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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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et l’autre pêchait à la ligne. C’est ce dernier qui m’a indiqué le chemin de sa demeure et m’y a hébergé pour la nuit.
    — Certes, il est roi, sois-en certain, et je puis te dire qu’il a nom Pellès, tandis qu’on appelle sa forteresse Corbénic. Mais le roi Pellès a été blessé lors d’une bataille, et si grièvement qu’il en a presque perdu l’usage de ses jambes. Le coup douloureux porté par une lance l’a réduit à ce triste état. Il en souffre male mort de sorte qu’il ne peut monter à cheval. On est obligé de le transporter dans une litière. Et quand il veut se distraire, il se fait mettre en une barque et s’en va pêcher dans son étang ou dans la rivière qui s’y jette. Et voilà pourquoi on l’appelle le Roi Pêcheur. Mais, comme il est blessé, on l’appelle aussi parfois le Roi Méhaigné. Il ne peut supporter nul autre exercice. Il lui est impossible de chasser dans les champs ou le long des berges. Toutefois, il a ses fauconniers, ainsi que ses archers et ses veneurs, et ceux-ci vont en forêt tirer à l’arc. Et voilà pourquoi il se plaît tant ici. Dans tous ses domaines, il ne saurait trouver d’endroit qui lui convienne mieux. Aussi y a-t-il fait bâtir une demeure digne du puissant roi qu’il est.
    — Par ma foi, chère cousine, tu ne te trompes pas. Hier soir, j’en ai été tout émerveillé. Dès que je suis entré dans la forteresse, on m’a reçu avec grand honneur et, quoique ma réserve me retînt d’oser l’aborder, il m’a fait approcher et m’a prié de ne pas lui tenir rigueur s’il ne pouvait se lever pour me saluer. J’ai pris alors place à ses côtés, et l’on nous a servi le plus somptueux repas que j’aie jamais pris. – Je n’en doute pas, dit la femme. On t’a fait là un grand honneur, je t’assure. Mais dis-moi, Perceval, as-tu vu la lance dont la pointe saigne bien qu’elle n’ait ni chair ni veine ?
    — Certes, répondit le Gallois, je l’ai vue. – Et as-tu demandé pourquoi elle saignait de manière si mystérieuse ? – Non pas, je me suis bien gardé de poser semblable question ! – Perceval ! Perceval ! reprit la femme en se tordant les mains, Perceval ! Tu es vraiment maudit ! – Pourquoi maudit ? s’étonna le Gallois. – Tu as bien mal agi, sache-le, répliqua Onnen. Mais dis-moi encore : as-tu vu le Graal ? – Qu’est-ce que le Graal ? demanda Perceval. – Une coupe d’émeraude d’où jaillit une grande lumière. – Ah ! c’est donc ainsi qu’on l’appelle ! Eh bien, oui, je l’ai vu ! – Qui donc portait le Graal ? – Une jeune fille très belle, aux cheveux blonds, et vêtue d’une robe blanche. – D’où venait cette jeune fille ? – D’une chambre basse dont la porte ouvrait sur la grande salle – Et où s’en est-elle allée ? – Dans la même chambre, après avoir traversé toute la salle. – Est-ce que quelqu’un marchait devant le Graal ? – Assurément ! une autre jeune fille, vêtue de velours noir. – Et, dans ses mains, que portait cette jeune fille ? – Un tailloir d’argent. – Et devant elle, n’y avait-il personne d’autre ? – Si fait ! deux valets qui portaient chacun un chandelier d’or fin. – Et, vraiment, tu n’as demandé à aucun de ces gens pourquoi ils agissaient ainsi ? – Je m’en serais bien gardé ! Mon maître m’a recommandé de me montrer discret sur les affaires des autres. – Ah ! Perceval ! Quelle sottise t’a enseignée là ton maître, du moins pour cette occasion ! – Que veux-tu dire ? », s’enquit le Gallois qui commençait à trouver des plus étranges l’attitude de sa cousine.
    Elle arracha sa coiffe, et Perceval vit avec stupeur qu’elle n’avait plus un seul cheveu sur la tête. « Regarde ! dit-elle avec des sanglots dans la voix. Tu vas comprendre pourquoi on ne m’appelle plus que la Demoiselle Chauve. Sache, Perceval, que je possédais jadis une chevelure plus belle encore que celle de la jeune fille qui portait le Graal. Mais le malheur a voulu que je sois l’amie d’un chevalier qui, admis comme toi dans la forteresse du Roi Pêcheur, n’a posé aucune question au sujet du Graal et de la Lance qui saigne. Ce chevalier, voici son cadavre. Et moi, qui fus son amie et qui l’accompagnais, j’ai été cruellement châtiée. Je ne recouvrerai pas ma chevelure avant que ne soit venu le Bon Chevalier et qu’il n’ait enfin posé les questions qui guériront de sa blessure

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