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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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il avait fait vœu de ne jamais parler pendant la nuit. Perceval descendit de sa monture, aida sa sœur à mettre pied à terre, abattit les freins des chevaux et leur laissa paître l’herbe fraîche de l’enclos, tandis que l’ermite leur apportait de l’avoine et de l’orge puis, toujours par signes, demandait à ses hôtes s’ils désiraient se restaurer. Perceval et Lawri déclinèrent poliment son invitation, et il les laissa pour retourner prier dans la chapelle.
    Perceval s’allongea sur la paille près de sa sœur et tous deux, brisés de fatigue, s’endormirent aussitôt. Quand vint le jour, le Gallois se leva pour prendre l’air frais du matin. L’ermite sortait de l’oratoire où, sans doute, il avait passé la nuit en prières. Comme Perceval le saluait avec déférence, Lawri sortit à son tour. À la lumière du jour, l’ermite la reconnut enfin. « Chère nièce, dit-il, qu’est-il donc arrivé pour que tu viennes me trouver ainsi pendant la nuit, alors que, tu le sais, je ne puis prononcer un seul mot entre le coucher et le lever du soleil ? – Mon oncle, répondit la jeune fille, je voulais t’apprendre une grande nouvelle : je sais que Dieu me protège, puisqu’il vient de me rendre mon frère que je croyais avoir perdu. Vois-le ici : c’est Perceval, pour qui ma mère souffrit mille morts, ainsi que tu le sais. » Avec un soupir, l’ermite fit asseoir Perceval près de lui. « Beau neveu, dit-il, tu étais encore un enfançon quand je te vis pour la dernière fois. Aussi, pardonne-moi de ne t’avoir pas reconnu cette nuit. Ta mère était ma sœur, et c’est en ce lieu que je l’ai enterrée, bien résolu à passer le restant de mes jours ici pour garder son tombeau et prier sans cesse, afin que Dieu me pardonne les innombrables fautes que j’ai commises. » Il se leva alors et, menant les jeunes gens derrière la chapelle, montra à Perceval une dalle de marbre au milieu d’un massif de fleurs qui embaumaient l’air de leur doux parfum. Perceval se mit à pleurer au souvenir de sa mère, tandis que son oncle, ému de compassion, lui entourait l’épaule de son bras. « Pleure, mon enfant, lui dit-il, pleure autant que tu le désires, car les larmes sont aussi des prières. »
    Quand approcha le milieu du jour, Perceval se releva. L’ermite lui dit : « Allons chercher quelque nourriture, car le peu que j’ai en réserve ne suffirait pas pour nous trois. Jamais fumée ne sort de ma cuisine, et il vous faudra tous deux vous contenter de maigre chère aujourd’hui. Allons cueillir de jeunes pousses d’if. Je ne doute point que ton cheval n’ait souvent mangé ailleurs mieux que toi ici ! Et pourtant, sache-le, tu n’as jamais eu d’hôte plus désireux de te bien traiter. »
    Ils s’en allèrent donc, cherchant ce dont ils avaient besoin, Perceval ici ramassant du fourrage, l’ermite déterrant là des racines tendres. Ils s’en furent ensuite jusqu’à la source et prirent soin d’y laver les feuilles et les racines qu’ils avaient cueillies. Perceval rapporta aux chevaux une botte de feuillage d’if. Enfin, ils regagnèrent l’ermitage et s’assirent devant l’oratoire. « Et maintenant, dit l’ermite, raconte-moi, je te prie, quelle a été ta vie, ce que tu as fait, sans rien me cacher ni mentir.
    — C’est seulement aujourd’hui, répondit Perceval, que je comprends avec angoisse combien longtemps j’ai erré sans guide, privé du secours de toute joie. Je me sens accablé, car je n’ai rien fait d’autre que rechercher les combats. Et je suis même irrité en mon cœur contre Dieu car, non content de susciter chacun des soucis qui m’assaillent, il les a fait croître avec acharnement. Tout bonheur a été pour moi enseveli dans une tombe. Si ce Dieu dont me parlait ma mère, ce Dieu qu’elle me décrivait comme l’être le plus beau et le plus lumineux qui fût au monde, m’avait accordé son secours, ma joie n’eût point connu de bornes. Or mon âme sombre aujourd’hui dans une douleur sans fond. – Enfant, l’interrompit l’ermite, as-tu jamais demandé son aide à Dieu ? – Non, confessa Perceval, je me fiais trop à ma force, à mon audace et à mon courage. Alors, dit l’ermite, ne t’étonne pas de te sentir si seul et abandonné. »
    Perceval demeura silencieux. L’ermite soupira et reprit : « Enfant, je sais que tu vaux mieux que tu ne le prétends. Mais tu dois faire confiance à Dieu et te garder de

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