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Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Titel: Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fernand Clerget
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la rue du Cardinal-Lemoine, derrière le Panthéon. Puis, de nouveaux désastres ayant amené l’appel des dernières classes sous les drapeaux, Verlaine, moins d’un mois après son mariage, inscrit au 160 e bataillon de la Garde nationale, dut monter, un jour sur deux, la garde aux portes d’Issy, Vanves et Montrouge.
     
    Pendant le siège de Paris, la mère de Verlaine les abrita, durant deux mois, chez elle, rue Lécluse, aux Batignolles. Sous la Commune, ils revinrent rue du Cardinal-Lemoine. Verlaine était alors directeur du Bureau de la Presse.
     
    Un jour, à la fin du mois de mai 1871, le canon tonne dans les rues, Paris brûle, l’armée de Versailles écrase et refoule la Commune. Verlaine, pris d’inquiétude pour sa mère, veut la rejoindre ; mais on lui interdit le passage, aux barricades. Rentré chez lui, il voit sur son palier son ami Edmond Lepelletier, et Émile Richard, qui fut depuis président du Conseil municipal, tous deux noirs de poussière et de poudre ; il les recueille, les garde deux jours, puis les aide à s’évader.
     
    Sa mère arrive ensuite ; elle a passé la nuit entière à franchir les barricades, pour rejoindre son fils. « Je suis femme de militaire, lui dit-elle, mais aujourd’hui, j’ai l’uniforme et les armes en horreur ! » Quelque temps après, Verlaine, compromis, dut se réfugier à Londres, où il apprit l’anglais. Il en revint par la Belgique, et rejoignit sa femme. Mais déjà la division était entre eux. Car il n’était pas toute douceur, et elle n’était pas toute patience. La naissance de leur fils Georges, vers la fin de 1871, ne put rétablir l’accord.
     
    Il eût fallu qu’une amitié dévouée soutînt Verlaine, ou qu’une amitié passionnée ne le détournât pas du foyer. Les dévouements n’auraient pas manqué autour de lui ; il avait alors de bons et simples camarades, comme Ernest Delahaye. Mais la passion se présentait, avec Arthur Rimbaud : le mauvais destin de Verlaine lui fit choisir Rimbaud.
     

III

    Au mois d’octobre 1871, Paul Verlaine, revenant du Pas-de-Calais, où il avait passé les vacances chez des parents de sa mère, reçut une lettre à laquelle étaient joints plusieurs poèmes dont l’étrangeté le surprit. Il les fit lire à Léon Valade, Charles Cros, Philippe Burty, puis, d’accord avec eux et avec la famille de sa femme, il écrivit à l’auteur des poèmes et de la lettre, Arthur Rimbaud, qu’il pouvait venir.
     
    Verlaine voulut l’attendre à la gare du Nord, mais, ne l’y trouvant pas, il revint dans la maison de son beau-père, rue Nicolet, à Montmartre. À peine entré dans le salon, il aperçut Rimbaud, parlant avec M lle  Mautet et sa fille.
     
    Pendant le dîner, Verlaine fut saisi de la taciturnité, de la froideur de l’adolescent ; quelque chose de glacial était en celui-ci, et quinze jours se passèrent sans qu’il perdît rien de cet aspect morose. Des excentricités qu’il commit décidèrent la famille Mautet à l’éloigner ; on pria quelques amis de le loger à leur tour. Mais la séparation ne put qu’augmenter la violence de l’attraction qu’il exerçait sur Verlaine.
     
    Rimbaud, qui ne devait plus écrire après cette année, avait commencé par le vers libre, puis par une prose active et claire. Entre eux s’élevèrent d’ardentes discussions, durant qu’ils se promenaient ensemble dans les rues pittoresques de la butte Montmartre. Cette existence irrégulière accentua le désaccord entre Verlaine et sa femme. Dès 1872, Verlaine retourna en Angleterre, avec Rimbaud.
     
    C’est de Londres que le poète, (Metz étant devenue allemande), opta pour la nationalité française.
     
    Les deux amis y restèrent peu de temps, l’un, regagnant Charleville, sa ville natale ; l’autre, s’arrêtant à Paliseul, près de Bouillon, où vivait une sœur d’Auguste Verlaine.
     
    Dans ce coin de terre plein des souvenirs paternels, le fils revint à d’autres sentiments. Il se promit de cesser tout désordre, et vécut très calme, quelques mois. Mais sa nature spontanée, encline à la prédilection pour tout être que le Malin possède : « le mauvais œil qu’il ne faut pas calomnier », le fit de nouveau rechercher Rimbaud. Ensemble ils gagnèrent Bruxelles. Là, subitement, en juillet 1873, Rimbaud déclara s’en aller pour ne plus revenir.
     
    C’était faire éclater la foudre.
     
    Depuis deux ans, Verlaine, tout d’audace,

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