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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bord, puis cria à l’adresse de Perceval : « Seigneur, viens avec moi ! »
    Il poussa donc son cheval en avant, mais l’animal, dès qu’il eut posé le pied sur le bateau, frémit, trembla et, brusquement, fit un bond en arrière. « Seigneur ! cria la jeune fille, je ne puis te conduire si tu ne montes ! » Le Gallois hésitait, car la réaction de son cheval ne lui présageait rien de bon, quand il aperçut un bac traversant la rivière et dont le nautonier l’interpella : « Seigneur chevalier ! ne monte pas sur ce chaland ! cette femme veut te noyer ! » À ce discours, la jeune fille poussa un cri de colère, sauta sur la rive et disparut à travers les fourrés. Sur ces entrefaites, le nautonier accosta et invita Perceval à son bord. Puis il lui conta comment la femme, une mauvaise fée sans doute, trompait les voyageurs en les conviant sur son chaland et les noyait tous, sitôt atteint le milieu de la rivière. Tout en devisant, il emmena sans encombre Perceval jusqu’à l’autre rive et prit congé en lui conseillant d’emprunter le chemin qu’il verrait à gauche en se dirigeant vers l’amont.
    Perceval alla donc dans cette direction. Après avoir traversé un bosquet, il rencontra une troupe de gens qui partaient pour la chasse et parmi lesquels se trouvait un homme d’un certain âge et d’aspect fort noble. Perceval le salua, et l’homme lui dit : « Seigneur, à toi de choisir. Accompagne-moi à la chasse, ou bien rends-toi à ma cour. Si tu décides d’aller à ma cour, j’enverrai l’un de mes gens te recommander à ma fille, afin qu’elle te donne à manger et à boire en attendant que je revienne de la chasse. Et si ce que tu cherches est de telle nature que je puisse te le procurer, je t’en ferai don volontiers. »
    Perceval décida d’aller à la cour. L’homme le fit accompagner par un valet de petite taille qui avait les cheveux très blonds. Lorsqu’ils arrivèrent au manoir, la jeune fille venait de se lever et allait à la fontaine pour se laver. Perceval s’avança vers elle et la salua. Elle lui répondit aimablement et l’invita à entrer dans la salle et à s’asseoir près d’elle. Ils prirent ensemble un repas qui était excellent et, à tout ce que lui disait Perceval, elle riait assez haut pour être entendue de tous les gens qui se trouvaient là. « Par ma foi, dit alors le petit homme aux cheveux blonds, si tu n’as jamais eu de mari, c’est bien ce jeune homme qui doit le devenir. Car j’ai comme l’impression que ton esprit s’est fixé sur lui. » La jeune fille rougit et ne répondit rien. Mais, quand le maître du manoir fut rentré, le petit homme aux cheveux blonds s’en fut lui parler : « Seigneur, lui dit-il, le chevalier que nous avons rencontré près de la rivière est sûrement le mari de ta fille. S’il ne l’est déjà, il le deviendra sans tarder, à moins que tu n’y prennes garde.
    — Que dois-je faire, à ton avis ? lui demanda le seigneur. – Je te conseille de lancer sur lui des hommes vaillants et de le retenir prisonnier jusqu’à ce que tu n’aies plus d’inquiétudes à ce sujet. – Je suivrai ton avis », dit le seigneur. Et ses hommes se jetèrent sur Perceval qui ne s’y attendait pas, tant et si bien qu’ils le saisirent et l’enfermèrent dans une chambre voûtée. Perceval avait beau écumer de colère, il lui était impossible de sortir de cette prison. Quant à la jeune fille, elle alla trouver son père et lui demanda pourquoi il traitait ainsi un chevalier du roi Arthur. « En vérité, répondit-il, il ne sera libre ni ce soir ni demain. Jamais il ne sortira du lieu où je l’ai fait mettre. »
    Sans protester contre pareille dureté, elle se rendit en cachette auprès du Gallois et lui parla à travers la porte : « Seigneur, dit-elle, te déplaît-il d’être en cet endroit ? – Certes, répondit Perceval, je préférerais n’y pas être ! – Écoute, reprit-elle, mon père fait ce qu’il veut, mais moi, je n’en fais qu’à ma tête, et ses serviteurs me sont tout acquis. Je vais faire en sorte que ton séjour ici ne soit pas désagréable et, si tu le veux, je pourrai même faire établir mon lit à côté du tien. – Je le veux bien », répondit Perceval. Et, cette nuit-là, la jeune fille tint parole : elle vint coucher dans la même chambre que lui, et il trouva fort plaisante sa compagnie. À vrai dire, les résolutions qu’il avait prises lors de

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