.
    Telle était la loi des hommes.
    N’avaient-ils pas répandu celui du Christ ?

 
25.
    J’ai oublié que le sang des hommes est de même couleur que
celui du Christ. J’ai voulu qu’il jaillisse du corps de mes ennemis.
    Je les devinais cachés dans ce chemin creux, entre la
rivière de l’Isle et celle de la Drôme, non loin du village qui a pour nom
Coutras.
    Nous étions en Charente et nous suivions les huguenots
depuis plusieurs jours déjà. Ils

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