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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’homme le plus digne et le plus noble. »
    « Toutes répondirent d’une seule voix : « Voilà un excellent jeu. Tu as bien parlé, Gwladys, et nous acceptons de grand cœur ta proposition. Et puisque c’est toi qui en as eu l’idée, tu joueras toi-même le rôle du prêtre et recevras nos confessions. Va donc t’asseoir près de cet arbre. – Dames, répondit Gwladys, je le ferai volontiers puisque vous me le demandez. » Et, aussitôt, d’aller prendre place auprès de l’arbre fleuri.
    « L’une de ses compagnes se leva alors, vêtue d’une somptueuse tunique sous un manteau gris. Elle alla trouver celle qui jouait le rôle du prêtre, s’agenouilla et se mit à rire. « Que cherches-tu ? demanda le faux prêtre. – Je viens me confesser, répondit la fausse pénitente. – Dans ce cas, dis-moi tes péchés sans en omettre aucun. Et prends garde de ne pas mentir ! » Sur ce, la fausse pénitente s’accusa de tout ce qu’elle avait commis de répréhensible. « Un instant, dit le faux prêtre, il me semble que tu commets le péché d’adultère. Il faut maintenant m’avouer le nom de ton complice. – Seigneur prêtre, fit la fausse pénitente avec une certaine fierté dans la voix, c’est dans ce royaume le chevalier qui jouit de la plus grande renommée. Tu sais bien de qui je veux parler : j’ai nommé le plus beau que tu connaisses, Énéour le vaillant. C’est à lui que je me suis donnée. » En entendant cette confession, la dame qui tenait le rôle du prêtre pâlit affreusement. Néanmoins, elle n’eut garde de montrer son trouble. « Femme, dit-elle, j’ai entendu ton aveu. Va maintenant, et fais venir la suivante. »
    « Aussitôt, une autre se présenta, se battant la poitrine de la main droite. « Douce amie, dit le faux prêtre, bats-toi plutôt la croupe puisque c’est elle qui te fait commettre les péchés dont est chargée ton âme. – Seigneur prêtre, ne sois pas si dur avec moi. Je viens pour me repentir. – En pénitence, je t’ordonne de dire qui est ton amant. – Je ne mentirai pas, seigneur prêtre. C’est l’homme le plus courtois de toute l’île de Bretagne, le plus beau et le plus galant. – Tu me parais bien orgueilleuse, petite effrontée ! Pour admettre qu’il est le plus beau et le plus galant, encore devrais-je d’abord savoir son nom. – Par Dieu tout-puissant ! tu as trop de mauvaise foi ! Il s’agit du noble Énéour. » Le cœur de celle qui tenait le rôle du prêtre fut atrocement bouleversé quand elle entendit prononcer une seconde fois le nom de celui qui était son amant et qu’elle imaginait tout à elle. Mais elle fit bonne contenance. « Femme, dit-elle, tu peux t’en aller, mais fais-moi venir la suivante. »
    « Se présenta alors une autre des dames, très belle et bien pourvue de charmes, le cœur fort joyeux. Le faux prêtre la fit s’agenouiller et lui ordonna de livrer le nom de son amant, insistant même pour qu’elle se gardât de mentir. « Seigneur prêtre, dit la fausse pénitente, je m’accuse d’un bien grand péché, mais je ne sais si j’en éprouve des remords. Oui, j’ai un amant, le plus noble et le plus vaillant que l’on connaisse en ce pays, ainsi que le plus habile aux jeux de l’amour. Si tu connaissais le nom de celui à qui je me suis donnée tout entière, tu serais bien étonnée. Il mériterait en effet d’être roi ou comte. Je ne te cacherai rien : c’est Énéour, la fleur de la noblesse. »
    « Quand celle qui tenait le rôle du prêtre eut entendu ces paroles, elle en frémit dans tout son corps et elle se signa. « Retourne donc t’asseoir, dit-elle. Tu avais raison : ton amant est beau et mériterait un plus haut rang que celui qu’il occupe. » Arriva alors, pleine de grâce, une autre dame, élégamment vêtue d’une belle étoffe venue d’Orient. À son doigt, elle portait un petit anneau sur lequel, en entendant chanter un oiseau parmi les fleurs de l’arbre, elle déposa un baiser. « Mets-toi à genoux, dit le faux prêtre. M’est avis que tu ne hais point l’homme qui t’a donné ce petit anneau ! – Certes non. Je l’aime plus que tout au monde. Il mériterait d’être comte, en tout cas il est digne de l’être. – Dis-moi son nom alors, puisqu’il est si noble ! – Je ne mentirai pas : c’est Énéour, la fleur de la chevalerie ! »
    « Vint le tour d’une autre des dames, une jolie brune au sourire avenant. Quand elle

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