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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dans ce bois. Il est blessé, malade, et refuse de se présenter devant toi. – Qu’on mande des médecins, et qu’ils le soignent », dit le roi. Yvain alla donc quérir des médecins qu’il conduisit auprès d’Érec. Ceux-ci firent transporter le blessé, et on l’étendit dans le pavillon d’Yvain. Au bout de trois jours, Érec, qui allait beaucoup mieux et pouvait marcher, se rendit dans la tente d’Arthur et lui dit : « Seigneur roi, avec ta permission, je vais reprendre mon voyage. – N’en fais rien, répondit Arthur. Reste avec nous : nous allons à la recherche de Perceval et nous aurons besoin de toi. – Non, dit Érec, je n’irai pas à la recherche de Perceval. J’ai un voyage à faire et je veux aller jusqu’au bout. » Voyant bien que rien n’en ferait démordre Érec, Arthur lui fit porter des armes neuves, ainsi qu’une belle robe pour Énide. Et tous deux, ayant pris congé d’Arthur et de ses compagnons qui repartaient eux-mêmes en quête de Perceval, reprirent la route qu’Érec avait décidé de suivre.
    Érec ordonna à la jeune femme de prendre les devants et de maintenir l’intervalle ainsi qu’elle avait fait précédemment. Elle se mit donc en marche et suivit la grande route. Comme ils allaient ainsi, ils entendirent retentir non loin des cris d’une grande violence. « Arrête-toi, dit Érec à Énide, et attends-moi. Je vais voir de quoi il retourne. » Il s’enfonça dans le bois et atteignit une clairière dans laquelle piaffaient deux chevaux. À terre, gisait, mort, un chevalier revêtu de son armure, sur lequel une jeune femme se penchait en pleurant et en se lamentant. « Femme, demanda Érec, qu’est-il donc arrivé ? » La jeune femme se redressa et lui répondit au milieu de ses pleurs : « Seigneur, nous voyagions dans ces parages, l’homme que j’aimais le plus et moi, lorsque trois géants se sont précipités sur nous, férocement et, au mépris de toute justice, ont tué mon ami, hélas ! – Par où sont-ils partis ? demanda Érec. – Par la grande route », répondit-elle. Érec retourna vers Énide. « Va rejoindre la femme qui pleure, là-bas, lui dit-il, et attends-moi là, si toutefois je reviens. » Bien que pareil ordre la peinât fort, elle se rendit auprès de la jeune femme et tenta de la consoler. Et pourtant, elle était elle-même des plus chagrine, car elle était persuadée qu’Érec ne reviendrait jamais.
    Or lui, qui s’était mis à galoper sur la grande route, eut tôt fait de rattraper les trois géants. Chacun d’eux, plus grand que trois hommes, portait sur l’épaule une énorme massue. Sans plus attendre, Érec se précipita sur l’un d’eux et le transperça de sa lance, la retira du cadavre et en frappa le deuxième de même. Mais le troisième avait eu le temps de comprendre la situation. Il se retourna contre Érec et lui assena un tel coup de massue qu’il lui fendit son bouclier, lui rouvrit toutes ses blessures qui se reprirent à saigner d’abondance. Malgré cela, Érec tira son épée, fondit sur le géant et le frappa si violemment sur la tête qu’il la lui fendit jusqu’au cou. Après quoi, se remettant péniblement en selle, il rebroussa chemin jusqu’à l’endroit où l’attendait Énide. Seulement, au moment même où il arrivait près d’elle, il bascula de sa monture et tomba inanimé sur le sol.
    Énide se précipita pour le secourir en poussant des cris de douleur et de chagrin qui résonnèrent dans le bois, attirant l’attention du comte Limouris qui, avec ses gens, chassait par là. Tous accoururent et trouvèrent la jeune femme qui sanglotait sur le corps d’Érec. « Dame, dit le comte, que t’est-il donc arrivé ? » Énide répondit : « Hélas ! il a été tué, l’homme que j’aimais et que j’aimerai toujours ! – Et toi ? demanda le comte à l’autre femme. – Moi aussi, j’ai perdu l’homme que j’aimais le plus ! – Qui donc les a tués ? » La femme répondit : « Trois géants. Comme ils avaient tué mon ami, l’autre chevalier s’est lancé à leur poursuite pour le venger, et il est revenu ici dans l’état où tu le vois, perdant tout son sang. Mais je ne crois pas qu’il ait quitté nos agresseurs sans en avoir tué un, voire peut-être tous. »
    Le comte Limouris fit ensevelir le premier chevalier. Pour ce qui était d’Érec, il lui supposait encore un restant de vie et, dans l’espoir qu’il réchapperait, il le fit

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