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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Perceval n’insista pas. Il se sentait un peu las. Il but quelques coupes d’un breuvage exquis tout en bavardant aimablement avec les charmantes jeunes filles. Puis elles prirent congé et sortirent de la chambre en lui souhaitant un bon repos, mais en déplorant au fond d’elles-mêmes de devoir quitter si tôt ce jeune homme qui les faisait rêver. Alors, Perceval prit ses aises et, sans plus penser à rien, il s’endormit profondément.
    Ce n’est pas à l’aube que se réveilla le jeune Gallois, mais alors que le soleil brillait déjà haut dans le ciel. Quand il ouvrit les yeux et qu’il vit la lumière du jour, il commença par se demander où il se trouvait. Puis, la mémoire lui revenant, il appela à haute voix les valets. Mais personne ne répondit. Alors, se soulevant sur sa couche, il aperçut, sur le tapis qui couvrait le sol, ses armes et l’épée que l’envoyée de la Dame du Lac avait apportée et que le Pêcheur lui avait remise. Aussi lui parut-il qu’il devrait s’habiller et s’armer tout seul, sans l’aide de quiconque, et sitôt qu’il fut en tout point équipé, il sortit de la chambre et se retrouva dans la grande salle où le Pêcheur l’avait reçu avec tant de magnificence.
    Celle-ci était vide, et on l’eût crue inhabitée depuis des années. Une poussière épaisse jonchait les meubles et le plancher. Perceval se dirigea vers la porte d’où il avait vu surgir la jeune fille blonde qui portait la coupe d’émeraude et, l’ayant ouverte, découvrit une espèce de cave ténébreuse d’où émanait une horrible odeur de moisi. Il appela néanmoins, et bien que l’écho de sa voix se répercutât longuement de mur en mur, il n’obtint aucune réponse. Poussait-il une porte ? Elle ne révélait que de sombres réduits. Où était donc la brillante compagnie qu’il avait vue la veille au soir ? Où était donc le mystérieux Pêcheur qui lui avait procuré une hospitalité digne d’un prince ? Où étaient donc les gracieuses jeunes filles qui l’avaient entouré et pour lesquelles il s’était subitement senti tant d’attrait ? Il se demandait s’il n’avait pas rêvé, s’il ne s’était pas endormi dans une demeure déserte, comme en un refuge ultime à sa détresse avant la nuit profonde. Mais non, l’épée qu’il portait à son flanc lui confirmait la réalité de ce qu’il avait vécu. Il tira celle-ci de son fourreau, la brandit fièrement et sortit dans la cour, prêt à fondre sur quiconque se dresserait contre lui.
    Mais la cour était elle-même déserte et, au lieu du gazon superbe qui la parait la veille au soir, elle était encombrée d’herbes folles qui poussaient à travers des pavés disjoints. « Qu’est-ce donc que cette tromperie ! s’écria Perceval, dont l’angoisse ne cessait de croître sourdement. Apercevant près du montoir son cheval tout sellé qui piaffait d’impatience, il se mit en selle et eut beau inspecter successivement toutes les cours, il n’y découvrit personne, ni chevalier, ni écuyer, ni valet, ni servante. Il poussa vers la porte de la forteresse. Mais, là non, plus, il ne rencontra âme qui vive. Alors, voyant le pont-levis baissé, il se dit que les habitants de la forteresse s’en étaient tous allés dans la forêt relever leurs pièges. Aussi les y suivrait-il et, après les avoir rattrapés, les interrogerait-il à propos de la Lance qui saignait et de la coupe d’émeraude que portait la jeune fille aux cheveux d’or. Car cette fois-ci, il n’hésiterait pas à poser des questions ! Il abandonnerait toute réserve, toute prudence, dût-il s’attirer les pires ennuis ! À présent qu’il tenait une bonne épée, il se sentait capable de tenir tête seul contre mille adversaires acharnés à sa perte.
    Il s’engagea donc résolument sur le pont, mais avant qu’il ne l’eût entièrement franchi, il sentit fléchir les jarrets de son cheval, lequel se tira d’affaire par un bond prodigieux. Sans cela, lui-même et son cavalier se fussent retrouvés en fâcheuse posture. Aussitôt parvenu de l’autre côté, Perceval s’arrêta pour jeter un regard en arrière et constata que l’on avait relevé le pont. Dans sa stupeur et sa colère, il s’écria : « Dis-moi, toi qui as levé le pont ! Montre-toi ou dis quelque chose ! Où es-tu ? Je ne te vois pas ! Viens çà, que je te pose des questions ! » Mais aucune voix ne lui répondit, et il ne vit personne dans les parages.

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